"Super PEA"

Quoi de plus austère et triste qu’une réforme de l’épargne ? C’est pourtant une édifiante philosophie économique qui se dessine avec le projet de loi de finances rectificatif pour 2005, que vote actuellement le Parlement. Son principe, retirer un peu aux pauvres pour donner un peu aux riches. La recette est simple : rabotez d’abord discrètement l’épargne "réglementée" (PEL, Livret A, LEP, etc.), à laquelle ont surtout recours les ménages les plus modestes. Une petite chute de rémunération par ci, la suppression d’un avantage par là... Puis, en catimini toujours, allégez la fiscalité, déjà fort avantageuse, sur les PEA (plans d’épargne en actions) qui, comme chacun sait, sont rarement détenus par les smicards. Cerise sur le gâteau : créez officieusement ce que Le Monde (4-5/12) appelle un "super-PEA", et élevez de 7500 à... 15000 euros le seuil en-dessous duquel les plus-values sont exonérées. Dernier bonus, les plus-values enregistrées depuis plus de huit ans sont totalement exonérées d’impôts. Ouf. La fracture entre riches et... très riches se réduit à vue d’œil.