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11-01-2007

Argentine : Cinq ans après

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En janvier 2001, une décision du Fonds monétaire internationale propulsait le peuple argentin dans les rues. 5 ans après, que reste-t-il de ce cri de désespoir ?
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  • Par Damien Millet et Eric Toussaint* : Argentine : Cinq ans après

    Argentine, on a beaucoup parlé de toi depuis cette nuit
    du 19 au 20 décembre 2001 où, après trois ans de récession
    économique, ton peuple s’est soulevé contre la politique
    néolibérale menée par le gouvernement de
    Fernando De la Rua et son funeste ministre de
    l’Economie, Domingo Cavallo. Tu as montré que l’action
    des citoyennes et des citoyens peut infléchir le cours de
    l’Histoire.

    Casseroles

    Argentine, l’enchaînement qui a abouti à la révolte de
    fin 2001 a commencé par la décision du Fonds monétaire
    international (FMI) de ne pas te verser un prêt prévu
    alors que tes dirigeants avaient toujours appliqué les
    mesures impopulaires que le FMI exigeait. De la Rua a
    réagi en bloquant les comptes bancaires des épargnants,
    et spontanément, ta classe moyenne est descendue dans
    la rue, rejointe par les « sans » (les sans emploi, les
    habitants des bidonvilles, une majorité de tes pauvres).
    Le 27 décembre 2006, ta Cour suprême a d’ailleurs
    ordonné aux banques d’accorder une indemnisation totale
    à ces épargnants floués.

    Argentine, il y a tout juste 5 ans, trois présidents de la
    République se sont succédé en quelques jours : De la
    Rua a fui le 21 décembre 2001, et son successeur, Adolfo
    Rodriguez Saa, a lui-même été remplacé par Eduardo
    Duhalde le 2 janvier 2002. Tu as décrété la plus importante
    suspension de paiement de la dette extérieure de
    l’Histoire, pour environ 100 milliards de dollars, tant
    envers les créanciers privés qu’envers les pays riches
    regroupés au sein du Club de Paris ; des centaines d’usines,
    abandonnées par leur propriétaire, ont été occupées
    et l’activité a été relancée sous la conduite des travailleurs _ ; tes sans emploi ont renforcé leur capacité
    d’action dans le cadre des mouvements « 
    piqueteros » ; ta monnaie a été très fortement
    dévaluée ; tes citoyens ont créé
    des monnaies locales et ont crié à tes
    politiciens une revendication unanime : « 
    Que se vayan todos ! » (« Qu’ils s’en
    aillent tous ! »).

    Banqueroute

    Argentine, après un quart de siècle d’accord
    continu entre le FMI et tes autorités
    (de la dictature militaire entre 1976 et
    1983 au gouvernement De la Rua en passant
    par le régime corrompu de Carlos
    Menem), tu as démontré qu’un pays pouvait
    arrêter de rembourser la dette de manière prolongée
    sans que les créanciers soient capables d’organiser des
    représailles efficaces. Le FMI, la Banque mondiale, les
    gouvernements des pays les plus industrialisés, les
    grands médias avaient annoncé que le chaos s’installerait.
    Or qu’est-il arrivé ? Loin de sombrer, tu as commencé
    à te redresser.

    Argentine, ton président élu en mai 2003, Nestor
    Kirchner, a défié les créanciers privés en leur proposant
    d’échanger leurs titres contre de nouveaux de moindre
    valeur. Après de longues négociations achevées en
    février 2005, 76 % d’entre eux ont accepté de renoncer
    à plus de 60% de la valeur des créances qu’ils détenaient.
    Le monde avait les yeux braqués sur toi et tu as
    fait la démonstration qu’un peuple pouvait dire non.
    Argentine, la suite de l’histoire est bien plus décevante.
    Car cet accord a finalement marqué la reprise des
    remboursements envers les créanciers privés. De plus,
    voici exactement un an, ton gouvernement remboursait
    de manière anticipée la totalité de ta dette envers le FMI :
    9,8 milliards de dollars en tout. D’accord, tu as économisé
    900 millions de dollars sur les intérêts, mais ceux qui
    ont décidé cela ont fait preuve d’une amnésie très grave.
    La dictature du général Videla, soutenue par le FMI et les
    grandes puissances, avait utilisé la dette afin de renforcer
    son pouvoir, d’enrichir ses dirigeants et d’arrimer le
    pays au modèle dominant. Pour rembourser, les régimes
    qui ont suivi ont bradé une grande part du patrimoine
    national et ont contracté de nouvelles dettes qui sont
    elles aussi odieuses. De surcroît, l’obtention de ces nouveaux
    prêts a été conditionnée à l’application de mesures
    de libéralisation massive, de privatisation systématique
    et de réduction des budgets sociaux.

    Argentine, tes dirigeants avaient pourtant mieux à faire
    et cet exemple aurait pu faire école sur tous les continents _ ! Ils auraient pu rompre les accords avec le FMI et
    la Banque mondiale. Ils auraient pu s’appuyer sur la sentence
    Olmos, prononcée par ta Cour fédérale de justice,
    et avancer de solides arguments juridiques pour décréter
    que la dette est odieuse et n’a pas à être remboursée.
    Argentine, nous sommes interloqués d’apprendre que
    tes autorités négocient actuellement avec le Club de
    Paris, ce scandale institutionnel réunissant chaque mois à
    huis clos les représentants de 19 pays riches au sein du
    ministère français de l’Economie. Tu sais sans doute que
    ce Club très secret a pour but de contraindre les pays en
    développement surendettés à rembourser leur dette au
    maximum, sans tenir compte des conséquences sociales.
    Tu lui dois 6,3 milliards de dollars, mais une fois encore,
    cette dette n’a pas profité à ton peuple. Au contraire, les
    pays du Club de Paris, le FMI, la Banque mondiale, les
    grandes multinationales l’ont
    utilisée pendant des décennies
    pour t’opprimer, pour que tes
    responsables leur livrent tes
    services publics privatisés,
    déréglementent ton économie
    et fassent preuve de la plus
    grande docilité alors que dans
    le même temps, tes budgets
    sociaux étaient sévèrement
    amputés. Le film « La dignité
    du peuple », de ton compatriote
    Fernando Solanas, montre
    bien les situations de pauvreté extrême auxquelles tout
    cela a conduit.

    Argentine, ton président doit choisir entre servir ton
    peuple et servir tes créanciers. Malheureusement, il rentre
    dans le rang, il est même allé symboliquement à la
    Bourse de New York en septembre dernier pour donner le
    coup de cloche inaugural. Du coup, les montants que tu
    vas rembourser dans les prochaines années rendront
    impossible la mise en place d’une politique alternative au
    modèle néolibéral. Tes demandes sociales, pourtant justes,
    ne pourront pas être satisfaites tant que tu ne répudieras
    pas cette dette.

    Argentine, voici cinq ans, tes manifestants indiquaient
    une autre direction qui peut modifier durablement la
    situation au bénéfice des peuples. Aujourd’hui encore,
    c’est celle-là que nous voulons.

    * Membres du Comité pour l’annulation de la dette du Tiers-monde (CADTM)

    Articles liés sur le site de Terra Economica

    - Sur un pas de dette...

    - L’Argentine : un cas d’école

    9.01 à 18h42 - Répondre - Alerter
    • L’argentine s’est ruinée toute seule. Personne ne l’a obligée à s’endetter toujours et toujours plus. C’est simplement un pays qui a longtemps été très mal gouverné. Dans l’intérêt d’une petite minorité corrompue et sans civisme.

      Le FMI l’a mise face aux réalités économiques. C’est tout. La cigale ayant chanté tout l’été s’est trouvée fort dépourvue quand la bise fut venue...

      C’est facile d’accuser le FMI. Il y a aussi quantité de pays en voie de développement dotés de beaucoup moins de ressources naturelles que l’Argentine, qui n’ont jamais eu à se soumettre aux règles sévères du FMI, parce que leurs dirigeants n’ont pas dilapidé massivement l’argent de l’état, laissé gonfler les emprunts et fait marcher la planche à billets.

      Les pays d’Amérique Latine peuvent être gérés dans l’intérêt des populations. Leurs ressources naturelles sont importantes, pour la plupart. Si le goût du travail et de l’honnêteté leur vient, la fortune est à eux.

      Il ne suffit pas de se plaindre du passé. "Les Veines Ouvertes de l’Amérique Latine" est un ouvrage retentissant de l’exloitation de ces pays par les intérêts étrangers. Mais ces pays sont indépendants. Lorsque l’esprit de l’argent facile sera remplacé par la fierté et le travail, il seront invulnérables à ce genre de problèmes.

      Il suffit de les comparer aux pays du monde arabo-musulman, qui pourtant souffrent de bien d’autres problèmes. Hormis le pétrole, ils ont peu de ressources naturelles. Mais on peut voir qu’ils ne laissent pas, dès qu’ils le peuvent, leurs richesses naturelles exploitées à bon compte par l’étranger. Pour qu’ils cèdent, il faut qu’ils soient occupés militairement.
      Et aussi, les richesses y sont bien mieux distribuées aux peuple dans ces pays qu’en Amérique Latine. Avec des ressources naturelles limitées et un PIB par habitant deux à trois fois moindre, on voit dans les pays du Maghreb, la Syrie ou la Jordanie, beaucoup moins de miséreux en guenilles qu’au Brésil.
      Alors, quand cessera l’immoral égoïsme des dirigeants "catholiques" latino-américains qui se montrent sur le point économique bien moins charitables que les musulmans tant décriés ?

      11.01 à 23h33 - Répondre - Alerter
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