C’est en 2004 que les militants anti-foie gras avaient remporté leur combat. C’est en effet à cette date qu’une loi interdisant le gavage et la vente d’un produit issu d’un animal gavé avait été adoptée en Californie. Depuis, les ONG rongeaient leur frein. Il fallait - avait dit l’Etat - attendre que le seul producteur local et les restaurateurs soient fin prêts pour le changement. Sonoma Foie Gras, le producteur en question, a finalement mis la clé sous la porte.
Qu’importe. Le combat est gagné oui, mais l’est-il pour toujours ? En 2006, le foie gras avait été interdit à Chicago, avant d’être réautorisé deux ans plus tard, rappelle Neo-Planète. Les ONG se doivent de rester vigilantes.
1,8 kg de graines trois fois par jour
Mais pourquoi donc en veulent-elles au foie gras ? Au centre de leur viseur : l’étape de production. Les animaux sont gavés jusqu’à la lie – 1,8 kg de graines sont ainsi introduites deux à trois fois par jour dans le gosier de l’animal selon l’association Peta. Malades, incapables de se mouvoir, ils meurent même souvent avant la fin du « traitement ». L’argument des organisations de défense des animaux avait déjà porté aux Etats-Unis : plusieurs grandes chaînes de magasins (notamment Whole Foods) ou des chefs américains de renom avaient banni le mets de leurs rayons et de leur carte.Mais en Californie, l’approche du 1er juillet est surtout synonyme de bombance. Dans les restaurants d’Hollywood et de Beverly Hills, les plats à base de foie gras s’étalent sous les formes les plus improbables : en glaces, embroché sur un baton ou en barbapapa. A Santa Monica on propose même un menu de sept plats 100% foie gras à 185 dollars (145 euros) rapporte le Los Angeles Times. En clair, les ventes de foie gras ont littéralement explosé ces derniers mois. Elles sont « cinq fois plus importantes que d’habitude en juin », a déclaré Laurel Pine, à la tête de Mirepoix USA au San Francisco Chronicle.
La résistance s’organise
Les producteurs eux-mêmes n’ont pas jeté l’éponge. « La bataille n’est pas finie ! », s’est exclamé Rick Bishop, directeur des ventes et du marketing à Hudson Valley Foie Gras, sur la Côte Est, dans les colonnes de France-Amérique. L’homme espère encore faire révoquer la loi ou obtenir une exemption, qui s’appliquerait aux éleveurs garantissant la qualité de vie de leurs animaux. « Et au pire, on peut toujours avoir recours à la désobéissance civile. Quand l’interdiction était en vigueur à Chicago, on aurait dit un retour à la prohibition des années 1930. A la manière des speak-easies, il y avait des dîners confidentiels, tard le soir, dont le lieu était annoncé à la dernière minute, et qui servaient du foie gras », confiait-il encore à « France Amérique ». Les contrevenants risqueront pourtant une amende de 1 000 dollars (790 euros). Mais ne seront pas inquiétés s’ils achètent leur foie gras dans un autre Etat pour le consommer en Californie. Idem pour les chefs qui se fourniraient ailleurs, notamment dans le Nevada tout proche où des producteurs projettent de se délocaliser.Hors des frontières de l’Amérique, d’autres s’inquiètent. Pas vraiment pour leurs finances. De toutes façons, il n’y a plus d’établissement agréé pour l’exportation depuis deux ans, la faute à des contraintes sanitaires draconiennes, explique « France Amérique ». Mais c’est surtout la mauvaise réputation grandissante du foie gras qui fait frémir les producteurs. Déjà 16 pays (dont 12 européens) ont banni le gavage.
Du coup, face à la nouvelle décision californienne, les N°1 du foie gras ont décidé de s’en mêler. C’est le cas notamment de Martin Malvy, le président de la région Midi-Pyrénées, souligne le site de L’Expansion. « Je les invite pour leur redonner goût au foie gras ou le leur faire découvrir, pour qu’ils voient ce que c’est le gavage », a déclaré Martin Malvy. Il a également précisé avoir lancé la même invitation au gouverneur de Californie.
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