Affichage environnemental : à quoi ça va ressembler

On y est. L’affichage environnemental débarque à partir du 1er juillet. A partir oui. Car peu de marques s’y essaieront dès la date de lancement. Beaucoup en sont encore au stade du « brainstorming ». Il faut dire que la tâche n’est pas forcément très aisée pour les 168 entreprises volontaires : de Pepsi Co à Conforama, en passant par Carrefour, Danone, la Fnac ou Levi Strauss.

Mesure phare du Grenelle de l’Environnement, l’affichage environnemental a un objectif simple : guider la main du consommateur vers les produits les plus vertueux. Mais quel indicateur choisir ? Si mentionner les émissions de CO2 est obligatoire, les entreprises ont tout loisir de faire leur marché parmi d’autres mesures : consommation en eau, impact sur la biodiversité, etc. Mais une fois les indicateurs choisis, comment les exprimer ? Sous quelle illustration, en quelle valeur ? Et comment rendre les choses lisibles pour le consommateur ? Les industriels vont tenter de répondre, chacun, à leur manière. La phase d’expérimentation devrait durer un an. Une année au bout de laquelle l’affichage environnemental devrait être généralisé.

Voici quelques exemples que vous pourriez rencontrer :

 Sur un lave-linge :

Imaginé par Hop-Cube cette étiquette interactive baptisée Hopbadge apparaîtra sur les produits électroménagers vendus sur le site www.3suisses.fr, Discounteo.com ou encore But. Il est formé de plusieurs indicateurs :

• Effet de serre : La quantité de gaz à effet de serre émis par l’appareil pendant toute sa vie. Depuis l’extraction des matières premières en passant par la phase de fabrication, le transport, l’utilisation puis la fin de vie de l’appareil. Le tout exprimé en équivalent CO2.

• Eau : La quantité d’eau utilisée à toutes les phases. Le tout exprimé en décimètre 3. « C’est une unité complexe. Mais si on utilise des mètres cubes on arrive à des valeurs trop petites. Et si on utilise des litres, ça risque d’être confondu avec la consommation en litres de la machine en phase d’utilisation », souligne Romain Vailleux, de Hop-Cube.

• Terre : C’est la quantité de ressources non renouvelables consommées. En clair, dans le cas de cette étiquette, si une personne achète deux machines, elle dépasse son « quotat » de ressources non renouvelables.

Effet de serre, eau, terre. Toutes les performances d’un produit sont alors résumées dans un « hopscore ». En clair une note sur 5 qui résume l’impact environnemental de la machine - ici un lave-linge - par rapport aux produits équivalents.

 Sur un meuble

Conforama a pris de l’avance. L’enseigne s’essaye en effet à l’affichage depuis le 25 janvier 2011 sur 100 produits. Avec 3 composants :

• Effet de serre : Comptabilisés là aussi les gaz à effet de serre émis par un produit tout au long de sa vie.

• Qualité de l’eau : Ce n’est plus la quantité d’eau pompée qui est estimée mais le niveau de la pollution aquatique engendrée par le produit au long de sa vie. Plus précisément « l’enrichissement en éléments nutritifs des eaux » soit la potentialité à encourager la formation d’algues « ce qui entraînera une consommation forte d’oxygène ainsi qu’une obstruction de la lumière. La disparition des poissons et micro-organismes est alors inévitable », souligne le site internet. La pollution de l’eau est exprimée ici en gramme équivalent phosphate.

• Epuisement des ressources : plus complexe, cet indicateur indique la vitesse à laquelle on pompe dans les ressources naturelles en fonction de leur rareté. « Par exemple pour le pétrole, on nous dit qu’il reste tant d’années de stock. Là à travers cet indicateur, on exprime ce que le produit grignote sur le temps restant de réserve », explique-t-on au service de presse. Mais les données risquent d’être un peu difficile à lire. La preuve sur l’étiquette ci-joint : « 8, E-15 » soit en langage décodé 8x10-15 ou 0,000000000000008 année prélevée sur les ressources naturelles. Pas sûr que ça en affole plus d’un.

  Sur un drap

C’est l’association Pôle Textile Alsace – une association d’industriels du textile - qui est à l’origine de cet affichage. Elle a décidé de l’expérimenter à partir du 1er juillet avec 4 sociétés dont TGL Tissus Gisèle. L’étiquette - ici apposée sur un drap - comporte 4 indicateurs mesurés chaque fois à deux étapes essentielles de la vie d’un produit. « Nous avons décidé volontairement de scinder la fabrication et l’utilisation pour pouvoir mettre en avant l’effort des entreprises depuis un certain nombre d’années mais aussi pour sensibiliser le consommateur au rôle qu’il a à jouer. S’il lave son linge à 30 ou 60°C, ça n’aura pas le même impact », explique-t-on au Pôle Textile Alsace.

• Emissions de gaz à effet de serre

• Consommation en eau

• Eutrophisation : comme dans le cas du meuble, il s’agit là aussi de mesurer la pollution de l’eau en équivalent phosphore.

• Epuisement des ressources naturelles : « Les produits ont un impact sur l’eau notamment lors de la culture du coton. D’où l’importance du critère de la consommation d’eau. Mais on utilise aussi des fibres issus de la pétrochimie, comme le polyester par exemple, il nous fallait quelque chose pour mesurer l’impact », explique-t-on au Pôle Textile Alsace. D’où l’importance de mesurer la raréfaction des ressources comme le pétrole. Elle est ici exprimée en équivalent antimoine.

  Et Terra eco ?

  - La réponse est ici

Journal de l’expérimentation sur l’affichage environnemental