innovation politique |
Par Rodrigue Coutouly |
8-02-2012
|
Un plan d’action écologique pour les cités sensibles |
Les rénovations des années 80 et 90 ont entraîné un coup de jeune sur les cités. Elles ont été repeintes, on a dynamité quelques immeubles mais la situation économique est toujours la même : pas d’emplois sur place.
Nous proposons une stratégie de reconquête économique qui installe des emplois pérennes au coeur de ces quartiers. Cette stratégie comporte quatre volets, interagissant les uns sur les autres. Elle est volontaire, ambitieuse et audacieuse. Certain la trouveront probablement irréaliste. Mais l’excès de réalisme ne mène pas forcément au bonheur de la réussite !
Pour le faire évoluer, nous proposons deux actions complémentaires :
installer sur les façades sud, ou à défaut est ou ouest, selon les immeubles, des grandes vérandas, des grands balcons ayant au moins 2,5 mètres de profondeur. Construite de préférence avec des matériaux légers, il s’agira en réalité d’une nouvelle pièce. On obtiendra donc une augmentation de la surface de logements qui sont souvent trop exigus, avec une pièce supplémentaire "ouverte" sur l’extérieur. En appliquant les régles du bioclimatisme, ces pièces pourront aussi jouer un rôle dans le chauffage des appartements.
installer, au contraire, sur les façades nord, une protection thermique extérieure supplémentaire. Cette seconde "peau" ne souffrira pas de ponts thermiques.
Le résultat économique pour les habitants sera une diminution de leur factures de chauffage.
Les immeubles dans les cités ont d’immenses façades et dominent le paysage. On peut donc envisager d’installer des capteurs photovoltaïque sur les façades correctement exposées ou sur certains toits. On peut mettre sur les toits, et le long des façades les plus exposées au vent, des mini-éoliennes.
Ces équipements seront acquis par les bailleurs avec des prêts à long terme. Car les recettes de la vente de l’électricité seront partagées : une partie remboursera le prêt, l’autre partie sera donné aux habitants. Ce complément de revenus, certes symbolique, donnera du sens à ces équipements pour les habitants.
quand cela est techniquement possible, on peut réhausser l’immeuble et lui rajouter deux ou trois étages en matériaux légers. La vente de ces appartements nouveaux va créer de la mixité sociale et permettre de financer l’installation de la nouvelle "peau" autour de l’immeuble.
le financement de la rénovation thermique des bâtiments par une fiscalité environnementale originale : les contributions incitatives. Il s’agit de rajouter une petite contribution payée par les propriétaires. Le produit de cette taxe leur sera redonner exclusivement quand ils feront des travaux d’isolation ou de production d’énergie.
elles fournissent du travail aux habitants (maraîcher, éleveur, vendeur, ...)
elles permettent le recyclage des déchets organiques des habitants (les représentations courantes font de ceux-ci des personnes peu préoccupées par l’écologie. Ils ont, il est vrai, d’autres priorités économiques. Mais leur conscience du problème n’est pas moins importante que chez d’autres publics).
elles permettront aux habitants de reprendre en main leurs destinés et de sortir du fatalisme où ils se trouvent englués.
Pour l’opinion publique, l’image de ces quartiers est foncièrement négative. Et aucune piste ne se dessine pour en sortir, sauf à croire en un hypothétique retour de la croissance. Un urbanisme volontariste, comme celui que je propose, permettra de sortir, par le haut, de cette impasse.
De plus, cela permet de recycler des lieux et des espaces, bloqués depuis des décennies, dans une dynamique plus écologique, offrant de réelles perspectives économiques.
Pour trouver les nombreux liens de cet article : cliquez ici
(*) Il y travaille depuis 20 ans, en contact direct avec les populations.
source de l’image : karsavox.com
Principal de collège, agrégé d’histoire-géographie, j’ai été, dans une autre vie, technicien forestier à l’Office national des forêts et j’ai travaillé en Afrique sahélienne. |