Des émissions en hausse depuis 1850
30,6 gigatonnes c’est 1,6 gigatonne de plus qu’en 2009 ! Pourtant la crise mondiale avait redonné espoir aux climatologues. Entre 2008 et 2009, les émissions de dioxyde de carbone avait reculé d’un petit 0,3 tonne pour atteindre 29 gigatonnes. La rémission a été de courte durée. La reprise économique a relancé la machine à produire et les émissions de plus belle. Une tendance qui s’inscrit dans une hausse spectaculaire depuis le début de la révolution industrielle, selon les données du Pew Center. Entre 1850 et 2004, les émissions ont été multipliées par 145, passant de 200 millions de tonnes à 29 milliards.
La faute à quoi ?
C’est clairement la combustion des énergies fossiles qui occasionne le plus d’émissions. Parmi celles-ci, le charbon pèse pour 44% des émissions, le pétrole 36% et le gaz naturel 20%, souligne encore l’AIE. Et si l’on opte plutôt pour une classification par secteur, la responsabilité semble se concentrer sur l’électricité et la production de chaleur d’un côté, le transport de l’autre. Ces deux postes représentent deux tiers des émissions de CO2 selon un autre rapport de l’AEI. A elle seule la production d’électricité et de chaleur pèserait pour 41% dans la balance des émissions en 2008. Simplement parce que ce secteur est encore largement alimenté par une énergie fossile particulièrement polluante. En Australie, en Chine, en Inde, en Pologne ou en Afrique du Sud, 69 à 94% de l’électricité et de la chaleur sont produites grâce au charbon.... ou à qui ?
Selon l’AEI, 40% des émissions de 2010 sont imputables aux pays de l’OCDE. Mais leur part va en s’amincissant. Dans l’augmentation des émissions entre 2009 et 2010, ces pays ont seulement pesé pour 25%. C’est ailleurs – notamment en Inde et en Chine – que les rejets de CO2 se sont littéralement envolés. Reste un détail. Car s’ils émettent 40% des émissions, les pays de l’OCDE n’abritent que 17,5% de la population mondiale. Résultat : par habitant, dans les pays de l’OCDE on émet 10 tonnes de CO2 contre 5,8 tonnes en Chine et 1,5 tonne en Inde.Une marge de manoeuvre réduite
Pour l’AEI, une partie du futur est déjà jouée. 80% des émissions que les centrales rejetteront en 2020 sont déjà quasi inévitables. Car la plupart des unités de production (notamment à charbon) sont déjà érigées ou en construction.L’organisation internationale regrette aussi la crise qui secoue l’industrie nucléaire au lendemain de l’accident de Fukushima. « Les gens n’aiment peut-être pas le nucléaire mais c’est l’une des technologies majeures pour générer de l’électricité sans dioxyde de carbone » a déclaré Dr Fatih Birol, économiste en chef à l’AEI, au Guardian. L’Allemagne et la Suisse ont annoncé leur sortie de l’atome d’ici 2022 pour le premier, 2034 pour le second. De leur côté l’Italie et le Japon font montre de prudence, envoyant des projets aux oubliettes, suspendant des centrales en activité.
Enfin, regrette l’Agence internationale dans les colonnes du même Guardian, un accord international sur le changement climatique peine encore à voir le jour. Après l’échec relatif de Copenhague, le monde a besoin d’un accord ferme lors du sommet de Durban (Afrique du Sud) à la fin de l’année.
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