Eté 2011. Au cœur d’Athènes, sur les pavés de la place Syntagma, devant le Parlement, des citoyens viennent protester contre les mesures d’austérité décidées par le gouvernement grec. La nouvelle agora exige de ses édiles davantage de transparence et de « démocratie directe ». Dans les travées de cette place aux mille et une initiatives, l’organisation populaire se met en place. Des groupes de travail sont chargés de gérer la logistique, d’élaborer et de distribuer la nourriture. La sécurité et la propreté des lieux est confiée à des volontaires tandis que des soins médicaux et un support psychologique sont assurés sept jours sur sept.
Quelques mois plus tard, on tente d’y inventer un « nouveau monde ». On y collecte des vêtements ou des livres que l’on redistribue ensuite aux « nouveaux pauvres », victimes de la violence de la crise. Des cours gratuits de langues, de sports ou d’informatique sont dispensés. On décline des « banques de temps », fondées sur l’idée d’échange de services. En quelques semaines, les groupes contestataires sont passés de la phase de révolte à des démarches concrètes d’action sociale. « Nous avons redécouvert les personnes autour de nous, et le fait que nous ne sommes pas seuls », explique Costas le cuisinier. Mais les autres pourraient en dire autant : Margarita la percussionniste, Argyris le secouriste volontaire… Derrière ces prénoms rendus vivants sous l’œil et l’appareil de la photoreporter Stefania Mizara, la crise économique et financière a désormais un visage. —
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