Les G20 se succèdent désormais avec des résultats mitigés, jamais à la hauteur des défis que reconnaissent par ailleurs leurs participants. En pleine crise des subprimes, il avait été question de lutter contre les paradis fiscaux. Il est certes plus difficile maintenant pour les ressortissants de certains pays d’échapper à l’impôt, mais en revanche, la pratique consistant pour de grandes entreprises à installer des sièges fictifs dans lesdits paradis n’a nullement été affectée.
Le sommet de la semaine dernière présente un bilan provisoire, puisque nous ne disposons pas du recul du temps, tout aussi mitigé. Le principe d’une taxe sur les transactions financières n’a pas été adopté, même si les Etats-Unis ont fini par nuancer leur « non » traditionnel et catégorique sur le sujet. Il y a là une forme d’avancée morale dont on peut se réjouir, faute de mieux. En revanche, l’impossibilité à s’entendre, après trente ans de dérégulation, d’explosion des techniques financières diverses, d’accroissement des inégalités tous azimuts, sur un instrument somme toute modeste, ne remettant pas en cause la puissance acquise par un si petit nombre d’habitants de la planète, est foncièrement décourageant.
Donner un prix plancher international au carbone
On ne peut dès lors s’interdire de faire un parallèle entre le G20 et la négociation climatique internationale, et plus précisément entre la taxe sur les transactions financières et une taxe carbone internationale. Donner un prix plancher international au carbone serait le meilleur et plus sûr moyen de faire avancer partout dans le monde, sans distorsions de concurrence, la décarbonisation progressive de l’énergie.
Enfin, on peut encore dresser un autre parallèle entre le G20 et la gravité de la situation écologique. Constatons en premier lieu le caractère superficiel de l’analogie entre les dettes pécuniaires et écologiques. Les premières peuvent se rembourser, fût-ce par des tiers, les secondes non. Nous n’avons aucun moyen de rembourser les traites arrachées à la biosphère. Nous n’avons aucun moyen de reconstituer la part consumée de la dot fossile de l’humanité et nous devrons nous contenter à l’avenir du stock de minéraux recyclable et ne pourrons prélever de ressources minérales supplémentaires qu’à un coût énergétique quasi-prohibitif.
L’endettement, une chose connue mais qui ne change pas
Nous ne remettrons pas dans les mers les poissons qui y ont été pêchés et nous devrons nous contenter de mers acidifiées et quasi-désertes pour une durée indéfinie. Et il en va de même pour les autres aspects des dérégulations de la biosphère comme le changement climatique, l’affaiblissement génétique des populations, la perte d’ozone stratosphérique, les dégradations et pollutions des milieux, etc. Nous serons dans la situation de quelqu’un que l’on aurait contraint à vendre à perte sa maison et qui serait, de ce fait, obligé de payer ses traites sans pouvoir en contrepartie jouir de son habitat.
Un ultime parallèle encore, allant cette fois dans le sens de la légitimité de la comparaison. L’endettement de certains des pays de la zone euro est chose connue et débattue depuis longtemps, sans que rien n’ait changé. Et le problème se révèle, et surtout s’impose brutalement, du jour au lendemain pour ainsi dire. Tel sera probablement aussi le cas de la dette écologique.
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