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12-07-2011
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Finance
Monde

Les stress tests expliqués aux enfants

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Les stress tests expliqués aux enfants
(Crédit photo : Johnmoore6/wikipedia)
 
Vendredi 15 juillet seront publiés les résultats des « stress tests » ou tests de résistance effectués sur 91 établissements financiers européens. Mais que sont-ils au juste ? Et surtout permettent-ils de prévenir une faillite ?
Le Baromètre de cet article
ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Stress test : Exercice consistant à simuler des conditions économiques et financières extrêmes mais plausibles afin d’en étudier les conséquences sur les banques et de mesurer leur capacité de résistance à de telles situations.

Les tests de résistance bancaire ont été mis en place par les Banques centrales et les Autorités en charge de la supervision bancaire (en France, la Commission bancaire et maintenant l’Autorité de contrôle prudentiel, l’ACP) à la fin des années 1990. Dès cette époque les crises bancaires et financières plus fréquentes et notamment la crise asiatique de 1997, avaient mis en évidence le rôle de la détérioration des facteurs macro-économiques (évolution de la consommation et des investissements, récession…) dans le déclenchement des crises bancaires. Ces facteurs n’étaient pas suffisamment pris en compte dans les autres méthodes de régulation et de supervision bancaires (ratios prudentiels, contrôle interne des risques, suivi individuel des établissements financiers par les autorités de supervision comme par les agences de notation).

Un test de résistance consiste à définir plusieurs scénarios à un horizon d’un ou deux ans qui seront appliqués aux portefeuilles des banques (crédits, placements, dette) afin de mesurer leur évolution. Un premier scénario dit de base ou central, reprend les principales prévisions macroéconomiques existantes. Les résultats obtenus en appliquant ce scénario sont alors comparés à ceux que génère un autre scénario, dit dégradé ou extrême. Ce dernier table généralement sur un fort ralentissement de la croissance, souvent même une récession, une hausse du chômage, une chute des marchés boursiers, une hausse des crédits non remboursés… Il s’agit d’étudier non seulement les risques pouvant peser sur tel ou tel établissement financier soumis au test mais aussi les risques de contagion pouvant générer une instabilité du système financier. Les chocs étudiés doivent être importants mais réalistes. Ils ont une probabilité faible mais non nulle.

Les tests sont en général conduits selon une logique « top down », de haut en bas, pour mesurer l’effet de chocs globaux sur l’ensemble du système bancaire et l’effet spécifique sur les grands groupes bancaires. Des analyses « bottom up » (partant du bas) sont aussi menées sur une base individuelle à l’échelle des banques elles-mêmes, et peuvent éventuellement être agrégées par les Autorités de supervision. Le test vise à mesurer notamment l’impact du choc macro-économique sur les volumes et les risques de crédit portés par les banques, sur la valeur de leurs actifs et in fine sur leur ratio de solvabilité.

Un test doit ainsi faire apparaitre la capacité des banques à affronter les tempêtes économiques éventuelles, la sous capitalisation éventuelle de certaines d’entre elles et la fragilité éventuelle d’un système bancaire national lorsque une proportion non négligeable d’établissements d’un même pays n’obtient pas des résultats satisfaisants à un test. Dans ce cas, les banques devront, soit augmenter leurs fonds propres (avec ou sans l’appui des Etats), soit opérer des restructurations (réductions des engagements de crédits, concentrations…).

En 2009 aux Etats Unis

Les tests conduits avant la crise des subprimes n’avaient pas décelé la gravité de la crise bancaire qui provenait d’évolutions macro économiques défavorables comme le recul des prix de l’immobilier aux USA. Les tests de résistance n’avaient pas fait mieux que les agences de notation. Après le choc lié à la faillite de la banque Lehmann Brothers en septembre 2008, un test de résistance à grande échelle a été conduit et rendu public en mai 2009 aux Etats-Unis par le Gouvernement et la Banque Centrale des Etats Unis. 19 banques les plus importantes ont été soumises au test. 9 sont apparues suffisamment capitalisées. Les autorités ont exigé des 10 autres de se recapitaliser à hauteur de 75 milliards de dollars pour l’ensemble d’entre elles. Des critiques ont été portées notamment sur l’insuffisante sévérité des hypothèses et des enchainements retenus dans le scénario « catastrophe ». Les grandes banques américaines testées ont pu dans une certaine mesure négocier leurs résultats avec les autorités. L’exercice et la transparence donnée à ces résultats ont cependant eu des effets positifs. Ils ont aidé à dissiper la méfiance généralisée des banques sur leur état de santé et à redonner vie au marché interbancaire des prêts indispensable au fonctionnement normal d’un système bancaire.

En 2010 en Europe

Un test de résistance a été réalisé en Europe en 2010 afin d’apaiser les inquiétudes liées à la crise de la dette souveraine grecque et à la santé du système bancaire. Coordonné par le CESB (Comité des superviseurs bancaires européens), il a étudié la capacité de résistance de 91 grandes banques européennes à deux scenarios négatifs. L’un correspondant à une détérioration de l’économie pendant deux années consécutives, et l’autre incluant en plus un choc sur une dette souveraine. Quatre banques françaises ont été testées : BNP Paribas, Crédit agricole, BPCE, Société Générale. Les résultats ont été publiés en juillet 2010. Ils étaient positifs pour les banques françaises testées. Au niveau européen, sept établissements se sont révélés défaillants et trois n’ont supporté les chocs que de justesse. Mais ce test a été critiqué pour son indulgence. Il n’a pas apporté plus d’information que les notes attribuées par les agences de notation financière, puisque la faiblesse des sept banques ayant échoué au stress test était connue. De plus, aucune de ces banques n’était cotée en bourse. Ce résultat ne concernait pas les investisseurs et n’a donc pas eu l’effet rassurant escompté.

En outre, en juillet 2010, plusieurs banques ayant passé les tests avec succès ont ensuite connu de graves difficultés, notamment les banques irlandaises qui ont dû être recapitalisées en catastrophe par l’Etat, faisant passer le déficit public irlandais de 14 % du PIB en 2009 à 32 % en 2010 et entrainant un rebond de la crise de la dette souveraine dans la zone Euro.

2011 : un nouveau stress test européen

Malgré ces résultats décevants, les dirigeants européens se sont mis d’accord pour opérer en 2011 une nouvelle série de tests de résistance bancaire sous le contrôle de la nouvelle Autorité de supervision bancaire européenne (EBA) en place depuis le 1er janvier 2011.

Pour restaurer leur crédibilité et leur utilité, l’ABE en a durci les conditions. Le test a été fondé sur des hypothèses plus pessimistes quant à la conjoncture économique. Le scénario de crise prévoit par exemple une baisse de 0,4 % du Produit intérieur brut (PIB) de la zone euro pour 2011 et 0 % en 2012, une chute de 15% des Bourses européennes, un taux de chômage moyen supérieur à 10 %. Des ratios de solvabilité plus stricts sont exigés (certains postes du bilan des banques ne seront plus comptabilisés comme des ressources propres). Les banques ont également dû détailler, pour la première fois, leur exposition au risque dit « souverain », c’est-à-dire les montants de dette publique de pays en difficulté qu’elles ont accumulés. Une information d’importance majeure pour les investisseurs. En revanche, les régulateurs ont refusé de tester l’hypothèse de défaillance d’un Etat souverain, estimant que cette hypothèse n’est pas plausible. Les tests continueront d’être réalisés par les banques elles-mêmes, ce qui en limite la portée. Mais les établissements devront tester leurs bilans à la situation figée de la fin 2010, sans pouvoir les « adapter » aux exigences des tests. A l’exception cependant de quatre grands établissements bancaires irlandais, pour lesquels la recapitalisation de 24 milliards d’euros effectuée début 2011 a été prise en compte.

Les résultats ont été rendus publics vendredi 15 juillet 2011. Les quatre principales banques françaises (BNPP, Société Générale, BPCE et Crédit Agricole) ont passé l’examen avec succès. En revanche, 8 banques européennes ont échoué. Il s’agit de cinq banques espagnoles, de deux banques grecques et d’une banque autrichienne. Pour être sécurisées, elles devront rapidement augmenter leurs fonds propres (à hauteur de 2, 5 milliards d’euros) ainsi que s’y sont engagés par avance les Etats européens. S’y ajoute le cas litigieux de la banque allemande régionale de Hesse-Thuringe (Helaba) qui a refusé que l’on publie ses résultats, après avoir contesté la méthodologie. En outre, 16 banques n’ont réussi l’examen que de justesse. Elles devraient également annoncer des mesures de redressement. La Grèce (2 banques en échec et 2 banques fragiles sur 6 testées), qui n’arrive plus à financer sa dette publique auprès des investisseurs privés, va donc devoir trouver des ressources supplémentaires pour réaliser cette consolidation bancaire. Le système bancaire espagnol (12 banques en échec ou fragiles sur 25 testées) apparait également encore loin d’être totalement assaini. Par contre le test a été positif pour les banques de l’Italie du Portugal et de l’Irlande autres pays actuellement au cœur de la crise de la dette publique européenne.

L’avenir dira si ce nouveau test se révèle plus fiable que celui de 2010. Beaucoup dépendra de la validité de l’hypothèse qu’il n’y aura pas de défaut sur la dette grecque et pas de nouvelle flambée de la crise de la dette publique dans la zone Euro.

Cet article a été initialement publié sur le site de La Finance pour tous et mis à jour le 7 avril 2011

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