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20-01-2005
Mots clés
Multinationales
Europe

Un marché sous très haute tension

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Désormais ouvert à la concurrence, le marché français de l'électricité enregistre une hausse constante des prix. Et EDF s'est découvert une nouvelle vocation : la spéculation.
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De l’eau dans le gaz ? Peut-être. Le pari de la Commission européenne de faire baisser les tarifs de l’énergie en cassant les monopoles semble compromis, en tous cas en France. Après avoir envoyé au charbon ses 3000 entreprises les plus consommatrices, et avant les particuliers en 2007, l’Hexagone autorise depuis six mois tous les clients professionnels (68% de la consommation française) à se brancher ailleurs. Soit chez d’autres producteurs comme la filiale de Suez Electrabel, soit auprès de fournisseurs comme Poweo ou Direct Energie. Ces "low cost" du secteur sont 10% moins chers qu’EDF. "Les tarifs fluctuent en fonction des consommateurs. EDF se bat pour conserver ses gros clients, et encourage ceux qu’elle souhaite voir partir - les moins rentables, faibles consommateurs ou géographiquement isolés - à trouver des offres intéressantes ailleurs", note Steve Benisty, président de l’Office d’expertise énergétique (Ofee).

La France suit le courant de l’Allemagne

Selon la Commission de régulation de l’électricité (CRE), seuls 12300 clients avaient en décembre quitté l’électricien public, sur 3,7 millions d’"éligibles". Une paille... Un sondage commandé par la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies montre que 88% des maires et 72% des entreprises "n’ont pas l’intention de changer de fournisseur". Car cette décision est irréversible. Choisir un concurrent d’EDF, c’est renoncer aux tarifs régulés et s’exposer aux prix volatils du marché, en hausse constante depuis l’ouverture à la concurrence de 2002. Pendant la canicule, le mégawatt-heure (MWh) est passé de 24 à 34 euros. Les prix indiqués par la bourse Powernext (où ne s’effectue qu’une faible part des échanges) fluctuent autour de 30 euros. Bernard Brun, patron de l’Union française de l’électricité, représentant le Medef dans ce secteur, voit le MWh à 40 euros en 2007, fin théorique des tarifs réglementés.

Cette inflation se justifie par l’alignement sur les tarifs du marché allemand, jugés élevés en raison des coûts du charbon et des permis d’émission de CO2. Quant aux 40% d’augmentation des prix outre-Rhin en trois ans de concurrence totale, ils s’expliqueraient par le rôle accru des places de marché, notamment la bourse allemande Eex. D’après l’étude 2004 du cabinet NUS Consulting, "les prix sont fonction de la spéculation et en aucun cas d’accords bilatéraux entre fournisseurs et utilisateurs finaux. A noter que les principaux actionnaires d’Eex sont Rwe, E-on, Vattenfall et Noordpool, quelques-uns des principaux pourvoyeurs du marché." Un "cartel" auquel Jean-Sébastien Letourneur associe EDF. Selon le directeur de l’Union des entreprises utilisatrices d’énergie, "[ces actionnaires] se sont partagé le marché et alignent leurs offres pour proposer aux entreprises des prix prohibitifs au travers d’une bourse d’échanges." Les enquêtes menées par les autorités de régulation n’ont malgré tout rien prouvé.

La spéculation : nouveau métier d’EDF

Quoiqu’il en soit, la spéculation est aujourd’hui l’une des activités les plus rentables d’EDF. Sa filiale EDF Trading compense ainsi des investissements hasardeux, comme en Argentine... Et EDF pousse ses clients au-delà des tarifs réglementés, dont elle réclame par ailleurs une hausse de 7,5%. "L’entreprise veut bénéficier à plein de la rente nucléaire et rendre plus sexy sa mise en Bourse dans quelques mois", grince un expert de l’entreprise publique, sous couvert de l’anonymat. L’électricien a par exemple rompu ses engagements avec la SNCF, troisième consommateur national, qui se retrouve aujourd’hui sans contrat en situation de "pilotage des risques" pour la traction de ses trains. Et ce, alors qu’elle produisait elle-même une partie de ses besoins grâce à une filiale, la Société hydroélectrique du Midi (SHEM). Mais celle-ci a été cédée à Suez, conformément aux obligations européennes, pour faire une place à la concurrence... A laquelle, service public ou pas, rien ne doit faire barrage !
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