Première question : comment faire de l’argent alors que son entreprise vient tout juste de naître ? Réponse : en s’appuyant sur le marché d’une société déjà existante. Deuxième question : comment concilier affaires et éthique ? Réponse : en reversant 50 % de ses recettes, pas moins, à des organisations non gouvernementales. Arthur Saint-Père et Guillaume Heintz, les deux jeunes fondateurs de Veosearch, ont réussi cette alchimie. Et le principe, astucieux, est simple comme bonjour. Tout se passe sur la Toile. Rendez-vous sur le site de Veosearch. Une demi-douzaine de clics et quelques secondes pour s’inventer un pseudo, inscrire son courriel et y attacher un mot de passe. Le tour est joué. Il s’agit désormais de choisir parmi une dizaine de programmes de coopération et de développement sur la planète. Une courte vidéo présente chacun d’entre eux. Bolivie, Madagascar, Tadjikistan, Congo : à chacun sa sensibilité et son type de projet.
Retour à la page d’accueil, là où tout se passe. Au centre de l’écran, une fenêtre apparaît. Inscrivez votre recherche : « pays producteur de bananes » par exemple. Le résultat s’affiche via le moteur de recherches par défaut que vous avez sélectionné dans votre navigateur. Rien d’exceptionnel pour l’internaute familier des moteurs de recherche. A une nuance près. « Surfer sur le Net génère des revenus publicitaires : plus de 4 milliards d’euros en 2006 rien qu’aux Etats-Unis, explique Arthur Saint-Père. Et votre recherche, en passant par le site de Veosearch, a donc elle aussi généré quelques centimes de recettes. » L’astuce du projet consiste à prélever 50 % de ces recettes et à les reverser à l’ONG que vous avez vous même identifiée et choisie.
Un geste anodin et des projets concrets Isabelle Philippe, directrice de la communication d’Agronomes et vétérinaires sans frontières (9,3 millions d’euros de budget en 2006), partenaire du projet, juge l’initiative « pertinente et bénéfique pour toutes les parties » : « Cela permet à l’internaute, par un geste anodin, de soutenir des programmes concrets de coopération. Cela ouvre, à nous et à d’autres ONG, de nouvelles perspectives de collecte de fonds sur Internet. Et cela fait vivre une entreprise. » Arthur Saint-Père, qui a baigné dans le militantisme associatif, s’amuse du paradoxe. « Je ne sais pas si on peut parler d’entreprise pour une structure qui reverse la moitié de ce qu’elle gagne. »
En attendant, la société par actions simplifiées (SAS) qui boucle une levée de fonds de 300 000 euros, poursuit sa marche en avant. Le nouveau portail s’autodéfinit comme un « multimoteur de recherche solidaire » et est en ligne depuis quelques jours. L’accent est désormais porté sur l’éducation au développement durable. Guillaume Heintz, l’autre cofondateur, insiste : « L’objectif est d’accueillir entre 50 000 et 100 000 personnes sur le site chaque jour. Avec cette audience, il est de notre devoir de sensibiliser chaque visiteur aux problématiques du développement durable. » Entreprise citoyenne et dans l’air du temps. —
Affichage : Voir tout | Réduire les discussions