Vous avez forcément déjà vu cette silhouette noire de taureau, la corne altière et l’entrejambe avantageux. Dans l’inconscient collectif mondial, il incarne la virile Espagne. Mais voilà, ce fringant toro appartient en fait à Osborne, un groupe de spiritueux local. Dont le logo, créé en 1956, a accédé à la célébrité sous la forme d’un gigantesque panneau de tôle découpée de 13 mètres de haut, planté le long des routes du pays. Il a depuis décroché quelques rôles au cinéma : le film Jamon Jamon, avec Penelope Cruz, lui réservait une place de choix et il orne le T-shirt d’un des personnages d’Elephant de Gus Van Sant. Les fabricants de T-shirts, casquettes et autres attrape-touristes l’ont bien sûr reproduit ad nauseam.
La force obscure du copyright allait-elle laisser ce fier bovidé enrichir des inconnus ? Bien sûr que non. Osborne vient de faire appel de l’acquittement de quatre commerçants locaux, qui ont utilisé son toro. C’est son droit le plus strict. Mais c’est oublier un peu vite que ces panneaux publicitaires, condamnés à la destruction dans les années 1990, ont été grâciés par le Tribunal suprême, estimant que le bestiau avait "dépassé son sens publicitaire". Bref, qu’il appartenait au patrimoine national. Un patrimoine qu’Osborne s’accapare quand ça l’arrange...
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