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innovation politique

Par Rodrigue Coutouly
13-03-2011

Chronique d’un désastre annoncé : sommes-nous à la veille d’une crise économique majeure ?

En ces temps de montée en puissance du Front National, d'augmentation des prix du pétrole et autres désastres sur la planète, il est permis d'avoir une vision pessimiste de notre monde d'aujourd'hui. Et si nous étions à la veille d'un désastre gigantesque à l'échelle planétaire ? Je ne crois absolument pas aux millénaristes qui nous parlent de 2012 comme d'une punition divine. Par contre, j'ai le sentiment que nous nous trouvons dans un temps qui rappelle l'année 1914. Comme si notre XXIéme siècle commençant ressemblait au début du XXéme siècle.

En ce début de 1914, peu de personnes imaginait le désastre qui allait avoir lieu comme nous pouvons difficilement prévoir ce qui va se passer. Pourtant, ce qui est parfaitement possible, c’est le scénario suivant : le Peak Oil, le pic pétrolier a effectivement lieu et déclenche, en cascade, une crise majeure.

Les tensions planétaires augmentent autour de cette ressource cruciale. Les mécanismes spéculatifs, à l’échelle mondiale, qu’on a déjà vu à l’oeuvre pour les aliments de base, font monter les prix de manière vertigineuse (doublement, triplement du prix en quelques mois). Les ressources alimentaires, dépendantes du pétrole, viennent à manquer. Les tensions économiques ont des répercussions sur la situation politique des différents pays, favorisant les nationalismes et les conflits ethniques. Des situations de guerre, et de guerre civile, se développent partout. Les Etats affaiblis n’arrivent plus à maintenir la paix à l’intérieur de leur pays

1914 a été l’événement déclencheur d’une "guerre civile européenne" qui a duré 30 ans et fait 70 millions de morts. Cette crise aujourd’hui peut être le point de départ de "guerres civiles" à l’échelle mondiale qui pourront durer une cinquantaine d’années, avant que l’Humanité puissent reconstruire des sociétés durables à la fin du XXIéme siècle comme nous avons pu le faire au XXéme siècle lors des Trente Glorieuses.

Prenons ce scénario pour une hypothèse de travail et non comme une réalité possible. Examinons la pertinence de la comparaison entre 1914 et aujourd’hui. Conscient des limites de cette méthode comparative, cherchons les points d’analogie entre les deux époques.

L’équivalent de la guerre de 1914, c’est la crise majeure qui pourrait se déclencher à cause du pétrole. Dans la deuxième moitié du XIXéme siècle avait eu lieu un certain nombre de guerres entre les Etats Européens comme nous avons vécu un certain nombre de crises économiques à intervalle régulier. On s’attend donc à vivre une nouvelle crise sans se rendre compte que la crise liée au pic pétrolier va être d’une autre dimension.

L’équivalent de de la montée en puissance des Etats nations au XIXéme siècle, après le printemps des peuples de 1848, c’est l’importance de l’économie pétrolière depuis les années 50. Elle a permis la réussite économique des pays occidentaux, elle est en train de permettre la réussite des pays émergents. De la même manière, la multiplication des Etats-nations d’abord en Europe occidentales, puis dans l’Europe des Balkans a pu être perçu comme un progrès.

L’équivalent du processus d’alliances entre les pays, de traités liant les différents pays, à l’origine du déclenchement d’une guerre à l’échelle mondiale en 1914, c’est le processus de mondialisation qui entraîne la globalisation des réussites comme des problèmes. L’effondrement d’un pays pétrolier aura des conséquences sur l’ensemble de l’économie mondiale.

A l’échelle de la France, aujourd’hui le pays est focalisé sur le problème de l’immigration. De même en 1914, la France était davantage préoccupée par le conflit autour de l’Eglise et l’Etat, autour de la laïcité, négligeant les tensions internationales. En réalité, il s’agissait d’un conflit d’arrière-garde, la sécularisation et la laïcisation de la société française était un processus largement entamé. De même aujourd’hui, nous sommes focalisés sur "les étrangers" et l’Islam alors que la grande majorité des immigrés sont français et en cours d’intégration.

En 1914, les pacifistes étaient déconsidérés et leurs cris d’alarme étaient accueillis avaient scepticisme. Aujourd’hui, leur équivalent sont les écologistes qui ont bien du mal à être pris au sérieux. Au début du XXéme siècle, la Paix était dans les discours politiques et les actes n’étaient pas à la hauteur des enjeux. Aujourd’hui, on utilise le Greenwashing et on verdit les discours mais on a du mal à prendre des décisions fermes pour sortir du modèle industriel dans lequel nous nous sommes engouffrés il y a 50 ans.

On pourrait continuer ainsi la comparaison. Elle a, bien entendu, ses limites. Et, on pourrait, tout autant, faire la liste des différences entre les deux périodes et démontrer les insuffisances de ma démarche analogique. Ce qui me semble, cependant intéressant, c’est la même situation de cécité entre les deux moments.

En Histoire, il est fréquent de se dire : "mais pourquoi les gens de l’époque n’ont pas compris ce qui nous semble évident aujourd’hui ?". C’est tout le piège de l’anachronisme qui est l’ennemi de l’historien. Le point de vue des contemporains de l’événement ne peut pas être celui de l’historien qui sait ce qui s’est passé ensuite. Le contemporain de l’événement analyse la situation avec les outils à sa disposition. Or, notre appareillage intellectuel est construit autour de l’idée que le pétrole est une bonne chose puisqu’elle est à l’origine de notre prospérité. Nous pensons qu’il ne peut disparaître puisque nous l’avons toujours connu.

J’espère que ce scénario ne se réalisera pas. Je suis convaincu que, de toute manière, l’Humanité a les moyens de rebondir et de construire une société durable et prospère sans le pétrole. Clemenceau disait au début du XXéme siècle qu’il se sentait naturellement pessimisme pour demain mais profondément optimiste à long terme. A l’échelle du XXéme siècle dont il a connu le début, il avait profondément raison.

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