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29-06-2006

Mittal/Arcelor : un mariage et une facture

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Après des mois de négociations sous le manteau, les groupes Mittal et Arcelor vont donc convoler en noces. Salariés et - petits - actionnaires recevront-ils le faire part-d'invitation ?
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  • Cher M. De Baskerville,
    Vous pointez le revirement des décideurs concernant le rachat d’Arcelor par Mittal.
    Mais il serait dommage que votre talent de polémiqueur soit diminué par les trois oublis que vous commettez.
    1) M. DOLLE ne fera pas partie du nouveau groupe, suite à la lutte qu’il a mené pour s’opposer à Mittal, donc ne l’accusez pas de reniement !
    2) vous affirmez que le revirement est le fait des actionnaires majoritaires, qui y auraient subitement trouvé leur compte. Or ce sont bien les minoritaires qui, à grands coups (et coûts !) de pleines pages dans la presse, ont lutté contre l’option Severstal.
    3) L’offre finale de Mittal est très différente de l’offre initiale, prévoyant un partage de la gouvernance et le maintien de centres de décision européens (et pas seulement un plus grand enrichissement de l’actionnaire Arcelor !). WLC

    29.06 à 15h09 - Répondre - Alerter
    • Guillaume de Baskerville : Mittal/Arcelor : un mariage et une facture

      Quelques remarques :

      Je vous rappelle que mon propos essentiel est d’illustrer la thèse du film The Corporation (et du livre dont il est issu "Psychopathes et Cie") dont un des points importants est que c’est le statut juridique de l’entreprise capitaliste telle que nous la connaissons qui donne non seulement le droit mais fait l’obligation aux dirigeants salariés de défendre l’unique intérêt des actionnaires. Ceci étant rappellé :

      1) Sur les propos de M.DOLLE : il n’a fait que défendre les intérêts des actionnaires (en plus peut-être de son propre intérêt ?) dans un premier temps, et c’était bien son rôle : je rappelle que l’offre de Mittal était initialement bien plus basse que la nouvelle, il y avait donc du grain à moudre...

      2) certes il y a eu des évolutions sur la partie organisationnelle proposée par Mittal, mais il y a surtout eu gros boost du prix proposé pour chaque action (quand même : X2 en quatre mois, pour vous ça peut paraître secondaire mais je vous assure que pour un RMiste ça fait quand même beaucoup !). Vous comprendrez que ma thèse est que en 1) il y a eu le prix proposé en forte hausse, PUIS en 2) (et comme sauce accompagnante) il y a eu ce qui permettait de rendre le revirement "politiquement acceptable" sans trop perdre la face... L’évolution sur le projet sans hausse du prix de l’action aurait donné quoi votre avis ?)

      3) sur les minoritaires, ce que je voulais exprimer c’est que le fait d’être actionnaire ne saurait être vu comme équivalent à détenir un (si ce n’est LE pouvoir) et je pense en disant cela à la poudre aux yeux qui consiste à faire croire au salarié lambda qu’en détenant quelques actions de sa société, il aurait plus son mot à dire qu’en tant que simple salarié... Ce que je voulais exprimer donc (mais le faire dans l’article eût été trop long) est que le véritable pouvoir actionnarial est détenu par ceux qui savent (et ont les moyens de) le concentrer pour l’organiser... ce qu’a (dans une certaine mesure) réussi à faire ici le groupement des minoritaires. Mais des minoritaires qui se groupent sont moins minoritaires... Maintenant, je ne crois pas que des minoritaires soient en mesure de faire décider ce que des majoritaires refuseraient (où alors il y a un tour de magie !).

      Mais en revanche, et puisque Arcelor-Mittal n’était qu’une illustration (polémique je le revendique) d’une vérité plus profonde, je serais intéressé de connaître votre avis sur le fond de l’article qui est que quoi que l’on en dise, avec un statut juridique de l’entreprise tel que défini depuis les débuts du capitalisme (comme le montre très bien le film The Corporation), le salarié a toujours été et restera tributaire du bon vouloir de l’actionnariat dont l’objectif est la maximisation de son gain... Tous les discours du management autour de "l’empowerment" des salariés ne sont que de la poudre aux yeux et des os à ronger pour tenter de masquer cet état de fait...

      Guillaume de Baskerville

      Voir en ligne : Nairu, Le Nom de la Ruse

      29.06 à 22h27 - Répondre - Alerter
      • Guillaume de Baskerville : Mittal/Arcelor : un mariage et une facture

        Juste un petit complément à destination de Monsieur Watson Lechien suite à l’interview que j’ai vue hier soir sur Bloomberg de Romain Zaleski, premier actionnaire d’Arcelor comme vous le savez :

        1) selon ses propres propos, l’offre de Severstal a été rejetée car (je cite) "elle était mauvaise pour les ACTIONNAIRES". Et c’est pourquoi il s’y est opposé lui-aussi... bien qu’il ne soit pas ce qu’on peut appeler un actionnaire minoritaire !

        2) il a précisé que dans l’opération en cours avec l’offre de Mittal, ses gains personnels étaient de l’ordre de... 400 millions d’euros, soit 27 800 années de SMIC excusez du peu ! Alors le projet industriel bla bla bla bla, vous imaginez bien que c’est pas vraiment sa préoccupation première....

        Puisque la question lui était posée, il a d’ailleurs indiqué d’un ton nonchalant qu’il ne briguait aucun poste à responsabilités dans la nouvelle organisation (genre vous savez j’ai autre chose à faire que de m’occuper de toutes ces choses bruyantes et fatiguantes... ).

        Enfin, concernant l’idée que Severstal puisse faire une contre-offre, il n’a pas eu l’air d’y être particulièrement opposé (sur un plan "idéologique" j’entends !), mais a indiqué que cela lui semblait peu probable car l’offre de Mittal représentait déjà "beaucoup d’argent"(!).

        L’argent n’a pas d’odeur, le reste si, c’est pourquoi lui reste bien concentré sur l’argent. Mais encore une fois, il est dans son rôle d’actionnaire que lui confère la loi et le statut juridique de toute entreprise capitaliste. Le folklore autour ça occupe les badauds...

        Guillaume de Baskerville

        Voir en ligne : NAIRU, Le Nom de la Ruse

        30.06 à 10h58 - Répondre - Alerter
        • Cher M. De Baskerville,

          Nos civilisations ont, dans le passé, implanté des colonies en faisant miroiter de la verroterie aux indigènes qu’ils spoliaient de leurs territoires et de leurs richesses.

          Les " 400 millions d’euros" dont vous parlez ne représentent rien d’autre qu’un colifichet que l’on agite sous le nez du corbeau pour lui faire lâcher son fromage...

          Et je trouve savoureux que ce soit un Indien qui joue le rôle du renard. Quel renversement !

          Je serais curieux de connaître votre sentiment sur la fusion Mittal-Arcelor vue comme un symbole de l’inversion du pouvoir entre les économies développées et celles dites "émergentes".

          Bien à vous. WLC

          2.07 à 15h23 - Répondre - Alerter
      • M. De Baskerville (vieille noblesse de robe, isn’t it ?), pour répondre à votre interrogation, j’aurais pu vous dire superficiellement OUI, oui le statut juridique des personnes morales, qui n’a que peu évolué depuis l’époque où les sociétés employaient 11 heures par jour des enfants de 15 ans dans les mines, protège peu les salariés de l’appétit des actionnaires.
        Mais la société - du moins en Occident - s’est dotée avec le temps de garde-fous (l’expression prend ici tout son sens...). Un exemple à mon sens parlant est la façon dont la norme Qualité ISO juge la performance de l’entreprise : en 2000 c’était à l’aune de la seule satisfaction du client, et dans sa future mouture ce seront toutes les parties prenantes de l’entreprise : clients, mais aussi salariés, actionnaires, fournisseurs, collectivités... Tout n’est donc pas si manichéen que vous l’affirmez.

        Cependant je n’adhère pas à un discours diabolisant les entreprises. Mes propres recherches sur les origines du NAIRU m’ont fait découvrir les sources de ce concept (dont je ne nie pas la réalité) au sein des écrits de Karl Marx. Mais pensez-vous vraiment que continuer ce combat, avec ses relents de lutte des classes du 19ème siècle, est la meilleure façon de faire que ce XXIème siècle devienne ce que nous souhaitons pour l’humanité ?

        Je crois pour ma part que les infrastructures de transport induisent le niveau de l’économie tout simplement parce qu’elles permettent les échanges entre les hommes. Ainsi le rail a suscité un développement phénoménal, très orienté vers l’industrie (charbon, acier, pétrole), avec ses dérives (guerres pour le contrôle de l’énergie, exploitation des populations). Nous allons vraisemblablement connaître au cours de ce nouveau siècle une seconde révolution, due à l’épuisement des énergies fossiles et à l’explosion des capacités de transport de l’information numérique. Cette révolution sera tout aussi phénoménale, dans son genre, que la révolution industrielle. Les enjeux seront autres, et de nouvelles dérives, différentes, seront aussi à combattre.

        J’aimerais vous convaincre de consacrer vos remarquables talents de penseur et de critique à tenter de construire les nouveaux modèles que nous attendons, plutôt qu’à accompagner - même avec humour - l’écroulement de l’ancien.

        WLC

        30.06 à 15h11 - Répondre - Alerter
    • REMDOM : The corporation

      Il est étonnant que vous vous étonniez !

      Avez-vous pu voir le film The Corporation, que j’ai vu au Havre voilà bien deux ans.

      C’est une décision de la justice américaine qui a fait au 19ème siècle de l’entreprise une personne. Sans les distinctions de droit qui ont cours en république entre personne physique et personne morale.
      Le film The Corporation montre bien comment cette base juridique a permis d’étendre les modalités juridiques de l’activité de the corporation. Jusqu’à constituer un bouclier, rempart, contre toutes atteintes et permettre le niveau de profit et d’enrichissement actuels.

      Ramener donc les choix de the corporation, c’est-à-dire une "personne" à des comportements individuels s’inscrit dans la logique du capitalisme globalisé. Reprendre l’analyse du psychopathe n’a rien d’incongru. Les cultures non-judéochrétiennes ont probablement beaucoup à nous apprendre.

      Allez donc voir ce film trop rare, plus rare qu’un vulgaire match de foot, cette peste émotionnelle....

      Merci M. de Baskerville !
      REMDOM

      30.06 à 13h04 - Répondre - Alerter
  • Par Guillaume de Baskerville, chercheur indépendant, cadre pendant plus de (...) : Mittal/Arcelor : un mariage et une facture

    Money talks, Shut up !
    La leçon du feuilleton Arcelor-Mittal

    En 2004 sortait un film-documentaire quelque peu atypique et dont la diffusion sortit d’abord à peine des cercles d’initiés. Pourtant, un succès inattendu pour tel type de film amena récemment Canal+ à en programmer la diffusion. Son titre : The Corporation . La thèse de ce film percutant et engagé est simple : l’entreprise capitaliste pure se comporte in fine comme un psychopathe , avec tous les traits afférents à cette pathologie (mensonge, cynisme, insensibilité face à autrui, ...). La raison ? Tout simplement parce que le statut juridique d’une telle entreprise l’amène à agir ainsi : c’est une structure dont la seule et unique raison d’être est la maximisation du profit pour ses actionnaires. Ainsi, non seulement n’a-t-elle pas à être "morale" (surtout pas, sauf si cela est bon pour l’intérêt de l’actionnaire bien sûr), mais en outre un dirigeant salarié qui privilégierait d’autres objectifs que celui défini par ce statut juridique serait-il attaquable pour non défense des intérêts qu’il est censé promouvoir : ceux des actionnaires, un point c’est tout ! Le reste (collectivité, salariés, clients, environnement, etc.) n’est au mieux à prendre en compte que sans préjudice de cet objectif central et premier qu’est la maximisation du profit (on parle désormais de la shareholder value ou valeur actionnariale...).

    Kit de survie du salarié

    Cette lecture de la réalité des entreprises (et au premier chef des multinationales modernes qui se rapprochent clairement de "l’entreprise capitaliste pure" serait sans doute un élément clé du kit de survie du salarié en immersion dans la soupe du capitalisme financier de ce début de siècle. Et ce n’est pas le feuilleton récent Arcelor-Mittal qui viendra le démentir, bien au contraire. Rappelez-vous, il y a encore quelques semaines, l’OPA lancée par le leader mondial de la sidérurgie (Mittal) sur son dauphin et symbole de l’industrie européenne (Arcelor) fut décriée par tous, et en particulier par la direction d’Arcelor, en avançant notamment l’argument massue que le projet de Lakshmi Mittal, le milliardaire anglo-indien à la tête du groupe "agresseur", serait un projet purement financier (l’horreur quoi !) sans A.U.C.U.N.E. cohérence industrielle. Donc mauvais pour tout le monde, y compris pour les salariés bien sûr... Le patron d’Arcelor, Guy Dollé, ne déclara t-il pas que tout opposait son groupe et Mittal Steel, en terme de gouvernance, de stratégie ou d’évolution boursière, et qualifié l’OPA de Mittal "d’opaque, destructrice de valeur et menaçante pour les salariés". Diantre ! On ressortit même le gros mot de patriotisme industriel lorsque le ministre des finances français, Thierry Breton, intervint pour affirmer qu’aucun projet industriel sérieux n’avait été mis sur la table de la part de Mittal, réitérant ainsi ses plus "vives préoccupations".

    Mais entre-temps Arcelor fit mine de convoler avec le russe Severstal, et de fait il convola en justes noces devant les caméras et les troupeaux de journalistes économiques, expliquant à qui voulait en quoi ce projet là était cohérent, lui !

    Oui mais la vérité soulignée par le film The Corporation refit rapidement surface. Car les actionnaires et principalement les actionnaires majoritaires (les seuls qui comptent in fine) voulaient autre chose. Ils voulaient plus. Ils voulaient, comme la loi le leur donne le droit, maximiser leur valeur actionnariale. Alors de manque de cohérence industrielle, de menace pour les salariés, et même de patriotisme européen, ils n’en eurent cure. Et ils finirent par obtenir ce qu’ils voulaient...

    "Money talks" disait la chanson, et c’est pourquoi les "grands patrons salariés" en furent réduits à parler eux aussi, mais parler la langue de bois, pour expliquer ces derniers jours aux mêmes troupeaux de journalistes pourquoi le mal absolu était devenu le bien ultime. C’est leur métier et même plus, c’est leur mandat. Arcelor passera bien sous le contrôle de l’affreux-gentil milliardaire Lakshmi Mittal, au projet industriel inexistant-plein-de-synergies, pour le plus grand mal-bien des salariés européens...

    Et, détail tellement insignifiant que j’ai failli oublier de le mentionner, suite à la nouvelle offre de Mittal Steel, le cours de l’action Arcelor aura été multiplié par deux en l’espace de quatre mois, pour le plus grand bonheur-bonheur des actionnaires ! Comme quoi en cherchant bien il y a toujours un peu de cohérence sous les brumes du folklore...

    Il y a un peu plus d’un an, l’usine Flodor de Péronne dans la Somme était sous le choc : la direction avait fait transférer pendant les vacances une ligne de production en Italie. Les salariés criaient au scandale dans le quotidien régional, en déclarant qu’ils se sentaient trahis parce qu’on leur retirait LEUR outil de production ! Leur outil ? Mais où avaient-ils bien pu voir cela ? Ou plutôt comment avaient-ils bien pu le croire ? Ce type de propos n’est pas inhabituel dans la bouche des salariés. On peut certes comprendre leur réaction, mais on doit aussi reconnaître à quel point ils sont tombés dans l’illusion la plus grave en avançant de tels arguments. Bien sûr travailler durant 20 ou 25 ans dans une entreprise crée des liens humains et affectifs qui peuvent expliquer un tel désespoir, bien sûr le management moderne fait tout ce qu’il peut pour accroître cette affectivité apparente et faire se comporter le salarié locataire de son poste comme s’il en était propriétaire-actionnaire. N’ai-je point entendu un "consultant agréé Medef" dire il y a quelques années aux ouvriers smicards d’un atelier qu’ils devaient se comporter en "associés actifs" ( !) de "leur" unité de production, comme s’ils étaient propriétaires de leurs outils et de leurs machines ? Ainsi vont les discours du néo-management sur l’autonomie, "l’empowerment" et l’engagement personnel du salarié.

    Mais a défaut d’ouvrir grand les yeux face à une réalité (certes inquiétante), bon nombre de salariés continueront à être bercés par les illusions qu’on leur vend en tête de gondole du rayon économie et management. Un film comme The Corporation, ou un livre comme Psychopathes et Cie, ou encore le feuilleton récent Arcelor-Mittal devraient y contribuer. Notamment à (re)découvrir cette vérité incroyable : dans un système capitaliste, ce sont ceux qui contrôlent les capitaux qui décident pour - et souvent contre - les autres. Le reste n’est que folklore pour divertir, c’est-à-dire faire diversion...

    Découvrir les sites associés de l’auteur :

    Sur le chômage voulu et planifié par : Le NAIRU

    Sur le capitalisme financier et la monnaie

    Sur la souffrance invisible au travail au cœur du management moderne

    28.06 à 17h30 - Répondre - Alerter
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