publicité
haut
Accueil du site > ZZZ Papiers en attente > A classer depuis V4 > Le Blog de Terra Economica > Voyage au pays du coton
7-09-2006

Voyage au pays du coton

Taille texte
{#TITRE,#URL_ARTICLE,#INTRODUCTION}
 
Le dernier ouvrage d'Erik Orsenna ressemble à s'y méprendre à une petite leçon d'économie. Chronique bien ficelée d'une lectrice de Terra Economica.
SUR LE MÊME SUJET
Faites réagir vos proches, diffusez l'info !
Vous aimez Terra eco ? Abonnez-vous à la Newsletter
3 commentaires
TOUS LES COMMENTAIRES
COMMENTAIRES SÉLECTIONNÉS
RÉPONSES DE LA RÉDACTION
Trier par : Plus récents | Plus anciens
Affichage : Voir tout | Réduire les discussions
  • Par Sylvie Richard, professeur d’économie : Voyage au pays du coton

    L’ouvrage d’Erik Orsenna présente plusieurs intérêts. Il concerne une matière première à l’heure où l’économie semble à certains, virtuelle. Il présente la grande diversité des pays producteurs de coton et une carte accompagne chaque changement de région ou de pays. Beaucoup de thèmes problématiques sont mentionnés. Ce livre est aussi facile à lire, on voyage, avec Monsieur Orsenna, on profite de l’atmosphère de chaque lieu de production, on rencontre des personnages souvent pittoresques et on assiste en direct aux dialogues, au point que l’on a envie d’y participer. Bref, le style est très agréable.

    Mais je trouve le fond critiquable sur plusieurs points. Dès le début, le livre fonctionne dans une ambiance très feutrée de rapports économiques présentés comme implicitement harmonieux . « L’Angleterre qui vient d’inventer les machines à filer et à tisser décide de prendre le relais » [des importations indiennes]. Logique car l’Angleterre a, à cette époque, interdit les importations indiennes prisées par la population anglaise car fines et très colorées. Mais il faut le protectionnisme anglais pour mettre fin à la concurrence des tisserands indiens, pour ruiner son artisanat. La violence des rapports sociaux qui découle de la compétition en matière d’exportation est négligée. Non que les problèmes ne soient pas abordés : les énormes subventions que le Congrès des Etats-Unis accorde à ses quelques milliers de producteurs au détriment des millions d’exportateurs africains sont envisagées, mais dans le style d’une conversation de gentlemen. Rien n’est dit sur l’impact de ces mesures sur la chute des cours du coton.

    Les américains ont l’air antipathiques, mais cela ressemble à un trait personnel particulier et non à l’analyse d’un système qui est tout sauf concurrentiel. Plus loin, l’auteur affirme sa conviction que l’OMC est capable de faire respecter les règles communes. Or, c’est sur ce thème du coton que les négociations de Cancun visant à faire respecter effectivement les règles de la concurrence entre étasuniens et africains, ont échoué en 2003. En avril 2004, les Etats-Unis ont été condamnés par l’organisme de Réglement des Différends de l’OMC, mais sans pour le moment avoir renoncé à produire autant de coton.

    Carte postale

    Les risques présentés par le coton transgénique sont mentionnés, mais balayés très vite. D’ailleurs nous livre-t-on sans contradiction : « vos lobbies [à nous français] antigénétiques sont parvenus à faire interdire la recherche ». Ce « précis » n’est pas précis. Il l’est encore moins sur la mer d’Aral, on comprend qu’elle est devenue « un petit lac » du fait des activités humaines, de la culture du coton. Mais, il y a peu d’explication. Outre la connotation implicitement libérale - qui fait totalement confiance aux mécanismes du marché, dans les discours au moins - qui n’est pas affichée, on peut aussi regretter certaines imprécisions. Les consommateurs occidentaux n’ont pas de moyens de savoir dans quelles conditions sociales sont fabriqués les produits qu’ils achètent - ici des chaussettes. « Aucun règlement notamment d’hygiène ne semble unifier ces mondes » : logique, l’OMC interdit toute mesure qui permettrait de distinguer les produits sur ces critères sociaux, au nom d’une certaine conception de la concurrence. Trop d’implicite entoure ce panorama sur le monde du coton qui ressemble plus à un roman qu’à un ouvrage documentaire. Pour qui ne connaît pas ce produit, tout semble « rose ».

    Ainsi, l’ouvrage d’Erik Orsenna fait le tour des producteurs de coton, mais sans rendre compte des conséquences sociales et politiques des conflits que génère la compétition pour l’exportation de ce produit. Son style très léger et très vivant nous laisse augurer d’un monde harmonieux, ce qui est loin d’être le cas.

    Voyage au pays du coton, Petit précis de la mondialisation, Erik Orsenna, Editions Fayard, avril 2006, 20 euros.

    6.09 à 19h56 - Répondre - Alerter
PUBLIER UN COMMENTAIRE

Un message, un commentaire ?

  • Se connecter
  • Créer un compte

publicité
1
publicité
2
    Terra eco
    Terra eco
publicité
3
SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
publicité
bas