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19-04-2007

L’Amérique latine ouvre les bras à l’éthanol

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Le sommet sud-américain de l'énergie salue les biocarburants. Fidel Castro, beaucoup moins.
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"L’éthanol n’est pas à l’agenda" disait le président vénézuélien Hugo Chavez à la veille du 1er Sommet sud-américain de l’énergie, réuni les 16 et 17 avril à Porlamar, sur l’île de Margarita (Venezuela). Les 12 pays de l’Amérique du Sud ont néanmoins salué les biocarburants, dont l’éthanol que le Venezuela veut importer du Brésil.

Scellée le 9 mars à Sao Paulo par les présidents George W. Bush et Luiz Inacio Lula da Silva, la collaboration entre les Etats-Unis et le Brésil pour l’élaboration et la commercialisation d’éthanol -les deux pays en contrôlent plus de 70% de la production mondiale- avait déclenché contre les biocarburants une offensive politique menée principalement par Cuba et le Venezuela.

Aussi n’est-il pas anodin que, dans la Déclaration de Margarita, le sommet exprime sa "reconnaissance au potentiel des biocarburants pour diversifier la matrice énergétique sud-américaine" et appelle à "l’efficacité maximale de leur emploi" pour "promouvoir le développement social, technologique, agricole et productif".

La déclaration souligne, peut-être en contrepartie, "l’importance d’assurer la compatibilité entre la production de toutes les sources d’énergie, la production agricole, la préservation de l’environnement et la promotion et la défense de conditions sociales et de travail dignes".

Venezuela, Brésil, Argentine, Bolivie, Chili, Colombie, Equateur et Paraguay étaient représentés par leurs présidents, l’Uruguay par son vice-président, la Guyana par son Premier ministre et le Pérou et le Surinam par des ministres. Avec eux, c’est l’ensemble du sous-continent sud-américain qui a signé la Déclaration de Margarita.

Le sommet a créé un Conseil sud-américain de l’énergie, réunissant les ministres du secteur. Mais le salut aux biocarburants est l’élément politique majeur. Il signifie que le président brésilien de centre gauche Luiz Inacio Lula da Silva exerce une influence décisive sur les projets d’union sud-américaine, dont Hugo Chavez est le promoteur le plus médiatisé grâce à son antiaméricanisme théâtral.

Fin mars et début avril, dans deux articles successifs publiés par le quotidien Granma, organe du Comité Central du Parti communiste de Cuba, le président Fidel Castro mettait en garde contre les conséquences catastrophiques qu’aurait, selon lui, la production de biocarburants à partir de cultures en principe alimentaires. Le Lider Maximo désignait les Etats-Unis, qui produisent leur éthanol avec le maïs, comme les responsables potentiels de la "mort prématurée" de milliards de personnes, d’un "génocide" que pourrait provoquer la famine.

Principal allié de Fidel Castro, Hugo Chavez avait aussi réprouvé les biocarburants au début du mois de mars, lors d’une tournée latino-américaine visant à réduire la portée de celle effectuée aux mêmes dates par le président Bush au Brésil, en Uruguay, en Colombie, au Guatemala et au Mexique.

En conférence de presse à l’issue du sommet de Porlamar, Hugo Chavez, qui avait eu un long tête-à-tête avec son homologue brésilien Lula, surprenait les journalistes en annonçant que le Venezuela a l’intention d’acheter 200.000 barils quotidiens d’éthanol au Brésil, qui produit ce biocarburant à partir de la canne à sucre.

Cet éthanol, a indiqué le président Chavez, sera ajouté au pétrole que le géant public Petroleos de Venezuela S.A. (PDVSA) raffine au Venezuela, aux Etats-Unis, en Europe et dans les Caraïbes. Au Venezuela, le biocarburant brésilien se substituera à des ingrédients nocifs à raison de 10% d’éthanol par litre d’essence, dans le cadre d’un "plan que nous avons dénommé Ethanol-10" a précisé Hugo Chavez.

Un quota de 10% de biocarburants, à l’horizon 2020 dans le secteur des transports, avait aussi été fixé le 9 mars dernier à Bruxelles par les 27 chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne pour réduire à la fois le réchauffement planétaire, la flambée des prix du pétrole et la dépendance à l’égard des grands exportateurs d’hydrocarbures (dont le Venezuela, 5e exportateur mondial de brut). Aux Etats-Unis, le président Bush estime que dans dix ans les carburants verts pourraient remplacer 20% de la consommation de pétrole.

Hugo Chavez fait en outre construire cinq usines d’éthanol avec l’aide technique du Brésil et de ... Cuba ! "Diversifier de manière rationnelle la matrice énergétique et nettoyer l’essence en remplaçant [par l’éthanol] le tétraéthylène de plomb, qui est un poison" n’aurait, selon le président Chavez, rien de commun "avec la proposition irrationnelle du président des Etats-Unis de remplacer l’essence par ce biocarburant". Aux yeux du bouillant vénézuélien, "jamais l’éthanol ou les biocarburants ne seront une alternative au pétrole".

La ministre équatorienne des Relations extérieures, Maria Fernanda Espinosa, reconnaît que les biocarburants ont suscité des divergences à Porlamar. Des observateurs croient qu’un rejet de l’éthanol pouvait conduire le Brésil à ignorer l’initiative vénézuélienne de développement d’une Banque du Sud (Banco del Sur), renforçant alors les incertitudes sur la construction du Gazoduc du Sud. Ce projet phare d’Hugo Chavez prévoit de relier sur 8.000 km le Venezuela, la Colombie, le Brésil, la Bolivie, l’Uruguay, le Paraguay et l’Argentine. Il nécessiterait 20 milliards de dollars d’investissements.

Le 1er Sommet sud-américain de l’énergie était réuni sous les auspices de la Communauté sud-américaine des nations (CSN), lancée en décembre 2004 à Cuzco (Pérou). Le sommet a décidé que la CSN s’appellera désormais Union des nations sud-américaines (UNASUR), avec secrétariat permanent à Quito, capitale de l’Equateur.

Le sommet de la CSN tenu en décembre dernier à Cochabamba ayant soutenu cette ville de Bolivie comme siège d’un futur parlement sud-américain, ce sont deux pays aujourd’hui tenants de la gauche bolivarienne d’Hugo Chavez, l’Equateur et la Bolivie, qui abriteront en principe les institutions politiques clefs de l’UNASUR.

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  • L’effet boomerang des soi-disant Bio-Carburants pour sauver la « Bagnole »

    Les Bio-Carburants ne sont rien d’autre que des Agro-Carburants qui n’ont rien de Bio, mais sont à mettre en rapport avec des monocultures poussées à l’extrême grâce à l’emploi sans limite de fertilisants, d’engrais et de pesticides, issus de la pétrochimie et je ne nommerais pas les OGM encore plus nocifs pour l’environnement.

    Pour produire naturellement, la terre a besoin d’une quantité importante de ce qu’on appelle maintenant « commercialement » la biomasse, pour se régénérer, pour se maintenir. Sans le retour de cette biomasse c’est l’érosion assurée avec une perte toujours plus grande de surfaces de terres fertiles et cultivables.

    Les champs pétrolifères d’agro-carburants n’ont rien à voir avec la lutte contre le réchauffement planétaire. C’est une nouvelle filière des multinationales pétrolières et sucrières à grand rendement financier. Le prix mondial du maïs a déjà doublé, les autres matières premières pour la fabrication des faux bio-carburants explosent, toujours au profit des mêmes multinationales. Même les forêts tropicales et les forêts de mangroves ne pèseront pas lourd devant l’appétit dévorateur des producteurs de cet Agro-Pétrole.

    L’homme, au lieu de diminuer son empreinte écologique sur la planète terre, continue à épuiser ses ressources naturelles. Le nombre de voitures dans le monde ne cesse d’augmenter, de façon exponentielle en Chine et en Inde. Même avec les meilleures technologies du monde, ce parc de voitures ne cessera de réclamer toujours plus de carburants. Peu importe leur origine.

    L’agro-carburant entre maintenant progressivement en concurrence avec l’agro-aliment, destiné à nourrir toute la population du monde. Là aussi il y a une expansion impressionnante. Nous risquons de passer de 6 milliards d’êtres humains à 8 milliards dans moins de 30 ans. Plus de 30 % d’augmentation du besoin de nourriture et probablement un doublement du besoin en carburant.

    Ces chiffres à eux seuls donnent déjà le vertige et y ajouter les effets dramatiques dus au réchauffement de la planète nous montrent qu’un désastre humain et planétaire est en préparation.

    Revenir à un autre mode de vie est indispensable. Repenser les orientations de la vie d’aujourd’hui s’impose là où tout est devenu commerce, où le développement est toujours synonyme d’expansion, où le développement durable montre clairement son inadaptation aux problèmes à venir.

    La culture du “tout voiture” a vécu, qu’il en déplaise aux lobbies super puissants des constructeurs de voitures.

    La culture “expansion à tout va” a vécu, qu’il en déplaise aux lobbies super puissants de l’expansionnisme.

    La culture « toujours plus » a vécu, qu’il en déplaise aux lobbies super puissants de la société du tout jetable.

    La culture de “l’expansion démographique” a vécu qu’il en déplaise aux lobbies super puissants des constructeurs des mégalopoles partout dans le monde.

    Nos responsables politiques se doivent de se montrer indépendants de toute pression venant de ces lobbies super-néfastes pour la vie sur terre.

    Une nouvelle ère se profile rapidement à l’horizon, une ère où de nouvelles règles de société sont à inventer d’urgence faute de quoi le 21éme siècle risque de devenir le siècle de la plus grande catastrophe planétaire et humaine de tous les temps. La planète survivra, pas l’humanité !

    Les Agro-Nécro-Bio-carbutants pour assurer un développement durable nous promettent des lendemains qui chantent !

    Jan Oortwyn

    19.04 à 13h48 - Répondre - Alerter
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