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Exigeons un moratoire sur les gaz de schiste

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Exigeons un moratoire sur les gaz de schiste
(Légende : extraction de gaz de schiste en Pennsylvanie aux Etats-Unis. Crédit photo : Ruhrfisch)
 
Les gaz non conventionnels ne sont pas le nouvel eldorado énergétique et de nombreuses voix s'élèvent sur leurs conditions d'extraction aux Etats-Unis. Avant d'importer cette aventure industrielle, l'Europe doit agir.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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La transition énergétique qui substitue les énergies renouvelables aux combustibles fossiles est en marche. Le gaz naturel occupera une place importante dans les décennies à venir pour accompagner cette transition. La consommation mondiale de gaz devrait ainsi passer de 3 téramètres cubes (3 millions de millions de m3) en 2007 à 4,4 téramètres cubes en 2030. Alors que les réserves de gaz naturel conventionnel décroissent (elles sont estimées à soixante ans de consommation), un certain nombre de pays se tournent vers l’extraction de gaz non conventionnels nichés dans le charbon, les schistes et des réservoirs particulièrement difficiles à exploiter… mais permettant de réévaluer les réserves mondiales de gaz de 60 à 250 %.

Pour beaucoup, c’est la promesse d’un nouvel eldorado économique, d’autant plus que les gisements sont disséminés dans le monde. De quoi s’affranchir de contextes géopolitiques parfois instables.

Le gaz de schiste représente aujourd’hui la seconde source énergétique des Etats-Unis, permettant de chauffer plus de la moitié des foyers. Les appétits s’aiguisent, les acteurs industriels de l’énergie, notamment les firmes pétrolières s’organisent. Les projets d’exploration ou d’exploitation se multiplient au Canada, en Australie, en Chine, en Argentine, en Asie centrale mais aussi en Europe (Hongrie, Pologne, Allemagne, France…).

Mais à quel prix ? On ne compte plus les voix qui s’élèvent aux Etats-Unis pour s’inquiéter des conséquences écologiques désastreuses de l’exploitation de ces gaz. En cause notamment la technique de fracturation hydraulique qui mobilise des tonnes de produits chimiques pour favoriser la fracturation artificielle de la roche-mère et menace les ressources en eau.

Selon le département de la Protection de l’environnement en Pennsylvanie, c’est un véritable cocktail chimique qui est utilisé par l’industrie avec des composés souvent hautement cancérogènes, reprotoxiques et toxiques pour les milieux aquatiques. Ont été identifiés, entre autres, le benzène et ses dérivés, les éthers de glycol, des acides, le formaldéhyde, le toluène, le xylène, le naphtalène…

Une partie seulement de l’eau utilisée est récupérée (50% à 90% selon les sources) dans de vastes bassins de récupération et nécessite d’être traitée, l’autre partie rejoint les aquifères.

D’autres nuisances sont aussi liées à l’exploitation. Le torchage génère des émissions toxiques dans l’atmosphère (CO2, NOx, particules fines, etc.). D’une faille à l’autre, les puits et les conduites de gaz mitent le paysage.

Des villes comme New York ou Pittsburgh en Pennsylvanie votent pour l’instauration de moratoires afin de protéger leurs ressources en eau. Le 18 mars dernier, l’Agence gouvernementale de protection de l’environnement a annoncé le lancement d’une étude approfondie sur les impacts environnementaux et sanitaires de l’exploitation gazière qui durera près de deux ans. Ce sont près de 2 millions de dollars (1,5 million d’euros) qui sont consacrés en 2010 à cette expertise.

Les termes du débat sont triples : économique, écologique et démocratique (gouvernance). Si on laisse faire les acteurs économiques sans régulation, cette ressource sera exploitée à moindre coût, au détriment de l’environnement et de la santé publique. Le développement des énergies renouvelables et la recherche d’une plus grande efficacité énergétique s’en trouveront fortement pénalisés. Le vrai prix d’une énergie est celui de sa production régulée par rapport à des contraintes environnementales, sanitaires et d’acceptation sociale.

Il faut éviter à tout prix que cette aventure industrielle risquée ne s’exporte en Europe dans les conditions actuelles. C’est la raison pour laquelle il faut plaider pour l’instauration d’un moratoire européen dans l’attente d’une expertise sur les impacts des technologies actuelles d’extraction et de la définition d’un cadre juridique offrant toutes les garanties d’information et de protection des populations et de l’environnement.

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Président délégué de CAP21.

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  • Monsieur Sammicheli, lorsque l’exploitation des gaz de schistes aura commencé en France (ce dont personnellement je ne souhaite pas du tout), que l’eau du robinet des zones exploitées deviendra non potable, que les territoires exploités deviendront des zones mitées par les puits de forage, que cette exploitation monopolisera la ressource en eau de régions régulièrement soumises à des sécheresses (aveyron, lozère, ardèche), que ces exploitations anéantiront tous les efforts des habitants locaux pour développer un éco-tourisme de qualité et une agriculture raisonnée, et je ne parle pas des cas de pollution de l’air ou radio-active déjà constaté aux états-unis, donc quand cette époque formidable aura débuté, pour le seul plaisir des portefeuilles de quelques PDG de grosses multinationales énergétiques et pour assurer un peu plus le confort de quelques occidentaux égocentriques, pensez-vous réellement, quand ce sera le cas, que cette exploitation posera simplement un grave problème à certains courants du mouvement écologiste ???
    Continuons la fuite en avant, continuons le grand n’importe quoi, continuons à détruire notre planète pour extirper la moindre goutte de pétrole et de gaz pour le bien être des PDG et actionnaires de Total, Exon, GDF-Suez,... et surtout, surtout n’essayons pas de raisonner autrement, n’essayons pas d’investir les sommes astronomiques dévouées à ces exploitations dans le développement d’énergies renouvelables, n’essayons surtout pas de réduite nos consommations énergétiques, non, non, surtout ne changeons pas nos modes de vie, ce serait beaucoup trop dangereux, et puis après tout, çà ne concerne que quelques courants écologiques !!! Mon dieu, si on n’exploite pas le gaz de schistes çà va doper la consommation de charbon, plus nocives pour l’environnement dîtes vous ! Oui la consommation de charbon est nocive pour l’environnement, mais certainement pas autant que l’exploitation des gaz de schistes...

    12.03 à 19h57 - Répondre - Alerter
  • Evidemment le gaz de schiste pose un grave problème à certains courants du mouvement écologiste. Son apparition risque de retarder d’une ou plusieurs générations la fin des combustibles fossiles de la planète, battant en brèche le thème de l’épuisement imminent de celles-ci. Il est donc urgent d’anéantir rapidement ce danger en exigeant un moratoire. Un peu de réflexion s’impose.
    Outre que ce gaz se développe depuis dix ans et qu’il aurait été judicieux de s’en apercevoir avant, ce moratoire aurait une conséquence immédiate : doper la consommation de charbon mondiale, bien plus dommageable pour l’environnement.
    Ni la Chine, ni l’Inde, ni le Vietnam, ni l’Indonésie, malgré tout ce qui s’est dit à Cancun, n’ont l’intention de renoncer au charbon. En 2030, la planète consommera 50% de charbon en plus, ce qui est catastrophique. Les Américains , en septembre, ont réuni à Washington une conférence pour mettre à la disposition du monde entier les techniques d’exploitation du gaz de schistes, car ils estiment qu’il s’agit d’un des plus efficaces contre-feux au charbon.

    12.12 à 12h23 - Répondre - Alerter
    • il s’agit d’un des plus efficaces contre-feux au charbon

      D’un point de vue écologique, ou géopolitique ?...

      15.12 à 06h41 - Répondre - Alerter
      • Sammicheli : réponse à Hmm

        Les deux mon capitaine.
        Ecologie : le gaz de schistes comme tout gaz naturel dégage beaucoup moins de CO2 que le charbon. A ce sujet, félicitations aux écolos américains qui réussissant à empêcher la construction de centrales à charbon aux Etats Unis, ce qui est bien, permettent l’exportation de ce même charbon en Chine, ce qui est pire, car les centrales chinoises sont plus laxistes !
        Politique : en rendant le gaz naturel plus abondant, on affaiblit ses producteurs actuels qui sont l’Iran, la Russie et les monarchies arabes du Moyen Orient, défenseurs des droits de l’homme bien connus.

        15.12 à 10h47 - Répondre - Alerter
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