Les anti-schiste mettent les gaz

Ne pas relâcher la pression. C’était l’objectif affiché de la Coordination nationale des collectifs contre la prospection et l’exploitation du gaz et huile de schiste en faisant du 17 avril une journée de mobilisation nationale sur les territoires concernés par les permis de prospection accordés par le Ministère de l’Ecologie. Tout le week-end, les manifestations se sont succédées dans les communes concernées. Au moins 4 000 et 10 000 personnes à Nant dans l’Aveyron, près de 5 000 dans le Lot et près de 4 000 à Donzère dans la Drôme, commune d’Eric Besson rapporte le journal La Dépêche. A Meaux en région parisienne, zone elle aussi menacée par l’exploitation de son sous-sol, près de 1 500 personnes se sont mobilisées.

L’examen d’une loi annulant les permis est programmée les 10 et 11 mai prochains à l’Assemblée Nationale à l’initiative entre autres de Jean-Louis Borloo qui les a lui-même accordés. Mais les collectifs se méfient et restent mobilisés. Car au-delà de l’abrogation des permis, ils attendent une mesure d’interdiction à l’échelle européenne et une révision du code minier français qui ne prend aucun aspect environnemental en compte.

Un débat loin d’être clos

Quatre conseils généraux (Gard, Hérault, Drôme et Ardèche) concernés se sont d’ors et déjà associés pour coordonner ensemble leurs futures actions, concernant les gaz de schiste, notamment juridiques.

Le débat s’annonce donc animé et pas seulement en France. Un récent rapport de la Chambre des Démocrates américains a mis en évidence l’utilisation de plus de 750 produits chimiques tels que le benzène et le plomb par 14 industries américaines spécialisées dans l’extraction des gaz de schistes entre 2005 et 2009.

Des chercheurs américains de l’université de Cornell ont aussi publié une étude, reprise par le New York Times, qui ne plait pas aux industriels, eux qui affirment que leur gaz de schiste est deux fois moins polluant que le charbon en termes d’émissions de gaz à effet de serre. Selon ces chercheurs l’exploitation des gaz de schistes aurait au contraire une empreinte 20% supérieure à celle du charbon sur le court terme (due au méthane s’échappant lors de l’extraction) et serait équivalente sur le long terme (100 ans).

En France, le point d’orgue de la contestation aura lieu devant l’Assemblée Nationale les 10 et 11 mai prochain, où José Bové a appelé à manifester, afin de maintenir un peu plus la pression sur les députés.