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3-05-2007

Bruno Rebelle : "La droite libérale veut diaboliser les écologistes"

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Le conseiller ès environnement de Ségolène Royal reprend point par point le programme de la candidate.
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(Lire aussi l’interview de Nathalie Kosciusko-Morizet)

- Quelle sera (ou seront) la (ou les) mesure environnementale qui sera prise dans les 100 premiers jours du mandat de votre candidat ?

Bruno Rebelle - Ségolène Royal procédera à la constitution d’un gouvernement intégrant un vice-premier ministre chargé du développement durable et de l’aménagement du territoire et un ministre de l’environnement. Elle engagera le débat public promis pour définir la politique énergétique adaptée pour lutter efficacement contre le changement climatique. Par ailleurs, elle a promis d’instaurer un moratoire sur la culture d’OGM en plein champ pour permettre un débat serein, transparent et approfondi. Dès les trois premiers mois, elle rencontrera les différents partenaires (associations, entreprises, collectivités territoriales) pour mobiliser tous les acteurs afin d’engager ensemble les mutations nécessaires.

- Conserverez-vous le Ministère de l’environnement et du développement durable en l’état ? Pourquoi ?

Bruno Rebelle - Nous mettrons en place un vice-premier ministre chargé du développement durable. Il devra analyser les conséquences à long terme des propositions des autres ministères et veillera à promouvoir une approche transversale des politiques. Ce vice-premier ministre sera par ailleurs chargé de l’aménagement du territoire tant les décisions dans ce domaine conditionnent la structuration d’une société durable. Le ministère de l’environnement sera conservé et son périmètre précisé : lutte contre le changement climatique, protection de la biodiversité, prévention des pollutions pour limiter l’impact sur la santé publique.

- Quelle mesure serait, d’après vous, la plus difficile à faire accepter par les électeurs de votre candidat ? Et la plus facile ?

Bruno Rebelle - Notre projet de société doit être transformé pour que la relance durable de l’économie, la protection sociale et l’excellence environnementale soient mises au même niveau d’importance. Il faut engager une réflexion de fond sur la qualité de la croissance. Si la croissance reste le moteur de notre société, nous ne pouvons continuer à l’alimenter en prélevant les ressources naturelles au delà de leur capacité de régénération, en accumulant des polluants et des déchets au-delà des capacités d’absorption de notre planète. Cette économie de sobriété peut aussi être un facteur de performance pour nos entreprises. Mais engager nos concitoyens sur cette voie de la sobriété sera une étape difficile. Il faudra expliquer, mobiliser, convaincre et s’opposer aux lobbies. Pendant longtemps, les politiques libérales ont laissé entendre que l’environnement était une contrainte et qu’il y avait une opposition frontale entre progrès et écologie. Le changement de paradigme consistant à associer environnement et écologie dans une même démarche de progrès n’est pas facile, il est pourtant nécessaire.

La transformation sera de plus en plus facile quand les citoyens auront intégré que cette mutation n’entrave pas leur bien-être, crée de l’emploi et pacifie les relations entre la société et son environnement.

- Carottes fiscales ou bâtons législatifs, que privilégier pour faire entrer l’écologie dans le mode de vie des Français ? Quelques exemples ?

Bruno Rebelle - Ségolène Royal propose une combinaison d’orientations cadrées par des politiques publiques fortes : énergie, transports, agriculture, logement, etc. Ces politiques associeront un cadre réglementaire (quand cela est nécessaire) et des mesures fiscales incitatives. Prenons l’exemple du logement. Ségolène Royal veut imposer des travaux d’isolation pour tous les logements anciens au moment des transferts pour favoriser les économies d’énergie. Ces travaux donneront droit à des déductions fiscales et seront accompagnés pour les ménages les plus modestes par des facilités de financement. De la même façon, elle propose une TVA tendant vers zéro pour tous les biens et les services permettant de renforcer les économies d’énergie et le développement des énergies renouvelables.

- La taxe carbone sera-t-elle en vigueur à la rentrée ? Pourquoi ?

Bruno Rebelle - Ségolène Royal considère que la taxe Cambridge est une mesure théoriquement intéressante mais qui ne peut être envisagée que dans le cadre d’un accord international sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Nous porterons donc ce sujet à la négociation de la phase II de Kyoto. Il faudra aussi réfléchir à faire évoluer la fiscalité sur l’énergie (et pas seulement sur les combustibles fossiles) pour mettre en place des mesures (taxation du fuel lourd, progression de la TIPP, éco-redevance des poids lourd...) conduisant à renchérir progressivement le prix de l’énergie et donc à limiter sa consommation

- Le décret autorisant la construction de l’EPR est sorti juste avant le 1er tour. Comptez-vous détricoter le texte et renvoyer à un débat public, ou laisser filer ?

Bruno Rebelle - Le décret autorisant la construction de l’EPR a été publié par le gouvernement dans la hâte, juste avant le 1er tour de l’élection. Cette pratique est un déni de démocratie. Pour respecter la transparence du débat ce décret sera abrogé. Ségolène Royal rappelle qu’elle remettra en débat la décision prise par le gouvernement de construire cette centrale nucléaire. Cette décision a été prise dans des conditions d’analyse et de débat tout à fait contestables. Le Parti Socialiste s’était opposé à ce choix, constatant avec les partenaires associés au débat public l’absence d’étude d’impact sérieuse, en particulier concernant les 150 kilomètres de ligne THT liés à la centrale. Les participants au débat avaient également critiqué la faiblesse des justifications avancées pour engager cet investissement. Ségolène Royal considère qu’on ne peut engager l’avenir énergétique de notre pays sans un débat approfondi non seulement sur l’EPR mais sur l’ensemble du dossier. Trois objectifs doivent être conciliés : consommer moins d’énergie, car l’énergie la moins polluante est celle que l’on ne consomme pas ; développer de manière volontariste les filières d’énergies renouvelables, y compris en décentralisant en proximité leur production ; examiner l’avenir de l’énergie nucléaire.

- Pourquoi l’environnement a-t-il fait "pssschiiit" dans les discours respectifs de vos candidats, au soir du 1er tour ?

Bruno Rebelle - Ségolène Royal a souligné dans son intervention la nécessité de préserver les grands équilibres de la vie sur la planète. C’est une mention probablement insuffisante pour les promoteurs de l’écologie. Il faut cependant reconnaître que la candidate parle très régulièrement d’environnement et a fait de l’écologie un des piliers de son Pacte présidentiel. Au-delà des discours, différents observateurs (Alliance pour la Planète, Comité de Veille Ecologique, FNE, Isabelle Delannoy dans son ouvrage sur la présidentielle...) ont analysé les programmes des candidats et dans tous les cas de figure le programme de Ségolène Royal est présenté comme très satisfaisant.

- Quelle est, d’après vous, la mesure la plus insuffisante, ou la moins réaliste, du camp d’en face ?

Bruno Rebelle - C’est d’abord de continuer à faire croire que le marché suffira à traiter la crise écologique mondiale. C’est ridicule car il me semble est assez clair que le libre marché a été jusqu’à maintenant un facteur de destruction de la planète. C’est aussi de laisser penser que les "écologistes veulent nous ramener à l’âge de pierre" alors même que ce sont les gouvernements les plus conservateurs qui ont été les plus réticents à promouvoir les technologies les plus novatrices servant la mutation écologique. La droite libérale use et abuse de cette diabolisation des écologistes y compris en les accusant maintenant de vouloir opposer écologie et croissance. Cette approche caricaturale ignore, d’une part la nécessaire réflexion que nous devons avoir sur les limites de la croissance, d’autre part la possibilité de promouvoir une croissance de qualité fournissant les mêmes biens et services en consommant moins d’eau, d’énergie et de matière première.

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Journaliste errant dans les sujets environnementaux depuis treize ans. A Libération, mais de plus en plus ailleurs, s’essayant à d’autres modes d’écriture (Arte, France Inter, Terra of course, ...). Il y a deux ans, elle a donné naissance (avec Eric Blanchet) à Bridget Kyoto, un double déjanté qui offre chaque semaine une Minute nécessaire sur Internet.

2 commentaires
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  • Suivre ce concept de décroissance nous ammenera directement à l’age des cavernes.
    C’est un raisonnement qui suit les dires de certain, ceux qui assénent comme une verité que si tous les humains se mettaient à consommer comme les consommateurs des pays développés il faudrait les resources de trois fois la terre.Ce raisonnement est stupide car il repose sur le fait qu’il n’y aura plus aucun progrés que tout restera figé .Il n’en est rien bien sûr la R&D mondiale résorbera ce phénomeme d’insuffisance apparente.Cela bien sûr ne veut pas dire qu’il faut continuer à consommer en dépit du bon sens,bien sûr nous devons modifier nos habitudes. Il nous faudra devenir reponsable et toujours trouver de nouvelles sources d’energie.
    Ce sera donc une croissance refléchie et qui n’imposera aucune privation.
    Un fumeur qui s’arrete de fumer découvre qu’il va beaucoup mieux et que de plus il redistribue ses ressources nouvelles dans d’autres activités.
    Donc il à fait de la croissance positive...

    4.05 à 16h56 - Répondre - Alerter
    • L’environnement doit me semble-t-il dépasser nos clivages idéologiques, et nous obliger à repenser nos modes de vie.

      La technologie n’a pas toutes les solutions, car à mesure qu’elle avance se posent de nouveaux problèmes. En outre, la nature impose des défis qui ne sont pas de dimension à être maîtrisés (volcans, tsunamis, désertification, pollution des mers, réchauffement entraînant des ouragans). Par ailleurs, le coût de résorbtion des problèmes est un facteur plus sensible pour nos hommes politiques... et les gens qui les élisent, nous le peuple. Le rapport Stern montre que le coût des désastres écologiques qui arrivent sera équivalent à celui de la crise de 1929, dont on sait qu’elle a entraîné les dérives anti démocratiques, et la guerre.
      Enfin, la technologie reste outil de domination : quelle utilisation faisons-nous aujourd’hui de nos savoirs, alors que 840 millions d’être souffrent de la faim ?

      La sagesse humaine a au moins autant de poids pour limiter les effets de nos excubérances, que la technologie. Elle peut nous aider à mesurer nos comportements et leurs conséquences, trouver les mécanismes de vivre ensemble qui créeront des richesses autant qu’elle nous aidera à les répartir, et favoriser l’effort de recherche vers ce qui respecte, plutôt que vers ce qui tue. L’armement a représenté en 2005 1115 milliards de USD, alors que l’aide publique au développement quelques 75 milliards seulement.

      Car la crise environnementale en gestation, et dont les effets ont déjà commencé, fera plus de victimes parmi les pauvres, mais elle nous touchera tous.

      C’est donc ce respect pour l’environnement, mais aussi entre les hommes qu’il nous faut améliorer afin de gérer les déséquilibres qui viennent.
      Et ce n’est pas le moindre des défis !

      16.05 à 14h24 - Répondre - Alerter
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