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Prix alimentaires : la grande distribution se goinfre à la caisse

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Prix alimentaires : la grande distribution se goinfre à la caisse
(Crédit photo : luc legay/flickr)
 
A gauche, le prix pour les producteurs, à droite, celui pour les consommateurs. Et au cœur du système, la grande distribution accusée de s'en mettre plein les fouilles. Un rapport tente de faire la lumière.
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« Le prix d’un cochon, c’est environ 90 à 100 euros payés au producteur. Et en grande surface, le porc ça s’achète entre 13 et 24 euros le kilo. En clair, pour cinq saucisses, vous pouvez acheter un cochon entier au producteur. Le prix au détail a été multiplié par dix », s’étrangle Dominique Barrau, secrétaire général de la FNSEA. Que s’est-il passé entre temps ? Le porc est passé par plusieurs intermédiaires, a été transformé par l’industrie avant de finir en rayon. Assez pour faire grimper son étiquette ?

Au tableau des accusés, la grande distribution occupe depuis longtemps le haut de l’affiche. Un rapport de l’Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires, présenté ce lundi à l’Assemblée nationale, a voulu faire la lumière sur les marges encaissées par Carrefour, Auchan et consorts. Et pioche ça et là quelques exemples :

Quelle est la marge (1) encaissée par le distributeur sur le prix de...

  • Une tomate : 48 %

Sur un kilo de tomates rondes, le primeur ou le supermarché empoche entre 0,50 et 1,50 euro de marge brute en moyenne. C’est simple. Si l’on découpe le prix d’une tomate en tranches, 48% de la somme affichée est destinée aux poches du vendeur. Une marge confortable que l’on retrouve aux quatre coins de l’étal du primeur : 35% pour le melon, 37% pour la fraise et presque 60% pour la banane, la pomme, la cerise bigarreau ou encore l’endive.

Pourquoi de tels écarts ? A cause des pertes en rayon variables selon la fragilité des produits. Une pêche s’abimera en effet plus facilement qu’une banane. Bonne nouvelle : la marge est certes confortable mais varie peu depuis dix ans.

  • Un litre de lait : 22 %

Pour s’offrir une brique de lait, il faut aligner de plus en plus de pièces jaunes. Si en 2001, un litre de lait UHT s’achetait en moyenne 59 centimes d’euros. En 2010, il se monnayait 69 centimes. Pourtant – sauf en 2008, année de flambée des cours agricoles – le prix de la matière première agricole n’a pas franchement grimpé dans l’intervalle. Le litre de lait produit s’achetait 25 centimes en 2001 contre 23 centimes en 2010.

A qui doit-on donc l’augmentation du prix sur l’étiquette ? Aux industriels ? Non, souligne le rapport : la hausse de la marge industrielle correspond tout bêtement à l’augmentation des coûts de transformation. En revanche, la distribution, elle, s’est un peu engraissée au passage. Les marges de la vente au détail sont passées de 0,07 centimes en 2001 à 20 centimes en janvier 2010. Dans la brique de lait, les vendeurs s’offrent ainsi la part du lion. En 2009 et 2010, ils pesaient pour 22% du prix du litre de lait (contre 17% environ en 2001). Et la tendance ne s’arrête pas à la brique de produit. Au cœur de la meule d’Emmental,la part du distributeur est passée de 26% environ en 2001 à 35% en 2009.

  • Une côte de porc : 50%

Sur le porc frais (côtes, rôti, filet), la distribution grignote plus de 50% de marge quand la matière première ne « pèse » que pour 35% du prix. Et pour le jambon ? 45% du prix au détail (contre 31% pour la matière première). Impossible pour l’instant d’en dire davantage. « La prochaine mise à disposition de l’observatoire, par les enseignes, de comptes par rayon pourra permettre de préciser, au moins pour la période récente, les charges de distribution couvertes par cette marge ». Dans son communiqué de presse, l’UFC Que Choisir va plus loin et estime – à partir des données du rapport - que la marge brute des distributeurs sur la côte de porc a augmenté de 50% en une dizaine d’années.

Trop gourmande la grande distribution ?

L’association de consommateurs UFC Que Choisir dénonce « l’effet cliquet », comme si un petit mécanisme empêchait, une fois la hausse enregistrée, les prix de fléchir à nouveau. En clair, « quand les prix agricoles augmentent, les prix de l’alimentation augmentent mais quand les premiers baissent, les seconds ne descendent pas », assure Olivier Andrault, chargé de mission alimentation à UFC Que Choisir. Exemple : après la flambée des prix agricoles en 2007-2008, les prix affichés par les éleveurs seraient revenus à la normale sans que l’ardoise ne baisse pour le consommateur. Du coup, les marges des vendeurs auraient très naturellement progressé. Selon UFC Que choisir la marge brute des vendeurs aurait augmenté de 32% pour l’emmental en dix ans, de 50% pour la côte de porc et de 100% pour le beurre. Or, « quel est le service supplémentaire rendu qui peut justifier une telle augmentation des marges ? », s’interroge Olivier Andrault.

Les producteurs, eux, ne cachent pas leur énervement. « Le problème c’est que ça dure encore et encore. Les détaillants font ce qu’ils veulent », s’agace Dominique Barrau, secrétaire général de la FSNEA qui dénonce une grande hypocrisie. « On nous dit que les marges des magasins de distribution ne sont pas catastrophiques. Mais il y a tout un système entre le prix d’achat et le prix à l’arrivée sur l’étal. Les enseignes ont monté tout un système de circulation des marchandises, ils ont créé des intermédiaires partout », assure le syndicaliste.

Aussi les agriculteurs réclament-ils plus de transparence ? « Quand on lui demande des comptes la grande distribution nous dit qu’elle ne connaît pas la rentabilité de ces produits un par un. Alors que ce sont des gens dont l’outil principal c’est la calculette », précise Olivier Andrault. Une transparence à imposer d’urgence selon l’homme d’UFC Que Choisir. Car les étiquettes des risquent très prochainement d’afficher une hausse alors une nouvelle flambée des prix agricoles se dessine... La solution pour UFC Que Choisir ? « Nous voulons que l’augmentation des prix agricoles soient prélevées sur les marges injustifiées que la distribution a capté entre 2008 et 2010 »

(1) Attention le rapport prend en compte la marge brute. Il s’agit de la soustraction du prix au détail par le prix à l’expédition (soit le prix vendu par l’agriculteur ou l’éleveur après négociation). De cette marge brute, le distributeur doit encore retirer ses charges (frais de main d’œuvre, de stockage, d’emballage, etc.) avant d’obtenir sa marge nette.

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  • Bonjour,
    bravo pour vos articles très intéressants. Je pense cependant, comme vous l’écrivez en bas de page serait plus honnête de faire une analyse avec la marge nette. En effet, entre le kilo de tomate vendu par le producteur et le passage à la caisse, il faut prendre en compte le transport + main d’oeuvre (du producteur à la station, de la station à l’entrepôt, de l’entrepôt au magasin). Il faut également soustraire la TVA.... Je ne pense pas que les enseignes se goinfrent comme vous l’indiquez, je pense simplement qu’il y’a énormément de gâchi. Beaucoup de frais qui peuvent largement être diminué. Beaucoup d’erreur de la part des distributeurs qui partent pour faire leur prix de vente, non pas du prix de revient de la marchandise mais d’une marge à réaliser et du prix de la concurrence.
    Il serait important de réaliser une analyse de la valeur de la marchandise produit par produit et de fixer pour chacun des acteurs de la filière un taux de marge raisonnable pour que celui-ci puisse en vivre.
    Il serait également temps de réguler la production afin d’éviter les années en sur-volumes ou en sous-volumes. Nous avons des pénuries pour certains produits et des montagnes de marchandise à ne plus savoir qu’en faire pour d’autres....
    Il serait également temps d’utiliser des moyens de communication percutants pour prévenir les crises.
    Il y’a de nombreuses pistes pas assez exploitées pour que chacun puisse vivre décemment de son métier et stopper l’hypocrisie qui fait du seul distributeur le bouc-émissaire d’un système qui ne fonctionne pas.
    Cordialement

    29.06 à 12h05 - Répondre - Alerter
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