Une longue colonne serpente sur le bord de la route. Des hommes de tout âge, attendent et regardent passer les voitures. La scène est quotidienne et se déroule dans le centre de Cape Town en Afrique du Sud. Il y a quelques années, Vuyisile était l’un deux. Noir, la trentaine et marié, ce père de deux enfants venait se planter sur le trottoir tous les matins. Pour une heure, pour une journée, il proposait sa force de travail. Jardinier, il errait de tâche en tâche sans véritables perspectives, avant de rencontrer les membres de l’ONG Men of the side of the road (MSR).
- Plus de 50000 personnes battent chaque jour le pavé en Afrique du sud dans l’attente d’un job. Crédit DR.
"Il a vraiment suivi toute notre chaîne d’actions", explique Jocelyn Freed l’une des responsables de l’organisation à but non lucratif. Recensé, évalué, formé, puis placé pour un emploi vacant, Vuyisile est même revenu au sein de l’ONG pour faire profiter d’autres sans-emploi de son expérience. Aujourd’hui, l’homme a quitté l’asphalte et monté une halte garderie dans son quartier.
Debout et dignes
Plus de 150000 personnes sont ainsi passées dans les services de MSR depuis 2001, année de la création du projet. A l’origine de l’idée, Charles Maisel, un économiste sud-africain révolté par les inégalités et obsédé par l’objectif d’un "monde meilleur". "Il fallait d’abord redonner de la dignité à ces personnes". C’est chose faite avec l’installation d’un espace d’accueil sanitaire et psychologique au sein de l’ONG. Deuxième étape, la collecte de fonds. Charles Maisel sort son portefeuille et investit 50000 dollars dans l’aventure. Une broutille qui va malgré tout essaimer. Aujourd’hui, des partenaires de tous horizons se sont rangés derrière les colonnes de chercheurs d’emploi : des entreprises, le gouvernement sud-africain, la région de Cape Town, et des donateurs privés.Pour autant l’ONG ne veut pas jouer les assistées et refuse qu’on la tienne par la main. "On ne veut dépendre que de nous-mêmes, lâche Jocelyn Freed, notre objectif prioritaire est l’autonomie du projet", martèle de son côté Charles Maisel. C’est pour cette raison que l’équipe a mis en place un service de rénovation et de vente d’outils au sein duquel travaille les demandeurs d’emploi. Pelles, pioches, cisailles, tondeuses et débroussailleuses trouvent une seconde vie dans les ateliers de MSR et repartent ensuite dans le circuit. Une source de revenus essentielle dans la stratégie.
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