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6-04-2006

L’entreprise solidaire est-elle une utopie ?

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  • Luigi Chiavarini, Professeur d’économie et de finance auprès d’INVESTA : L’entreprise solidaire est-elle une utopie ?

    Les acteurs économiques respectent les dimensions financières et technologiques de la stratégie d’entreprise. Parfois ils intègrent l’aspect social du sujet, mais trop rarement il le relie au monde naturel, éludant, par conséquence, la question de savoir comment la stratégie se rattache à ses objectifs ultimes (l’humanité et l’épanouissement de l’homme) et aux moyens ultimes (la capacité de la biosphère à assurer la vie).

    Toute activité - quel qu’en soit l’objet, le lieu et le temps - est affectée de façon directe ou indirecte, immédiate ou finale, par une détérioration écologique et socio-économique quel que soit l’endroit où celle-ci se produit. Le monde de l’entreprise fonctionne à l’intérieur, et donc est complètement dépendant, des processus vitaux de la biosphère qui assurent notre existence.

    Le système économique agit sous l’impulsion du système « nature » (Energie, Matières premières, Biodiversité) Epuiser ce carburant et la machine s’arrête. De la même manière, le bien-être des entreprises passe par des systèmes sociaux et naturels en bonne santé. Le monde des affaires ne peut prospérer en l’absence de citoyens éduqués, d’une sécurité et d’un ordre publics, de cadres juridiques adaptés, du respect des lois et de ressources en termes d’épargne et de crédit mais également en terme de matières premières et de biodiversité. Il semble donc logique qu’une entreprise s’attache à protéger et à restaurer si besoin est, l’intégrité et la productivité des processus vitaux qui assurent notre existence.

    Durer

    Une société faite pour durer vit sur le « revenu » généré par son stock de capital, et non en appauvrissant ce dernier. En revanche, l’opinion diverge sur la définition du terme capital, des conditions et des règles exactes visant à assurer des voies de développement à la fois équitables pour les différentes cultures et efficaces dans le temps. [La clef est dans le] développement durable. Celui-ci suppose que le capital naturel et social complète le capital industriel au lieu de s’y substituer. Il est impératif que chaque type de capital reste intact, car la productivité de l’un dépend de la disponibilité des autres. A partir de là, il est possible d’évaluer les éléments du capital industriel (les usines, les bâtiments, les machines, les outils, les technologies, l’infrastructure et les produits) en fonction de ses conséquences sur les quatre types de capital primaire :

    1) écologique (ressources cycliques et renouvelables, biodiversité, fonctions et services biologiques,) ;

    2) matériel (ressources géologiques ou non renouvelables comme les minerais, les combustibles fossiles et les eaux souterraines) ;

    3) humain (connaissance, compétences, santé, alimentation, sécurité et motivation des personnes) ;

    4) social (ce qui a trait à la société civile, à la cohésion sociale, à toute ce qui facilite la coordination et la coopération dans l’intérêt commun).

    Une société réellement faite pour durer est une société qui organise son économie de façon à assurer la conservation de son stock de capital écologique, matériel, humain et social, adhérant ainsi à la sagesse populaire : « Qui veut voyager loin ménage sa monture ».

    Pour renforcer sa pérennité, l’entreprise doit organiser son économie dans l’objectif d’investir dans ses stocks de capital primaire et de chercher à les accroître.

    [Dans cette vision des choses], les développements économique et technologique sont à la fois axés sur les êtres humains et basés sur la nature. Par conséquent, on évite de détruire les écosystèmes, on protège la productivité et la diversité biologique, on modère le flux physique entropique de matière et d’énergie et on convertit l’économie afin de s’appuyer sur les ressources perpétuelles et sur les technologies résistantes. L’entreprise, la société durable socialise l’ordre civique et la prise de décision, démocratise ses environnements politique et professionnel, humanise la création de capital et le travail et concrétise la satisfaction des besoins de l’humanité, en assurant la suffisance nécessaire pour répondre à ceux qui sont fondamentaux pour les générations futures.

    A défaut de cette prise de conscience urgente, la croissance profitable se heurterait au mur de la nature, et le capitalisme ainsi que l’humanité s’éteindraient faute de nature à exploiter, à transformer en profit.

    Les principaux défis du dirigeant d’entreprise et du politique sont de réunir le développement durable du capital (écologique, matériel, social et humain) et la croissance profitable en une complémentarité créatrice de sens et de valeurs solidaires pour nos contemporains et les générations qui nous succéderons. Pour ce faire il va falloir intégrer ces dimensions dans la définition de la stratégie de gouvernance de l’entreprise et progressivement migrer de la culture de la dictature du profit à court terme à celle de la démocratie du développement à long terme et ceci dans un inévitable mouvement de ralentissement de la croissance occidentale.

    3.04 à 17h24 - Répondre - Alerter
    • Analyse très intéressante encore une fois.

      Pour renforcer sa pérennité, l’entreprise doit organiser son économie dans l’objectif d’investir dans ses stocks de capital primaire et de chercher à les accroître

      Là est le problème, l’entreprise n’a pas de stocks propres de capital primaire comme définit dans le texte. Sa gestion ne porte que sur son capital industriel et financier. Les autres capitaux sont des biens communs, gérés par conséquent par la communauté ; du moins le devrait-il.

      6.04 à 13h19 - Répondre - Alerter
    • Je suis entièrement d’accord avec cette analyse. Cependant ce fonctionnement idéal est perverti par le système de retour sur investissemnt des actionnaires. N’ayant plus de lien sauf financier avec l’entreprise, il ne peuvent réfléchir que court terme, à savoir sur le temps d’une vie d’homme adulte , 50 ans maximum. Sur cette période ils demandent à l’entreprise le rendement le plus important, ne se souciant pas du pillage des stocks ou de la gestion du climat social.

      Et c’est cette vision à court terme, rendu obligatoire par la démission des états, donc l’obligation pour les gens de subvenir à leur propres besoins par des placements capitalistiques à rendement immédiat, qui rend impossible la généralisation de l’entreprise solidaire.
      En un mot le libéralisme ne permet pas la solidarité.

      6.04 à 14h36 - Répondre - Alerter
    • Dans un monde idéal, on aime son voisin et on vit harmonieusement dans l’ordre des choses...
      Dans le vrai monde, on conduit parfois à vitesse excessive pour arriver à l’heure à son rendez-vous, on décongèle une tarte plutôt que d’en préparer une, et on part en vacances en voiture ou en avion plutôt qu’à bicyclette : la commodité nous fait utiliser des raccourcis, qui ne sont pas forcément bons pour la planète...

      "A défaut de cette prise de conscience urgente", on risque des problèmes mortels ? c’est ce qu’on dit régulièrement à des centaines de millions de fumeurs de par le monde, avec les résultats que l’on sait. Les "défis" du développement durable sont peut-être ceux du dirigeant d’entreprise et du politique, mais c’est de ce dernier (et de la société civile associant consommateurs, salariés, et actionnaires responsables), certainement plus que du premier, que doit venir l’exigence d’une gouvernance durable. La sur-régulation est étouffante, certes, mais l’absence de régulation laisse la porte ouverte aux raccourcis et abus de toute nature.

      Par ailleurs, "un inévitable mouvement de ralentissement de la croissance occidentale" me paraît trop réducteur : il importe d’abord de bien définir la croissance (ou mieux encore, le développement) en y intégrant l’état de santé des populations, la qualité de vie, le niveau démocratique et culturel, l’état des milieux etc. et plus seulement l’activité de la sphère des échanges marchands (vit-on moins bien si on s’échange des légumes entre voisins plutôt que de les acheter au marché ?). Une fois ces corrections apportées, il n’est pas forcément indispensable que le développement occidental se ralentisse : si une vraie valeur ajoutée (p.ex. médecine préventive plutôt que palliative, ou innovations technologiques énergétiquement plus sobres, etc.) est créée, il n’y a pas d’impératif au ralentissement occidental. Néanmoins les autres parties du monde ayant certains rattrapages à effectuer, leur développement sera bien sûr plus rapide que le nôtre.

      P.H.

      Voir en ligne : Sortir de l’obsession du PNB (rubrique 2004)

      6.04 à 17h02 - Répondre - Alerter
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