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18-05-2006

"Les multinationales n’ont aucun intérêt à quitter la Bolivie"

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La Bolivie nationalise ses hydrocarbures. Les multinationales vont-elles vraiment quitter le pays ? Que vaut la politique du nouveau président du pays ? Va-t-elle se répandre sur le continent ? David Recondo, chercheur au Centre d'études et de recherches internationales, nous explique la situation.
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    Terra Economica - La nationalisation des hydrocarbures revêt une dimension idéologique et politique. Qu’en est-il sur le plan économique ?

    David Recondo - L’occupation manu militari des exploitations de gaz le 1er mai, n’équivaut pas à une expropriation. C’est un geste théâtral destiné à calmer les mouvements les plus radicaux qui ont soutenu la candidature de Morales, en décembre dernier. Cela ne change rien à ce qui était accordé avec les entreprises étrangères : l’établissement, sous 180 jours, de nouveaux contrats d’exploitation, avec des royalties de 50%, et un taux d’imposition fixe revu à la hausse. Mais surtout, il s’agit de contrats prenant pour base le cours actuel du gaz. Les entreprises étaient d’accord, je pense qu’elles le seront toujours (mais les négociations continuent, de façon confidentielle...). Elles ne devraient pas refuser, car dans ce genre d’industrie, l’investissement en infrastructure met des decennies à être amorti. Bref, les transnationales (Petrobras en premier lieu), n’ont aucun intérêt à quitter la Bolivie.

    La Bolivie, en renvoyant plusieurs multinationales dans leurs cordes marche sur les tracs du Venezuela et avant lui de Cuba. Doit-on s’attendre à une vague de "nationalisme économique en Amérique latine". Et si oui, pourquoi ?

    David Recondo - Evo Morales n’est pas l’homme de paille d’Hugo Chavez, il a marqué ses distances avec ce dernier à plusieurs reprises... Ce qui n’empêche pas Chavez de le courtiser, comme il le fait avec tous les dirigeants qui veulent bien se laisser faire. En outre, Morales n’est pas seul et, contrairement à Chavez au Venezuela, il ne détient pas toutes les ficelles du pouvoir : les organisations syndicales et politiques diverses (à commencer par les "cocaleros") constituent de véritables contre-pouvoirs... Par contre, il est vrai que les soutiens économiques et en expertise (alphabétisation, élaboration des listes et cartes d’électeurs, etc.) fournis par Chavez, peuvent créer un rapport de clientèle défavorable à Morales (réciprocité oblige, Chavez peut exiger un renvoi d’ascenseur sur le plan de la politique étrangère, notamment envers les Etats-Unis). Mais c’est trop tôt pour se prononcer.

    Enfin, je crois qu’effectivement on peut s’attendre à une réorientation des politiques économiques, avec un rôle plus actif de l’Etat, sans pour autant qu’il y ait étatisation des différentes secteurs d’activités. Je pencherais plutôt, étant donné les marges de manoeuvre (étroites) de la plupart des pays latino-américains (dette externe oblige, risque de retour à l’inflation galopante) à une régulation étatique plus poussée, à travers une redéfinition des politiques fiscales et des politiques sociales compensatoires (lutte contre la pauvreté, développement social, subventions publiques dans les domaines de l’éducation, de la santé, etc.). Dois-je ajouter que Cuba (pardon, Castro...) ne fait que s’accrocher à Chavez et sa révolution bolivarienne, dans l’espoir de renaître de ses cendres. Autrement dit, n’inversons pas le sens des rapports de force et d’influence : Chavez mène la dance, pas Castro... Avec un baril de pétrole à 75 dollars, l’émir de Caracas peut se payer ce qu’il veut, et (presque) qui il veut !

    La Bolivie est le pays le plus pauvre du continent. La voie choisie par Evo Morales convient-elle au FMI et peut-elle fonctionner ?

    David Recondo - La voie choisie par Morales n’est pas tout à fait définie... il n’y a pas un programme clos. Par ailleurs, je le répète, il doit négocier en permanence avec les forces (très diverses) qui le soutiennent. Il va devoir arbitrer sans cesse, avec les conseils de son vice-président, Garcia Linera, dont l’orientation social-démocrate semble, pour l’instant (rien n’est gravé dans le marbre) l’emporter sur son passé marxiste-léniniste. Le FMI, tout comme la Banque mondiale et la BID, semblent avoir compris qu’il faut traiter en priorité le problème de la pauvreté et, surtout, des inégalités. Je ne crois pas qu’ils voient nécessairement d’un mauvais oeil les politiques de "redressement" social mises en oeuvre par le gouvernement bolivien, à condition que celui-ci donne des garanties de sécurité juridique et de stabilité institutionnelle. Bref, d’accord pour une modification des contrats d’exploitation en faveur de l’Etat bolivien, mais à condition que ces contrats soient respectés et durables. La communauté "financière" internationale reste donc vigilante, mais préfère que le gouvernement de Morales jouisse d’une certaine stabilité, plutôt que de retourner au chaos des 4 dernières années.

    David Recondo est chargé de recherches au Ceri (Centre d’études et de recherches internationales)

    17.05 à 23h24 - Répondre - Alerter
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