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8-12-2005
Mots clés
Finance
France

La Bourse... et la vraie vie

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Le climat social est tendu, la croissance patine et le paysage économique est morose, mais le Plan d'épargne en actions de Papy retrouve des couleurs. L'économie marcherait-elle sur la tête ?
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La France ne va pas si mal, d’ailleurs la Bourse de Paris est en pleine forme. Depuis le début de l’année, le CAC40, l’indice des plus grandes sociétés cotées dans l’Hexagone, a grimpé de 20%, mieux que les grands indices de Wall Street, Londres, Tokyo ou Francfort. "Le CAC40 prend de la hauteur", titrait gaillardement Les Echos, quotidien économique de référence, le jour de l’instauration de l’état d’urgence par Dominique de Villepin.

D’accord, les banlieues brûlent. Certes, le pouvoir d’achat des Français stagne, les prix des carburants augmentent, la croissance économique patine (le produit intérieur brut français devrait enregistrer cette année une progression pâlotte de 1,3%). Mais pas de quoi céder à la morosité. Les boursiers n’ont pas l’intention de se laisser rembrunir par ces détails contrariants.

Pétrole et Bourse flambent en choeur

La preuve : après trois semaines d’émeutes de Clichy-sous-Bois à Vénissieux en passant par Le Mirail, le CAC40 poursuit son ascension. Bizarre ? "That’s the market, stupid", disent les Anglo-saxons : c’est le marché, imbécile ! Bon sang, mais c’est bien sûr ! Loin d’être branchée sur l’économie du pays, la Bourse a ses raisons qui ne sont pas, mais pas du tout, celles des citoyens, salariés, consommateurs, ni même celles de la plupart des entrepreneurs. Les voici.

Les cours du pétrole grimpent, où est le problème ? Bien sûr, l’essence à la pompe est chère, le chauffage au fuel hors de prix cet hiver, les tarifs du gaz augmentent dans la foulée, et alors ? C’est une excellente nouvelle pour Total, qui a engrangé des profits records cette année, en hausse vertigineuse d’un tiers au premier semestre, par rapport aux six premiers mois de l’an dernier. Du coup, les investisseurs se ruent sur les actions de la compagnie pétrolière, en hausse de 33% depuis le début de l’année. Les actions du géant Total - le quatrième pétrolier mondial - pèsent, à elles seules, plus de 15% du CAC40. Alors, quand le pétrole augmente, l’économie fait grise mine, mais l’indice phare du capitalisme français, lui, reprend mécaniquement des couleurs.

De même, la hausse des cours des matières premières, comme l’acier, pénalise les entreprises industrielles utilisatrices, surtout les PME, plus fragiles, qui prennent le choc de plein fouet... Mais c’est une aubaine pour les entreprises productrices, qui trouvent là l’occasion de réaliser de juteux profits. Ainsi, le sidérurgiste Arcélor, vedette de la Bourse, a multiplié son profit par huit en 2004, pour la plus grande joie de ses actionnaires.

Profits sans frontières

Plus largement, la bonne santé de la Bourse reflète tout simplement celle des grandes entreprises internationalisées qui composent l’indice CAC40 - indice qui représente, à lui seul, 80% de la valeur des actions cotées à Paris. Branchés sur les marchés mondiaux, ces géants globalisés comme Total, Peugeot, LVMH ou Carrefour se portent d’autant mieux qu’ils ne dépendent plus essentiellement de la conjoncture française : ils réalisent moins du tiers de leurs ventes en France.

L’an dernier, portés par la croissance américaine et chinoise, ces champions du CAC40 ont réalisé des gains records, de l’ordre de 40 milliards d’euros. Hélas, ce n’est pas pour en faire profiter l’Hexagone... Les actionnaires sont les premiers servis. Or, les détenteurs d’actions du CAC40 sont, pour plus de la moitié, des institutions financières étrangères, comme les fonds de pension. Du coup, les belles performances de Total et autres Schneider enrichissent les retraités de l’Oklahoma.

Souvent, ne sachant que faire de leurs profits, "les grandes sociétés cotées françaises rachètent... leurs propres actions", indique Laurent Quignon, économiste à BNP-Paribas, ça ne sert pas à grand chose, mais ça fait grimper les cours, les actionnaires aiment bien. Ou alors, "elles choisissent de se désendetter, pour afficher de bons ratios financiers, au détriment de l’investissement", poursuit-il. Plus fragiles, les PME sont pourtant moins frileuses : l’étude sur la situation des entreprises françaises réalisée par BNP-Paribas montre qu’elles investissent davantage !

Enfin, quand les grandes entreprises "françaises" se décident à investir, ce n’est pas forcément sur le territoire national. Lorsqu’elles embauchent, elles guignent volontiers les pays à bas salaires, comme ST Micro, le leader européen des semi-conducteurs, qui ferme des usines en France et embauche simultanément des milliers de jeunes ingénieurs... indiens, dans son gigantesque centre de recherche & développement de Noida, dans la banlieue de New Delhi.

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  • Au moment où Patrick Artus , qui n’est pas franchement gauchiste, mais carrément libéral, et Jean Peyrelevade, ancien banquier (de gauche certes, mais banquier avant tout, pas militant d’Attac...) dénoncent dans des essais remarqués (respectivement : Le capitalisme est en train de s’autodétruire et Le capitalisme total) les dysfonctionnements et déviances du capitalisme financier, ce papier de Terra éco me paraît assez mesuré. Il y a en effet une déformation du partage de la valeur ajoutée en faveur des profits et au détriment des salariés, à la faveur de la globalisation (pression à la délocalisation) et de la désintermédiation boursière (exigence de retour sur fonds propres des actionnaires de 15% minimum, pression des gérants en faveur de distribution avantageuses de dividendes et de rachats d’actions...). Pourquoi ne pourrait-on pas le dire dans Terra économica ? C’est un fait, illustré justement par le découplage actuel entre le boom des profit du CAC40 et, par exemple, l’évolution du niveau de vie des salariés. Il ne s’agit pas de dénoncer la désintermédiation financière en général, mais de pointer du doigt les dérives du capitalisme des années 2000.

    7.03 à 16h00 - Répondre - Alerter
  • Je trouve votre article assez réducteur et imprécis. Vous dites que "souvent" les entreprises rachètent leurs actions : c’est le cas de TOTAL qui effectivement n’a rien de mieux à investir pour le moment mais avez-vous d’autres exemples pour justifier votre "souvent" ? Vous faites référence également aux fameux "retraités de l’Oklahoma" qui se cacheraient derrière chaque fonds de pension : c’est une idée toute faite, mille fois rabachée ! Est-ce vrai ? Je vous pose la question puisque TE est censé dépasser les clichés....Et au delà de cette dénonciation à mon sens un peu facile du système boursier, ne peut-on pas s’interroger sur l’incohérence fondamentale entre des objectifs de long terme qui devraient être ceux de l’entreprise et ceux, forcément court termistes des actionnaires type fonds de pension ? Enfin, vous faites référence à ST Micro qui ferme des usines en France" mais ST Micro ferme 1 usine, celle de Rennes et dans le même temps investit des millions à Crolles pour un projet commun avec Motorola et Philips. Ce projet est susceptible de créer des centaines d’emplois. Tout n’est pas blanc, mais tout n’est pas noir non plus....

    7.03 à 10h38 - Répondre - Alerter
  • Je vous lis depuis des mois et j’apprécie votre ton souvent décalé. En revanche, cessez de voir le mal partout ! La progression des indices boursiers et donc de la valorisation des entreprises cotées est loin d’être une mauvaise nouvelle. Un cours qui monte, c’est davantage de pouvoir financier pour une entreprise, donc plus de marge de manoeuvre et de capacité d’investissement, voire de recrutement. Non, la Bourse n’est pas nécessairement l’ennemie de l’économie ! C’est un symptôme bien français que de voir le mal partout où échange monétaire il y a. Alors cultivez votre différence et ne tombez pas dans le panneau, parlez-nous de la Bourse en termes intelligibles et expliquez-nous pourquoi, parfois, le recours au marché financier constitue un passage nécessaire.

    12.12 à 15h37 - Répondre - Alerter
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