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14-12-2006

"Osons ce que nous voulons"

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Corinne Lepage, candidate à l'élection présidentielle en avril prochain entre dans la danse. Pour elle, il faut agir vite pour "sauver la planète".
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  • Par Corinne Lepage* : "Osons ce que nous voulons"

    J’appartiens à une génération bienheureuse. Née après la guerre, j’ai grandi avec cette société de consommation qui en Occident nous a donné accès à un ensemble de biens et de services que mes grands-parents n’auraient pas même imaginés.

    Chaque année nous apportait une offre croissante que notre pouvoir d’achat en perpétuelle augmentation nous permettait d’acquérir. Ce qui relevait de la vie d’un millionnaire américain en 1930 (voyage en avion, vacances à l’autre bout du monde, biens de consommation en abondance, une à deux voitures particulières...) est devenu la norme des classes moyennes.

    J’ai profité, comme tout le monde, de cette mondialisation qui faisait rêver les puissants et trembler les ouvriers des usines délocalisées. Mais j’ai aussi mené la bataille de communes bretonnes qui ne voulait pas être les dégâts collatéraux raisonnables de cette frénésie du toujours plus.

    A chaque combat juridique (marées noires, pont de l’île de Ré, lignes THT, OGM...), j’ai senti l’arrogance des forts qui pensent incarner le progrès technologique sans contrôle, la croissance en Majesté. Je suis fière de ces combats menés avec tant de gens différents tous animés par la même détermination contre les injustices. Mais je suis aussi frustrée d’intervenir souvent après la décision pour empêcher son exécution, ou après le drame, pour obtenir compensation. Si aujourd’hui, je me couchais chaque soir paisible, avec la certitude rivée au corps d’avoir mené à bien ma petite barque, c’est que je serais devenue aveugle et lâche.

    "Et ces hommes clignent des yeux en disant nous avons trouvé le bonheur", écrivit Nietzsche... Notre monde rempli de matière ne nous a pas apporté le bonheur. Sommes-nous plus heureux parce que nous avons accumulé tant de biens matériels ?

    Dans cette Europe de paix, dans ce monde occidental plus serein, nous avons semé de biens mauvaises graines. Nous avons largement entamé les ressources et détruit le patrimoine de notre planète sans vouloir entendre l’alarme des scientifiques. La négation du réel nous laisse croire que notre petit monde pourra durer un peu plus longtemps, jusqu’au prochain renouvellement de mandat.

    La presse ne veut pas blesser ses annonceurs qui assurent leur survie par l’achat quotidien d’espaces publicitaires, quand elle n’est pas directement détenue par l’industrie. Mais notre impérative urgence de ne rien faire et l’idée que nos mots ralentiraient les maux ont été lourdes de conséquence : dérèglement climatique, sixième extinction animale, déforestation, surexploitation des mers, empoisonnement de l’air, de l’eau , stérilisation des sols... liste non exhaustive de maux qui se cumulent avec un effet exponentiel. Je ne peux me contenter d’arriver après, en tant qu’avocate.

    Il faut que je sois là avant, pour anticiper les catastrophes, changer la donne, initier un nouveau projet de société qui soit enfin viable et où nous retrouverions le goût du bonheur. C’est cela faire de la politique.

    Le pouvoir politique, médiatique et économique a été élevé en vase clos. Issus des mêmes écoles que leurs conseillers et l’ensemble des hauts fonctionnaires, ses responsables sont formatés pour une gestion de l’existant. Ils croient fermement que nous avons atteint le stade ultime du développement humain, cette "fin de l’histoire" que décrivit Francis Fukuyama.

    Leurs outils de mesure sont la croissance économique et le PIB. Ce qui ne rentre pas dans leur grille n’existe pas. Sept millions de Françaises et de Français vivent en dessous du seuil de pauvreté ? Une ligne statistique qui ne perturbe pas le chiffre du commerce extérieur. Le taux de suicide effarant chez les jeunes adultes, la consommation de neuroleptiques, d’antidépresseurs ? Du chiffre d’affaires pour les laboratoires qui les fabriquent, les pharmaciens qui les distribuent, encore du PIB. Une femme décède tous les quatre jours sous les coups de son partenaire ? Rien.

    Leurs outils sont systématiquement tournés vers la création de profits financiers. Et jusque-là, tout allait bien, jusqu’à cette damnée croissance en berne. Cette croissance économique est un aveuglement idéologique. Regardons notre pays à travers d’autres indices, et nous ne pouvons que constater la chute de la France dans les évaluations. Avec l’indice de développement humain, nous voici déjà mauvais élèves. La mesure de la corruption ne nous place pas mieux.

    Quant à la place des femmes dans notre société, elle nous permet d’occuper les profondeurs du classement. Notre société exclut et détruit. Elle criminalise et envoie les "déviants" dans des prisons indignes d’une démocratie après des années d’attente d’un jugement pour des innocents qui en sortent anéantis.

    Et pourtant. Je retrouve Montaigne : "Pour moi donc j’aime la vie", et je lutte. Peu importe que sur le chemin de la présidentielle, il me soit opposé les sondages, le refus des médias ou le vote utile. Je ne me soumets qu’au seul jugement des électeurs auxquels je livre un projet cohérent et complet. J’ai pour cela proposé une nouvelle constitution et un livre-programme réconciliant écologie et économie, Ecoresp, pour un New Deal écologique. Le volet sociétal est sur l’établi...

    Aucun de celles et de ceux qui voteront pour moi le 22 avril n’aura à avoir honte de son choix. Je n’incarne pas un vote de rejet, mais l’adhésion à un projet, un vote utile pour mes concitoyens. Je me bats pour que notre futur ait un avenir. Et je crois au pouvoir nouveau du dialogue démocratique par les nouvelles technologies de l’information et de la communication, grâce à la révolution du pronétariat, selon l’expression consacrée de Joël de Rosnay. Je donne à toutes et à tous un message, et j’appelle celles et ceux qui y adhèrent à le transmettre, à en débattre, à l’enrichir.

    Alors nous aurons gagné le pari de l’intelligence collective contre l’arrogance médiatique télévisuelle qui nous sert le brouet indigeste d’une élection déjà faite et croit détenir un droit de propriété sur "du temps de cerveau disponible".

    * Corinne Lepage est avocate. Elle a été ministre de l’environnement dans le gouvernement d’Alain Juppé (1995-1997). Ele est candidate à l’élection présidentielle de mai 2007

    13.12 à 18h28 - Répondre - Alerter
    • Bonjour,
      Votre programme semble basé sur les vraies urgences à traiter. Et que pensez-vous de cette médecine au service des laboratoires où produits chimiques prévalent les produits naturels, où l’on raye de l’ordre des médecins ceux qui osent proposer aussi des solutions efficaces, innovantes, moins onéreuses pour la sécu et plus respectueuses de notre environnement ?
      Au plaisir de vous lire

      14.12 à 13h27 - Répondre - Alerter
    • 2007 % d’accord avec Corinne Lepage.
      "Sommes-nous plus heureux parce que nous avons accumulé tant de biens matériels ?" et parce que nous avons la chance de connaître Zidane...

      Il ne faut pas laisser la politique aux politiciens... et les médias aux marchands d’armes.

      Les français ont commencé à prendre leurs distances avec eux lors du référendum sur la constitution Européenne. Il faut poursuivre et créer un axe des Hommes de bonne volonté, de la droite à la gauche sans exclusive. Les Hommes avec un grand H comprend en tout premier lieu les femmes...

      Les femmes donnent la vie, elles sont les mieux placées pour imposer leurs idées de développement durable. Elles sauraient remplacer la "compétition économique" par la coopération, le "marché libre et non faussé" par des échanges équitables

      Pourquoi pas un grand projet de femmes... derrière Ségolène qui est pour l’instant la mieux placée pour un changement, même avec quelques hommes de bonne volonté comme Bayrou et Bové...

      Je rêve d’une "réconciliation" (mais pas d’une "coalition"), et de l’absence de clivage et de compétition.
      Ah si, un clivage et une compétition
      - entre les Hommes de bonne volonté QUI SONT PLUS NOMBREUX QUE L’ON CROIT (et qui sont la majorité trop silencieuse),
      - et les marchands qui nous gouvernent...

      Debout les Hommes !

      15.12 à 10h33 - Répondre - Alerter
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