Hommage au discours pompier

Hommage au discours pompier

S’il existe deux ou trois pyromanes parmi les soldats du feu, ce n’est pas pour autant que cette profession emporte un sentiment de rejet, de dégoût parmi la population. Au contraire, elle conserve la sympathie de tous dans une relation d’admiration, de respect. Qu’est-ce qui fait donc que les déclarations d’un seul au sein de la classe politique nous font exécrer l’ensemble des acteurs du jeu politique hexagonal ?

Chacun sait que les élus de terrain n’ont pas la vie facile entre les responsabilités à assumer (qui peuvent les entraîner au pénal pour un panneau de basket mal fixé au sol), les compétences à maîtriser, la disponibilité totale exigée, etc. Pour autant, nos représentants élus sombrent aux yeux de beaucoup dans le précipice de la désillusion creusée par le "Novlangue" et le comportement iconoclaste de la bande à M. S. La caisse de résonance produite par ces déclarations calculées sur la "racaille", la polygamie comme facteur d’émeute (certes, elle est illégale !), la célébration provocante des mots pourtant récusés d’Alain Finkielkraut étouffe tout propos raisonné sur la réalité urbaine contemporaine développée par de nombreux politiques de toute tendance (de Patrick Braouzec à Azouz Begag).

Sous couvert d’un prétendu nominalisme (la grande avancée du moment !) et dans l’attente de la "rupture" qu’il mettra en oeuvre, M. S. installe la confusion et le désordre en digne héritier des méthodes des pires comploteurs du 13 mai.
Il est temps pour l’ensemble des élus de dire "stop". Mais qui voudra s’opposer à celui qui dirige l’Administration des collectivités territoriales, l’Intérieur, et les prochaines investitures du parti majoritaire ? Le salut viendra de l’artiste, à l’image d’un Aimé Césaire s’opposant à la démagogie ambiante, et qui nous dit à tous : le dialogue plutôt que l’invective, l’écoute et non l’esbroufe, l’analyse en guise d’agitation.

Le salut viendra aussi des élections mais éviterons-nous le pire pour avoir le meilleur ?
Il est temps de rendre la politique au Politique et la prévention du feu aux pompiers, la société s’en portera mieux.

Hervé Fournier, 5 décembre 2005

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