Terra eco : Pourquoi étiez-vous conviés à l’Elysée ?
Serge Orru : Après Fukushima, Nicolas Sarkozy nous avait vus pendant une heure. Il souhaitait discuter de la possibilité d’un Grenelle de l’Energie. Il nous avait dit ’il faut absolument qu’on se revoie’. Ce midi, nous avons eu une discussion franche et loyale. Il nous a rappelé son attachement à la filière électronucléaire française, nous lui avons rappelé notre hostilité. Mais ce n’est pas parce qu’on a des désaccords qu’on ne peut pas avancer.
Sur quoi par exemple ?
J’ai demandé au président de la République un rapport d’évaluation de la Cour des comptes sur la filière électronucléaire, y compris le démantèlement des centrales et il a dit oui ! Vous vous rendez compte ? On va avoir la vérité sur le prix du nucléaire. C’est quelque chose qu’on demande depuis vingt ans. Aujourd’hui, on ne connaît pas les coûts de la construction, du traitement des déchets, du démantèlement des centrales... Et là, c’est la Cour des Comptes qui va faire l’évaluation, c’est pas Lehman Brothers ! C’est une autorité indépendante en laquelle j’ai toute confiance.
Avez-vous progressé sur d’autres tableaux ?
Le président a très envie de travailler dans le prolongement du Grenelle sur les questions de maîtrise de l’énergie. Mais il faut encore trouver la configuration adéquate. FNE [France nature environnement] parle de réduire la consommation, nous de la maîtriser, le président, d’améliorer l’efficacité énergétique. Il faut encore s’entendre. Mais quoi qu’il en soit cette question est très importante. On a déjà fait pas mal dans le Grenelle mais on a encore beaucoup de chemin devant nous, par exemple sur les économies d’énergie dans le bâtiment ancien.
Par ailleurs, j’ai aussi proposé une commission de type Juppé-Rocard qui réfléchirait sur les scenarii énergétiques à l’horizon 2020. Le président est favorable cette réflexion. Reste à savoir si ça prendra la forme de cette commission...
A-t-il refusé des suggestions ?
Il a dit non à un processus référendaire de type « oui » ou « non » sur le renouvellement des centrales en fin de vie. Pourtant, dans dix-huit mois, une fois rendus l’audit financier et les scénarii énergétiques, nous, on verrait bien une consultation sur le sujet. Nicolas Sarkozy est contre. Mais vous savez à partir du moment où on saura la réalité des prix du nucléaire, il sera possible de prendre les bonnes décisions. Déjà, il nous faut la vérité. On nous dit qu’en France, l’électricité c’est 40% moins cher (que dans les autres pays européens, Ndlr), nous on pense que c’est plus cher. On a besoin de transparence. Nicolas Sarkozy a peut-être dit non à des choses, mais cette décision d’évaluer le coût de la filière, c’est le point le plus important...
Affichage : Voir tout | Réduire les discussions