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8-03-2006

Des vaccins pour les pauvres

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  • Bernard Salanié : Des vaccins pour les pauvres

    On accuse souvent les économistes d’insensibilité face aux malheurs du monde : nous prêcherions, comme Pangloss en somme, que le marché nous sauvera tous et que l’inaction est la vertu cardinale. Ce reproche nous est souvent adressé par des gens "aux idéaux généreux", comme on dit encore parfois en France pour excuser les erreurs les plus criminelles de ceux qui ont pris leur idéologie pour un guide pratique ; mais passons.

    "Mettre les sous"

    Bien sûr, le monde ne va pas bien ; et il est profondément injuste. Ceux (comme moi) qui ont eu la chance de naître au bon endroit, au bon moment, et avec un patrimoine génétique qui les prédisposait à obtenir une qualification rare ou "utile" n’ont mérité aucun de ces avantages. Dans un monde égoiste, c’est tant pis pour les autres ; et (c’est le sujet de ce billet) ils sont condamnés à souffrir de maladies comme la malaria qu’on pourrait sans doute éliminer si "on y mettait les sous".

    Jusqu’ici, il y a consensus pour refuser cet égoisme (au moins verbalement). Les difficultés commencent quand il faut déterminer qui au juste doit mettre les sous. D’ un coté, il y a ceux qui pensent qu’il est immoral de "faire des profits sur le dos des pauvres" et que les entreprises pharmaceutiques doivent fournir un vaccin contre la malaria à prix coûtant. De l’autre, ceux (on aura deviné où je me place) qui estiment que dans la mesure où les citoyens des pays riches veulent que ceux des pays pauvres soient soignés, c’est à eux, à travers leur expression collective étatique, de mettre la main à la poche : en bref, aux gouvernements des pays riches de payer, plutot qu’aux actionnaires des entreprises pharmaceutiques, dont on ne voit pas bien pourquoi ils devraient supporter ce fardeau. Les partisans de la première option ont (ou pourraient avoir) trois arguments a priori raisonnables :

    - "Les entreprises pharmaceutiques font leur beurre sur le dos des pauvres" : mais compte tenu du faible pouvoir d’achat des pauvres, la part des profits des entreprises pharmaceutiques qui provient de ces consommateurs est faible---surtout dans le domaine de la malaria, où ces entreprises n’ont aucun intérêt à investir ;

    - La mondialisation a ouvert aux entreprises (de tous les secteurs), avec l’ouverture de nouveaux marchés, la possibilité de recouper plus rapidement leurs coûts de développement. C’est probablement vrai dans ce secteur, et il peut donc y avoir de bonnes raisons de réduire la durée de vie des brevets. Mais cela ne va pas jusqu’a justifier la première option.

    - Les grandes innovations médicales (la vaccination, la pilule) ont été réalisées par des chercheurs qui n’etaient pas mus par la recherche des profits. C’est à mon avis le meilleur argument. Nous ne savons pas vraiment quel rôle la recherche du profit a joué dans la révolution pharmaceutique. Le développement des antibiotiques, par exemple (apres la découverte initiale de Fleming) doit autant a la nécessité de protéger les soldats americains pendant la seconde guerre mondiale. A notre niveau d’ignorance, il me semble toutefois que la prudence serait de ne pas trop jouer avec le système de protection de la propriété intellectuelle avant d’en savoir plus, un principe de précaution a l’envers, en quelque sorte .

    La méthode qui a la faveur de beaucoup d’économistes consiste à subventionner la fourniture de vaccins aux pays pauvres : les entreprises pharmaceutiques les fourniraient au coût marginal (qui est très bas) et les pays riches s’engageraient à leur payer un complément qui leur assurerait un profit suffisant pour rémunérer leurs coûts de développement. Ce complément, en l’espèce, pourrait être dix ou vingt fois plus éleveé que le prix payé par les pays pauvres. Dans cet article de The Economist’s Voice, Owen Barder, Michael Kremer et Heidi Williams expliquent pourquoi cette approche est plus prometteuse, et comment elle pourrait fonctionner en pratique. Ils rappellent notamment que l’Expanded Immunization Programme de l’OMS, qui sauve 3 millions de vies par an, a un rapport coûts-bénéfices de 1 a 5 au minimum - un triomphe, à l’aune des programmes de développement, et à un coût somme toute faible pour les contribuables des pays riches. Il y a urgence à agir en ce domaine.

    Bernard Salanié est actuellement professeur à l’ Université de Columbia (New York) et à l’Ecole Polytechnique.

    8.03 à 12h15 - Répondre - Alerter
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