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16-02-2006
Mots clés
Société
Monde

L’homme qui change les dollars en Big Mac

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Un journal britannique a choisi un hamburger pour mesurer la santé de votre monnaie. Appétissant, mais pas vraiment rassasiant, répondent les spécialistes.
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Un steak haché, trois feuilles de laitue, une tranche de fromage, des cornichons, quelques oignons, le tout faisant trempette dans une sauce aux poivrons rouges séchés, et bien calé sur deux étages de pain de mie au sésame. Tout le monde connaît le Big Mac, ce sandwich commercialisé par McDonald’s dans 120 pays. Partout la même recette, les mêmes ingrédients, au gramme près, à l’exception de l’Inde où le steak est remplacé par du poulet.

Ca fait combien un Big Mac en yuans ?

En 1986, l’hebdomadaire britannique The Economist décide d’exploiter le filon. Il créé « l’indice Big Mac ». Deux fois par an, il publie le classement en dollars de ce hamburger à travers le monde. Et là, pas question de goût, ni d’épaisseur, l’indice s’appuie sur la théorie de la « parité du pouvoir d’achat ». Avec un dollar, dit cette théorie, on doit pouvoir acheter la même quantité de biens partout dans le monde. L’objectif final n’est pas, comme on pourrait le croire, de comparer le coût de la vie d’un pays à l’autre, mais de répondre à une question. Une monnaie est-elle surévaluée ou bien sous-évaluée par rapport à une autre ? Les résultats publiés le 12 janvier placent la Chine en tête. 1,30 dollar le Big Mac contre 3,15 dollars aux Etats-Unis. En mettant en parallèle ces résultats et le taux de change habituellement pratiqué entre le dollar et le yuan, The Economist en conclut que la monnaie chinoise est sous-évaluée de 59 %.

"L’indice Big Mac veut rendre la théorie du taux de change facile à digérer", claironne l’hebdomadaire. L’idée est, certes, séduisante mais tarde à faire l’unanimité chez les économistes. "Cet instrument possède plusieurs qualités  : il est publié très régulièrement, simple et rapide à comprendre. Cela dit, il présente aussi beaucoup de défauts", tempère Nicolas Rautureau, maître de conférences à la Faculté de sciences économiques de Nantes. A commencer par son mode de calcul. Les prix du Big Mac sont exprimés dans la monnaie locale de chaque pays puis convertis en dollars. "Le fait même d’utiliser les taux de change courants est une aberration. Cela ne se fait jamais car on sait très bien qu’ils peuvent être influencés par divers facteurs comme la spéculation ou les mouvements financiers", ajoute Yannick Le Pen, maître de conférences à l’université de Nantes.

Un mode de calcul qui fausse le goût

L’outil souffre d’une autre faiblesse. Il est mono-produit. Pour ses indicateurs, l’OCDE se repose sur un panier de 3 000 produits et services différents. N’avoir qu’un élément de comparaison, a fortiori un bien alimentaire, semble insatisfaisant sur le plan économique. Ainsi, l’indice Big Mac ne tient pas compte des biens non échangeables dont le prix est moins élevé dans les pays à faibles revenus. Une coupe de cheveux est par exemple cinq fois moins chère à Pékin qu’à New York. "Par ailleurs, le panier de biens n’a pas la même structure dans des pays comme la France ou les Etats-Unis et ceux du Tiers-monde. Là encore, ce différentiel n’est pas pris en compte", poursuit Yannick Le Pen. Les résultats de l’indice Big Mac risquent donc fort d’être faussés, notamment lorsqu’on compare pays riches et pays en voie de développement.

L’Union bancaire de Suisse (UBS) contourne l’obstacle et propose une variante. L’idée consiste à mesurer le coût local d’un Big Mac en fonction du temps de travail qu’il représente pour un salarié. Il faut ainsi 9 minutes à Chicago contre 3 heures à Nairobi ! "C’est un indicateur plus fiable car il prend en compte les différents salaires des pays mais il est plus compliqué et moins fréquemment publié", remarque Nicolas Rautureau.

L’indice Big Mac est en fait performant quand il regarde au loin. Lors du lancement de l’euro en 1999, il révélait que la monnaie européenne était surévaluée, laissant entendre qu’elle allait baisser. Une analyse qui allait, à l’époque, à l’encontre de l’avis de nombreux économistes. L’indice avait pourtant vu juste. Coup double avec le yuan aujourd’hui ? Dans le sens inverse alors. La monnaie chinoise est considérée, par l’indice Big Mac, comme fortement sous-évaluée (ce qui explique pourquoi les vêtements chinois sont à bas prix), et devrait repartir à la hausse dans les mois et les années à venir. Or, cette fois-ci, le sandwich n’est pas seul contre tous puisque les Etats-Unis partagent cette analyse.

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