La conclusion est sans appel : les quelques villes françaises « qui ont entamé des démarches sont encore plus l’exception que la règle ». Bref, face au risque climatique, les cités hexagonales françaises ne sont pas prêtes, déplore un rapport de l’Onerc, l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique. Au rang des bonnes élèves, malgré tout : Lyon qui a recensé les quartiers menacés par la canicule, Paris qui dispose d’un plan Climat-Energie territorial chargé de répondre aux risques de fortes chaleurs et de crues, Rouen enfin qui, dans un nouveau quartier, installe des fossés de récupération de l’eau et végétalise ses toits.
Mais globalement dans les villes de France, « les projets sont courts, ignorent l’étape du diagnostic de vulnérabilité et n’adoptent pas une vision stratégique de l’adaptation de la ville pour les années à venir. On constate également que les rares plans d’adaptation se limitent à un ou deux événements climatiques (en général l’îlot de chaleur urbain et les inondations), et qu’ils ne considèrent pas réellement l’impact du changement climatique sur ces évènements ».
Deux ou trois semaines de chauffage en moins
Pourtant les risques sont nombreux : vagues de chaleur (augmentées dans les villes de 2 à 12°C par rapport à la campagne), pollutions, maladies transmises par les moustiques, inondations, variation des sols argileux qui menacent les immeubles. La santé et la sécurité des 47 millions d’urbains pourraient être menacées. L’économie des villes aussi. Avec le changement climatique, la consommation énergétique sera modifiée. « Il est ainsi projeté que sur le pourtour méditerranéen, vers 2050, chaque année, en moyenne, 2 ou 3 semaines de moins nécessiteront du chauffage, et 2 à 5 semaines de plus nécessiteront de l’air conditionné. » Résultat : des black-out en été menaçant l’activité des villes.
Le changement global pourrait aussi avoir un impact sur le tourisme : privant les stations montagneuses de neige et les zones de villégiature d’eau pour alimenter leurs golfs, leurs piscines… Aussi les mouvements de population – et la répartition sur le territoire – pourraient s’en trouver changés. La migration des seniors vers un sud touché par de fortes chaleurs pourrait ainsi ralentir.
Se tourner vers les pratiques traditionnelles
Alors que faire ? Attendre les bras croisés ? Non. S’adapter pardi. Le rapport préconise donc une meilleure maîtrise de l’occupation des sols – un arrêt de la construction en zones inondables notamment – mais aussi la construction d’infrastructures adaptées : digues, rehaussement des routes, enfouissement des lignes électriques. Et pour lutter contre les risques de canicule, pourquoi ne pas importer d’autres modèles urbains riches de ruelles ombragées et de patios ? « Les pratiques traditionnelles que l’on trouve en Espagne ou en Afrique du Nord pourraient se révéler utiles pour la France à l’horizon de la fin de ce siècle. »
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