(A lire aussi l’interview de Bruno Rebelle)
Quelle sera (ou seront) la (ou les) mesure(s) environnementale(s) que votre candidat s’engage à mettre en place dans les 100 premiers jours de son mandat ?
Nathalie Kosciusko-Morizet - Cent jours, c’est un peu réducteur comme perspective. Nicolas Sarkozy s’y était déjà engagé, notamment lors de ses rencontres avec différentes ONG : le deuxième jour de son mandat sera consacré à la préparation d’un Grenelle de l’environnement, qui aura lieu en septembre, avec les ONG, les industriels, mais aussi les partenaires sociaux, car on ne peut opposer l’écologie au social. Dès l’automne, des mesures de fiscalité environnementale, notamment en basculant progressivement la fiscalité qui pèse sur le travail vers la fiscalité sur la pollution, seront mises en place (crédit d’impôt environnement, détaxation de certaines énergies propres, taxes sur les camions…).
Quelle est, selon vous, la mesure la plus complexe à faire accepter aux électeurs de votre camp ? Pourquoi ?
Nathalie Kosciusko-Morizet - Je ne crois pas qu’il y ait une mesure plus difficile, plus complexe, pour les électeurs de notre camp. Je crois qu’il s’agit plutôt d’un concept difficile à intégrer, à savoir, que l’énergie la plus propre, c’est celle qu’on ne consomme pas. Et que le développement durable, c’est l’affaire de chacun. Plus personne ne peut se cacher ou s’en remettre à l’Etat, aux entreprises. Ce n’est pas parce qu’on produit de l’énergie propre qu’il ne faut pas faire d’économies d’énergie. Voilà quelque chose de compliqué à faire comprendre.
Conserverez-vous le Ministère de l’environnement et du développement durable en l’état ? Pourquoi et comment le modifier ?
Nathalie Kosciusko-Morizet - Soyons cohérents. Dès octobre 2005, Nicolas Sarkozy prenait acte du fait que tous les ministres successifs de l’environnement, qu’il soit de droite ou de gauche, se sont plaints de l’inefficacité de la structure face à d’autres ministères, parfois plus puissants. Pour faire entrer l’écologie au cœur des décisions publiques, la structure actuelle devra être réorganisée. De manière transversale. Nous créerons un grand ministère du développement durable regroupant l’écologie, l’énergie, et les transports. Nous préférons cette solution d’un Ministre d’Etat avec des services opérationnels à celle de la création d’un vice-Premier ministre du Développement durable qui, sans administration, se verrait réduit à celui d’un super-conseiller.
Après les gesticulations de chacun devant Nicolas Hulot, force est de constater que l’environnement n’est définitivement pas un thème de campagne. Quelle est votre analyse ?
Nathalie Kosciusko-Morizet - Nicolas Sarkozy n’a pas gesticulé devant Nicolas Hulot, et l’environnement a été l’un des grands thèmes de sa campagne. Nicolas Sarkozy et Nicolas Hulot n’ont pas attendu la campagne pour dialoguer. En témoigne la présence de ce dernier à la Convention Ecologie de l’UMP dès octobre 2005. Et si Nicolas Sarkozy avait considéré la signature du Pacte comme un acte médiatique, il aurait rencontré Nicolas Hulot à grands renforts de presse. Nicolas Sarkozy a signé le Pacte écologique, en émettant quelques réserves. Dans les faits, il a fait des propositions très détaillées sur le sujet, multiplié les initiatives thématiques, comme il y a quelques jours en Camargue, et évoqué les impératifs du développement durable dans bon nombre de ses grands discours.
La taxe Cambridge sera-t-elle en vigueur à la rentrée ?
Nathalie Kosciusko-Morizet - Elle fait partie des engagements de Nicolas Sarkozy. Elle est bien sûr souhaitable au plus vite, mais elle n’est possible qu’à l’échelle européenne. Cette décision ne peut donc qu’être communautaire. Le calendrier pourra accélérer le processus, par la présidence de l’Union qui reviendra à la France, à partir du mois de juillet.
Quelle est, d’après vous, la mesure la plus insuffisante, ou la moins réaliste, du camp d’en face ?
Nathalie Kosciusko-Morizet - C’est de croire encore que l’écologie est incompatible avec la croissance, alors que nous affirmons le contraire. L’écologie est le moteur de la croissance de demain, au potentiel de création de milliers d’emplois. Affirmer le contraire, c’est accumuler un retard immense par rapport aux pays qui auront su proposer à leurs partenaires des produits et des technologies propres, c’est rater le train de l’Histoire.Entre la carotte fiscale et le bâton législatif, comment comptez-vous faire entrer l’environnement dans le mode de vie des Français ? Quelques exemples ?
Nathalie Kosciusko-Morizet - Il nous faudra transférer progressivement la fiscalité portant sur le travail vers la fiscalité sur la pollution. Elle incitera les Français à adopter des comportements vertueux, notamment une TVA à taux réduit sur les produits propres. Nous créerons un crédit d’impôt environnement bien plus ambitieux que le dispositif actuel : pour les ménages, il sera complété par des prêts à un taux zéro, visant notamment l’isolation des habitations et l’acquisition d’équipements fonctionnant aux énergies renouvelables. Nous détaxerons certaines énergies et mettront sur pied une tarification de l’eau, de l’électricité et de l’enlèvement des déchets fortement favorable aux attitudes économes.
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