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Pénurie : notre économie reste accro au pétrole

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Pénurie : notre économie reste accro au pétrole
(Crédit photo : Dirk Ingo Franke - Wikimedia Commons)
 
La France n’avait pas connu de telles files d’attentes devant ses stations-service depuis le choc pétrolier de 1973-1974. Et encore, Paris n’avait alors pas été visé par l’embargo des pays de l’Opep. Le seul précédent à la situation actuelle, c’est mai 68.
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Plus d’un tiers des stations-services manquaient d’essence ou de gasoil ce mercredi, et près de 3 200 stations sur 12 500 étaient totalement à sec. Depuis hier, le gouvernement est parvenu à rouvrir (souvent très provisoirement) l’accès à plusieurs dépôts de carburants. Mais les 12 raffineries de l’Hexagone sont désormais complètement arrêtées. Impossible donc de réalimenter les dépôts, même ceux qui ont été « libérés ». Et les terminaux pétroliers de Marseille, principal point d’entrée du pétrole en France, restent encore et toujours bloqués : une cinquantaine de cargos pétroliers patientaient ce mercredi face à la Bonne-Mère ou au large de Fos-sur-Mer.

Que peut faire le gouvernement ? Pas grand-chose, répond Francis Perrin sur France 24, responsable de la revue Pétrole et Gaz Arabes, « car si l’on importe davantage, on risque simplement d’avoir davantage de pétroliers au large de Marseille ». Reste la possibilité de puiser dans les stocks stratégiques, qui représentent une centaine de jours de consommation. Mais ces stocks-là sont destinés à servir en temps de guerre, ou en tout cas de crise internationale majeure. Se résoudre à les utiliser ne serait pas un symbole très positif, à l’heure où le Sénat s’apprête à se prononcer sur la réforme des retraites. Bref, on est pas loin de l’impasse (mais vous l’aviez sans doute déjà noté).

Le directeur général de l’Union des industries chimiques affirme que la pénurie de carburants a déjà coûté un milliard d’euros à son secteur (auquel s’ajoutent 100 millions d’euros à chaque nouveau jour de grève, soit un tiers du chiffre d’affaires quotidien). A Paris, ce mercredi, des taxis disaient devoir patienter jusqu’à quatre heures pour faire un plein. En une semaine, les prix à la pompe ont augmenté « de 15 à 20 % selon les régions », d’après l’Organisation des transports routiers européens. Le Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux a fait savoir que les soins à domicile ne pourront « bientôt plus être assurés » dans « au moins 17 départements ».

Dois-je me résoudre à enfoncer une porte ouverte, et évoquer la dépendance et la vulnérabilité extrêmes de notre modèle sociétal à l’égard du pétrole ? Bof, non. Si ?

Patrick Bernasconi, président de la Fédération nationale des travaux publics explique au site de France24 : « Nous sommes touchés par cette pénurie. D’abord parce que les entreprises qui construisent les routes n’ont plus de bitume. Le bitume est un liant qui provient directement des raffineries, il n’existe aucun stock de bitume ni dans les entreprises ni ailleurs. Les entreprises sont en train de s’arrêter de fonctionner et près de 10 000 personnes sont déjà au chômage technique – le secteur des travaux publics représente au total environ 300 000 personnes. Nous avons aussi des problèmes en ce qui concerne l’approvisionnement en matières premières, le béton par exemple, ce qui risque d’entraîner le blocage de milliers de chantiers. Comme ils manquent de carburant, les camions ne peuvent plus nous livrer les matériaux dont nous avons besoin. »

Tandis que la CGT et les autres syndicats continuent à appuyer là où ça fait très mal, que fait Jean-Louis Borloo, ministre de l’Energie et des Transports, l’homme qui a failli faire de la France un pays écolo ? Il se cache, dénonce Le Point (bien qu’il s’en défende dans les colonnes du Monde).

Des bonnes nouvelles ? Les sociétés de covoiturage carburent (si l’on ose dire) mieux que jamais, relève 01Net. Ça c’est de la croissance verte, pépère. Et en prime, tandis que le trafic autoroutier autour de Paris est en baisse d’environ 10 %, il fait bon respirer l’air de l’Ile-de-France, d’après AirParif.

Au fait, il y aurait bien une solution afin de sauver pour longtemps la croissance de l’économie française, les régimes de retraites, etc. : trouver du pétrole, là, tout de suite. Et bien figurez-vous que trois compagnies pétrolières indépendantes américaines sont peut-être en passe d’accomplir ce « miracle ». Elles prétendent que 100 milliards de barils de pétrole non-conventionnel – plus que dans toute l’Amérique du Nord – gisent là, sous notre bon vieux bassin parisien, raconte l’agence Bloomberg. On verra bien d’ici quelques semaines le résultat des premiers forages. Notons que le géant français Total est resté prudemment à l’écart de cette discrète ruée vers un hypothétique or noir hexagonal.

Ce billet est originellement paru sur le blog Oil Man, chroniques du début de la fin du pétrole de notre collaborateur Matthieu Auzanneau

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Chargé de la prospective et du lobbying au Shift Project, think tank de la transition carbone, et blogueur invité du Monde

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