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Chez Carrefour, un chariot (vraiment) sans OGM

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Chez Carrefour, un chariot (vraiment) sans OGM
(Crédit photo : Carrefour)
 
En France, on peut manger sans le savoir du bœuf ou du poisson qui a boulotté du soja transgénique. Raison pour laquelle le géant de la distribution a lancé un étiquetage « nourri sans OGM » sur 300 références alimentaires. Visite des coulisses d'une opération transparence.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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« Comment reconnaître un poulet nourri avec OGM d’un poulet nourri sans OGM ? » « Comment reconnaître un porc nourri avec OGM d’un porc nourri sans OGM ? » Vous donnez votre langue au chat ? A moins de n’acheter que du bio, rien n’indique que le saumon que vous retournez sur votre poêle ou que la poule qui a pondu votre œuf à la coque n’ont pas été nourris au soja transgénique. Et une observation de la côtelette de porc les yeux dans les yeux dans un rayon de supermarché sera vaine. A moins que…

Fin octobre, Carrefour a sorti de son chapeau une nouvelle étiquette qui répond aux questions ci-dessus, issues de sa dernière campagne de communication. Rond et vert, le macaron indique sur l’emballage : « nourri sans OGM » (1). Simple, informative, l’étiquette s’est invitée sur 300 produits de la marque Carrefour (viandes, poissons, œufs). En remplissant votre chariot, vous saurez donc un peu plus ce qui finira dans votre estomac. Carrefour l’assure, sondage Ifop (2) en main, « 96% des Français aimeraient savoir s’il y a des OGM dans leur assiette et 63% arrêteraient de consommer des produits s’ils savaient qu’ils sont issus d’animaux nourris aux OGM ».

L’initiative du numéro 2 mondial de la distribution est une première à grande échelle. Aujourd’hui, seules quelques marques locales ont déjà sorti leur étiquette « nourri sans OGM », à l’image des Fermiers de Loué, depuis juin 2009, du Beurre d’Echiré ou encore du Bœuf AOC Maine Anjou. Pour le reste, c’est le désert de Gobi. Vous pouvez retournez votre barquette de steaks hachés Leclerc, Auchan ou Charal dans tous les sens, elle ne lâchera rien. La faute à la loi française, qui reste désespérément muette sur le sujet.

Chipolatas à l’amidon

La seule norme en vigueur – et elle est européenne – concerne l’étiquetage des produits végétaux. Elle vous permet de savoir, grâce à un étiquetage obligatoire, si la sauce barbecue dans laquelle vous trempez vos chipolatas contient par exemple de l’amidon de maïs génétiquement modifié à plus de 0,9%. Mais pour les produits issus d’animaux nourris aux OGM, chaque Etat est libre de légiférer. En Allemagne, en Autriche et en Italie, des labels ont vu le jour. La France aurait dû les rejoindre grâce à la loi OGM du 25 juin 2008. Problème : le décret d’application se fait toujours attendre.

« Or les OGM se sont infiltrés en masse dans l’alimentation animale », alerte Arnaud Apoteker, chargé de la campagne OGM pour Greenpeace France. Depuis 2000 et l’interdiction des farines animales, l’Europe importe à grands coups de cargo le soja brésilien, argentin et nord-américain pour alimenter ses élevages intensifs en protéines. Chaque année, 30 millions de tonnes de tourteaux de soja sont importées sur le continent, dont 4,7 millions de tonnes pour la seule consommation française, la plus importante d’Europe. 80% de ce grand gâteau est génétiquement modifié. « C’est une aberration que les gens n’aient pas le droit de savoir », dénonce Boris Patentreger, chargé de programme soja au WWF-France.

Circuit d’approvisionnement séparé

Si son initiative fait grand bruit, Carrefour ne s’est pas converti au principe de précaution du jour au lendemain. Ses produits issus d’animaux nourris sans OGM sont déjà en rayon depuis des années et vous les consommez peut-être déjà. En les étiquetant, le groupe vise surtout à s’offrir une bonne image et à valoriser ses efforts. Car la création de la filière a un coût. Pour éviter toute contamination, Carrefour a mis en place depuis 2000 un circuit d’approvisionnement séparé et tracé à chaque étape : culture, stockage, transformation, transport…

Le groupe demande à ses éleveurs de n’utiliser qu’un certain type de tourteaux de soja brésilien, garanti non OGM. Et assure que des contrôles réguliers sont effectués par les groupes d’analyses Eurofins et Silliker. « Il y a plus de 3 000 producteurs, éleveurs et fournisseurs français engagés à nos côtés dans cette démarche », soutient la multinationale.

Mieux : le client n’aurait pas besoin de se saigner pour accéder à ces produits. « Les producteurs vendent la viande garantie sans OGM en moyenne 8% plus cher, expliquait James McCann, directeur exécutif du groupe en France, dans une interview au Journal du Dimanche, le 22 octobre. Carrefour a choisi d’absorber l’essentiel du surcoût. Au final, l’impact sur le prix de vente est faible, de 2% environ ».

Un signal fort envoyé à la filière non OGM

Certains produits Carrefour estampillés non OGM pèsent lourd dans le commerce de ses hypers : 71% des ventes de porc, 92% des ventes de la famille saumon au rayon poissonnerie, 50% des ventes d’œufs. « Au total, ces aliments représentent 5% des importations françaises de soja », souligne Boris Patentreger, du WWF. De quoi envoyer un signal fort à la filière non OGM en amont, dont la pérennité est menacée. En effet, l’Argentine, le Paraguay et les Etats-Unis ne produisent plus que du soja génétiquement modifié. Le Brésil fait figure de dernier bastion de résistance, mais pour combien de temps encore ? « Entre 2008 et 2010, la production de soja OGM est passée de 65% à 80% dans le pays », s’inquiète Boris Patentreger.

L’initiative de Carrefour sera d’autant plus opportune qu’elle poussera ses concurrents à se positionner et la France à poser des règles. Michel David, secrétaire national de la Confédération paysanne, tient toutefois à apporter un bémol au milieu des réjouissances générales : « L’idéal reste toujours de ne pas importer de l’autre bout du monde du soja qui se substitue aux cultures alimentaires et détruit la forêt amazonienne ».

(1) Etude Ifop réalisée du 12 au 15 octobre 2010 sur un échantillon de 1 000 personnes âgées de 18 ans et plus représentatif de la population française.

(2) Garanti à 99,1%.


ALIMENTS POUR ANIMAUX : LES CHIFFRES

- Répartition des matières premières utilisées pour l’alimentation animale (source : Coopération agricole de France)

49% Céréales en grains (blé, orge, maïs)

29% Tourteaux de graines oléagineuses (soja pour moitié, colza, tournesol)

11% co-produits de transformation de céréales

Reste petits pois, luzerne, pulpe de betterave déshydratée…

- 22 millions de tonnes : C’est la consommation annuelle d’aliments composés pour nourrir les élevages français.

- 1% : C’est la part de la consommation européenne de soja couverte par la production continentale. Le reste est importé.

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Journaliste indépendante. Collabore à Terra eco depuis novembre 2010.

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