Un autre tempo est possible. La preuve, une petite dizaine de labels français défendent la « musique équitable ». Avec les internautes aux platines et les artistes au centre de la scène. « Nous voulons retrouver des rapports plus équilibrés entre musiciens, producteurs, éditeurs et distributeurs. Notre credo : défendre les valeurs artistiques face au marketing de masse », détaille Jean-François Caly, l’un des fondateurs de Reshape-music, label positionné sur ce créneau dès 2003.
« La musique étant désormais plus consommée qu’écoutée, il n’y a rien d’étonnant à ce que les gens ne respectent plus les artistes, qui sont devenus à leurs yeux des biens de consommation aseptisés... », ajoute le responsable de Dadaprod, un micro-label de ce réseau. 50 % du prix de vente dans la poche de l’artiste Face à la puissance des majors en France – quatre entreprises réalisent 80 % des ventes de disques avec seulement 20 % des références proposées –, la filière de la « musique équitable » a sorti une arme qu’elle espère fatale : Internet. Ses sites, calés sur la vague Web 2.0, sont à la fois des lieux de découverte musicale grâce aux webradios, des boutiques en ligne de titres sans DRM et des havres pour les blogs d’artistes. Pendant ce temps, l’industrie musicale continue de débattre sur le téléchargement illégal ou les DRM, ces protections technologiques qui empêchent la copie d’une chanson.
En révélant le Français Kamini ou l’Américaine Lily Allen, le site communautaire MySpace a démontré que les canaux médiatiques traditionnels n’étaient plus indispensables pour se faire remarquer. « Oui, mais avec MySpace, seule la communication est directe. Quand on veut vendre, il faut un producteur, un distributeur et on retombe dans la même chaîne d’exploitation », souligne Jean-François Caly de Reshape-music. Les labels « équitables » mettent donc en avant la « juste » rétribution de leurs artistes, qui reçoivent 50 % du prix de vente de leur titre. A titre de comparaison, ils ne perçoivent que 3 % dans une maison de disques « classique » qui, elle, récupère 62 % du gâteau. Autre particularité : ce tarif n’est pas fixé unilatéralement par le label, mais par les internautes ou par les artistes eux-mêmes.
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