L’ONG Transparency international a brandi son nouvel index sur la « corruption des pays exportateurs ». Celui-ci classe sur l’échelle de la corruption les 28 plus grandes puissances économiques du monde. Une corruption subjective. Car pour élaborer son classement, l’ONG a sondé 3 016 dirigeants d’entreprises sur la probabilité que telle ou telle société commerçant à l’extérieur de ses frontières verse des pots de vins. Après dépouillement, chaque pays s’est vu attribuer une note de 1 à 10. Si son score s’approche de 10, il est auréolé d’innocence : les compagnies qu’il abrite sont peu susceptibles, selon l’avis des dirigeants, de verser des pots de vin pour décrocher des marchés. S’il flirte avec le zéro, il prend les cornes du diable, et ses compagnies sont considérées comme des adeptes de la corruption.
Résultat des courses : ce sont les entreprises russes et chinoises qui seraient les plus susceptibles de graisser la patte aux autorités locales pour grignoter leur part du marché. De quoi expliquer peut-être en partie leur place grandissante sur l’échiquier international. En 2010, elles ont investi 120 milliards de dollars (87 milliards d’euros) à l’étranger. En revanche, la Suisse et les Pays-Bas sont les moins susceptibles de pratiquer la corruption.
Si l’on envisage la chose par secteur, c’est la filière de la construction et des contrats publics qui risque le plus de jouer la carte des pots de vin, tandis qu’au rayon des plus vertueux, on compte l’agriculture, l’industrie légère ou l’aérospatiale civile.
Or, ces pots de vin ont pour effet de « perturber l’attribution juste de contrats », de « réduire la qualité des services publics de base » et de « saper la confiance (du public, ndlr) dans les institutions publiques », souligne Transparency International. Comment l’éviter ? En posant des garde-fous pardi. Il y a un an, le G20 lançait un plan anti-corruption, rappelle l’ONG. D’ailleurs, le rapport d’étape chargé de faire le bilan des différentes actions devait être approuvé ces jours-ci à Cannes. Il reconnaît les efforts menés notamment par la Chine, la Russie, l’Indonésie et l’Inde pour criminaliser la pratique.
« La nouvelle législation dans les pays du G20 est l’opportunité de garantir une économie mondiale plus juste et plus ouverte, qui crée les conditions d’une reprise durable et de la stabilité de la croissance future. Les gouvernements peuvent renforcer les progrès réalisés en allouant des ressources aux enquêtes et poursuites judiciaires de la corruption transnationale, pour qu’il existe un réel effet dissuasif contre les comportements illégaux ou contraires à l’éthique », a déclaré Huguette Labelle, présidente de Transparency International dans un communiqué.
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