"Le PSG ne sera pas délocalisé"

Canal+ a officialisé la cession pour 41 millions d’euros du Paris Saint-Germain au fonds d’investissement américain Colony Capital, spécialisé dans l’immobilier, associé au fonds d’investissements français Butler Capital Partners et au groupe de services financiers Morgan Stanley. Frédéric Bolotny, chercheur en éonomie du sport à Limoges réagit.

Terra Economica : Le feuilleton de la vente du Paris Saint Germain a duré des mois. Un club de football a-t-il donc si peu de valeur ?

Frédéric Bolotny : Il est très difficile de définir la valeur d’un club de football. Ce n’est - dans la plupart des cas - pas la rentabilité directe qui est recherchée par l’investisseur potentiel. Quand je dis "rentabilité directe", je pense à deux vecteurs possibles. La distribution de dividendes ou la plus value lors de la revente. ce qui est recherché, c’est la rentabilité indirecte. En fait, un club de football est clairement un outil de lobbying. Lorsqu’on voit par exemple, un acteur financier spécialisé dans l’immobilier mettre de l’argent, on peut légitimement penser qu’il vise les collectivités publiques.

Mais tout de même, 41 millions d’euros pour un club comme le PSG, cela ne semble pas énorme...

Frédéric Bolotny : Si on rapporte cette somme au chiffre d’affaires du club, on arrive à peine à 50%, et je ne parle même pas d’une saison où le club dispute la Ligue des Champions... Bon, même si l’exercice mathématique est insatisfaisant, je concède effectivement que 41 millions d’euros, ce n’est pas une grosse somme. Maintenant, il faut aussi regarder l’actionnaire vendeur, à savoir Canal+. Il y avait pour lui, obligation de préserver son image, et je dirais même de trouver des repreneurs solides capables - au moins sur le papier - d’offrir une concurrence à l’Olympique lyonnais qui écrase le championnat et lui ôte de l’intérêt médiatique.

Le fait qu’il y ait un actionnaire étranger parmi les repreneurs est-il inquiétant ?

Frédéric Bolotny : Une certitude tout d’abord : Paris ne va être ni démantelé, ni délocalisé. Je dirais que plus que l’origine des capitaux, c’est leur traçabilité qui est importante. Il s’agit avant tout d’être vigilant. Mais j’ajouterais qu’il ne faut pas perdre de vue la logique sportive. Et c’est un économiste qui vous parle. 19.04 à 19h45 - Répondre - Alerter