Soirée du 22 décembre. Alors que j’enguirlande paisiblement mes plantes vertes, soudain mes neurones clignotent : plus que deux jours pour trouver un menu de Noël respectueux de mon invité, de mon porte-monnaie et de la planète. A mon tour enguirlandée par mon mec, je fonce à la boutique bio du quartier.
Hors-d’œuvre
Lâchons-nous sur les huîtres d’élevage qui profitent de l’eau de mer, de ses minéraux et de ses courants. Sans additifs, ces mollusques sont tout ce qu’il y a de plus naturel. La plus répandue est l’huître creuse, une espèce importée du Japon dans les années 1970, que l’on trouve sur l’ensemble du littoral français ou presque. L’espèce indigène est une huître plate, plus rare et plus chère. Attention en revanche aux huîtres dites « des quatre saisons ». Elles ont ouvert leur coquille en laboratoire. Des méthodes chimiques les ont rendues stériles pour être consommables toute l’année – d’où leur nom. Les ostréiculteurs ne peuvent les faire se reproduire et dépendent donc des écloseries.
Prix entre 3 et 12 euros le kg pour les huîtres creuses / environ 18 euros le kg pour les plates.
Entrée
Le saumon biologique débarque surtout d’élevages irlandais ou écossais. Il est nourri à 30 % de végétaux bio (soja, céréales, etc.) et pour le reste de farines et d’huiles animales issues de déchets de poissons. Le saumon non bio a lui aussi droit à ses élevages. Et mange itou des poissons, mais pêchés spécialement pour lui. Et gobe moult médicaments et colorants. Enfin, si le saumon est sauvage, il vient de loin – du Pacifique généralement – et peut contenir des polluants.
Prix 16 euros les 160 g de saumon bio d’Irlande et des îles Shetland sorti des ateliers de fumaison traditionnels du Norvégien Olsen, spécialisé dans la pêche artisanale, chez Naturalia / 9,60 euros pour le même poids de saumon fumé Atlantique d’élevage non bio, marque Monoprix Gourmet.
Plat de résistance
Amis des animaux, sachez qu’un chapon est une volaille mâle… castrée à vif et engraissée durant au moins cinq mois. Et ce, en bio comme en conventionnel. Côté repas, l’animal picore céréales, herbe et vers de terre en plein air. A la fin de sa vie, il ingurgite beaucoup de produits laitiers (1 kg par kilo de chair). En bio, 95 % de cette nourriture provient de l’agriculture biologique et l’animal ne reçoit que des traitements médicamenteux curatifs. Le chapon non bio, mais de Bresse – une appellation d’origine contrôlée –, bénéficie, lui, de parcours herbeux équivalents à ceux de son cousin bio. Il s’alimente de produits du terroir, pas forcément bio.
Prix 20,80 euros le kg de chapon bio vendéen chez Naturalia / 20 à 30 euros pour le chapon de Bresse AOC (non bio).
Accompagnement
La truffe noire du Périgord aurait une saveur à la hauteur de son prix. De plus en plus rare, ce champignon pousse en symbiose avec des chênes ou des noisetiers. En conventionnel, les truffiers peuvent utiliser des insecticides et herbicides chimiques pour se débarrasser notamment des chenilles et des maladies. Des polluants évidemment prohibés en bio.
Prix autour de 24 euros pour 20 g de truffe noire chez un producteur bio de Dordogne / 40 euros pour une truffe noire de 20 g non bio du domaine de Saint-Géry, producteur de truffes et de foie gras.
Champagne
Bon, le champagne bio, du cep à la vinification, ça n’existe pas. Mais le champagne produit avec des raisins bio, et avec des taux de dioxyde de soufre autorisés de moitié inférieurs à ceux de la réglementation européenne, si ! C’est le cas des vins produits selon les principes de la biodynamie. Cette technique prône la prise en compte de l’écosystème, et en particulier du sol. Elle respecte de plus les règles de l’agriculture bio.
Prix 28,90 euros la bouteille de champagne Carte Rouge Brut Fleury, AB et Demeter (label certifiant les pratiques biodynamiques), chez Naturalia / 22,90 euros la bouteille de champagne Nicolas Feuillate, étui doudoune, chez Monoprix.
Dessert
Envie de macarons ? Il en existe des 100 % bio, du sucre au cacao, en passant par les œufs et les amandes. Les macarons non bio, eux, contiennent des colorants industriels, tels que les E102 (jaune), E132 (bleu) et autres E133 (bleu brillant). Ces derniers nécessitent, pour leur fabrication, d’autres produits chimiques tels que des solvants, pas terribles pour l’environnement.
Prix 7,99 euros les 90 g de macarons surgelés « Le bio à la bouche » chez Naturalia / 4,95 euros les 120 g de macarons surgelés Monoprix Gourmet.
Verdict économico-gastronomique
Pour deux personnes, à quantités égales (80 g de saumon et 250 g d’huitres par personne), le menu bio revient à 107,50 euros. Le non bio s’élève, lui, à 105,60 euros. Deux euros de différence entre du bio et du conventionnel (certes pas le moins cher) : j’opte pour le bio !
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