On pensait que les choses s’arrêteraient nettes une fois le texte voté. Jeudi 30 juin, le Parlement a fermé un pan de porte sur les gaz de schiste. Un pan oui mais pas la porte entière selon les opposants. Ce texte « ne clôt pas le débat, l’embrouille et permet aux sociétés d’attendre des jours meilleurs » a notamment souligné Nicole Bricq, sénatrice socialiste à l’origine d’une des propositions de loi sur les hydrocarbures de schiste. Cette loi « n’apporte aucune solution aux problèmes majeurs que pose le recours à ces nouvelles ressources fossiles : crise climatique, pollution des sols et des eaux, boulimie énergétique », ont à leur tour souligné Les Amis de la Terre dans un communiqué.
Mais pourquoi bigre les opposants frappent-ils encore du poing sur la table ? Peut-être parce qu’au détour de la navette parlementaire, le texte a changé de visage. S’il bannissait au départ une fin – l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels - et promettait même de revenir sur les permis déjà accordés, il s’attaque désormais à un moyen : la fracturation hydraulique pour les permis futurs comme passés. Aussi, à partir de la mise en œuvre de la loi, les entreprises auront-elles deux mois pour apporter la preuve qu’ils n’utilisent pas de fracturation hydraulique.
Ce qu’ils dénoncent encore :
- L’autorisation des « expérimentations à seules fins de recherche scientifique » prévue dans le texte. Pour les ONG c’est déjà trop : en agissant ainsi « la majorité a pris la décision de faire fi des impacts certains de cette technique sur notre environnement et notre santé », ont estimé Greenpeace, Les Amis de la Terre et Réseau Action Climat France dans un communiqué commun. Nathalie Kosciusko-Morizet leur a répondu en affirmant qu’« il n’y aura pas d’expérimentations scientifiques sans une nouvelle loi ».
- La seule interdiction de la fracturation hydraulique et non le bannissement des hydrocarbures de schiste. « L’interdiction de cette seule technique laisse toute latitude à la mise en œuvre d’une autre méthode toute aussi dévastatrice », avait critiqué le sénateur écologiste Jean Desessard en première lecture. Une nouvelle technique ? Mais laquelle, s’énervent les exploitants qui rappellent que la fracturation hydraulique se pratique depuis cinquante ans.
Pourtant des pistes existent. Selon des experts aux ministères de l’Energie et de l’Ecologie, interrogés en juin par La Tribune, « plusieurs recherches et études sont menées aux Amériques comme en Europe ». Parmi les méthodes expérimentées : « la fracturation pneumatique », qui consiste à remplacer l’eau par de l’air comprimé. D’autres recherches sont menées sur des systèmes de fracturation qui désagrègent les roches en leur faisant subir de violents chocs électriques, précise le quotidien. Certes, elles relèvent encore de la « fracturation », mais ne sont pas « hydrauliques » et échapperaient ainsi à la future loi. D’ailleurs, Yves Cochet député Vert, s’en inquiétait déjà en mai dans nos colonnes. « Les industriels pourraient utiliser des arguties linguistiques, parler de ’karcherisation souterraine’ plutôt que de fracturation hydraulique », imaginait-il.
Ce qu’ils vont faire :
- Les militants ont décidé d’accompagner à leur manière le Tour de France en manifestant à chaque étape, le visage couvert d’un masque à gaz
Un rassemblement citoyen est prévu du 26 au 28 août dans les Cévennes, à Lézan (Gard) sur l’avenir énergétique de la France.
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