- Quelle signification revêt, pour vous, cette dette des pays pauvres ?
Calixthe Beyala - Je ne veux même pas entendre prononcer ce mot. Lorsque l’on regarde ce qu’a pu signifier l’esclavage, la colonisation et la néo-colonisation, on ne peut décemment pas employer ce terme. Les hommes n’ont pas changé. Ils sont les mêmes depuis la nuit des temps. Qui sur cette planète produit les matières premières ? Qui les consomme et qui en fixe les prix ? La dette n’est qu’un moyen d’exploitation. Rien d’autre.
Les promesses d’annulation et les débats en cours vous semblent-ils à la hauteur de la situation ?
Calixthe Beyala - Aucunement. Il suffit de regarder la liste des conditions qui vont avec. Regardez les difficultés générées par les programmes d’ajustement structurel mis en place par le FMI ! On nous fait des annonces à coups de roulements de tambour. Mais ce qu’il conviendrait de faire c’est une annulation pure et simple. L’argent économisé servirait à financer des structures scolaires et des programmes de santé.
- Quel avenir prédisez-vous aux pays endettés ?
Calixthe Beyala - Je voudrais être très optimiste et imaginer les êtres humains s’asseoir à la même table. Mais quand je regarde les rétractations communautaires, je vois plutôt un avenir fait de guerres très violentes visant à rééquilibrer le monde dans lequel nous vivons. Il semble évident que la douleur et le mal-être de l’Afrique touchent l’occident de plein fouet. Le tout n’est que l’accumulation de parties.
Calixthe Beyala est française d’origine camerounaise. Elle est écrivain, auteur d’une dizaine de romans ; Son dernier ouvrage - La Plantation - est paru en 2005 chez Albin Michel.
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