Les débats sur l'interdiction de la circulation en centre-ville et sur la mise en place de péages revient sur la place publique. L'économiste Bernard Salanié a sa petite idée sur la question.
Voilà nous y sommes : taxe sur les SMS sur les courriels sur le stationnement sur le roulage en plusieurs postes essence+vignette européenne+péage+octroi type gabelou à l’entrée des villes ... et pourquoi pas sur le volume d’oxygène inspiré (c’est déjà fait pour le CO2 expiré par les cheminées) et pourquoi pas sur les vaches qui pètent du méthane à effet de serre......
SVP que l’homme disparaisse et laisse place aux dinosaures..... et la terre sera la terre
Les experts, et les économistes parmi eux, sont confrontés à un problème délicat : comment faire passer une idée sans la caricaturer ? Pour convaincre les décideurs, il faut marteler les mêmes thèmes de manière obsessionnelle, sans surtout donner l’impression d’avoir des doutes - sinon, il se trouvera toujours autour de la table quelqu’un de moins informé et donc de plus sûr de lui. Mais une fois la victoire remportée, les difficultés commencent, puisqu’il faut bien nuancer dans l’application la position qu’on avait défendue sans réserve auparavant.
Le traité de Kyoto est un bon exemple. Réduire les émissions, très bien (même si c’est déjà râpé, chez les méchants - les Etats-Unis - comme chez les gentils autoproclamés - la France). Mais comme tout étudiant de mastère le sait, on peut le faire par les quantités - les marchés de droits - comme par les prix - la taxe au carbone. Les économistes ont tant dépensé d’énergie depuis quarante ans pour expliquer le principe des marchés de droits à des politiques très réticents qu’ils se sont trouvés bien démunis pour leur expliquer ensuite que compte tenu des spécificités du réchauffement climatique, une taxe au carbone serait peut-être plus indiquée en l’occurrence.
Un article de Richard Arnott (en anglais), de Boston College, qui est l’un des meilleurs spécialistes mondiaux de l’économie urbaine, offre une nouvelle illustration de ce "dilemme de l’expert". Il s’agit cette fois des "congestion charges", soit du paiement d’un droit pour circuler dans les centre-villes hors heures creuses, par exemple. Comme on le sait, Londres a récemment créé un tel système, qui a induit une nette baisse (de l’ordre de 30%) de la circulation au centre ville. Il y a longtemps que les économistes essaient de faire passer l’idée que ceux qui imposent une externalité négative (si je décide de conduire en ville, j’accrois les embouteillages) doivent payer. Il s’est passé à Londres ce qui se passe à Paris : le maire satisfait sa clientèle (les habitants de Paris intra-muros) en rendant la circulation plus coûteuse (aux dépens notamment des banlieusards), d’où la relative popularité de ces mesures. Ceci dit, Arnott relève plusieurs inconvénients :
* ces systèmes coûtent (encore) cher à installer et à gérer ; ce coût doit être retranché du bénéfice supposé, et le bilan, même à Londres, devient discutable.
* la taxe décourage les banlieusards de venir travailler en ville ; elle crée donc une "distorsion" qui n’est pas négligeable (sans parler des commercants). Les villes ne sont pas des monstres nés par hasard : elles procurent des "économies d’agglomération" en concentrant des talents complémentaires. La taxe rend ce processus plus difficile.
* Il y a d’autres moyens de réduire le coût de la congestion, et notamment le coût du parking et la construction de transports en commun depuis la banlieue---une vieille antienne, mais toujours d’actualité.
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