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5-10-2010
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Développement Durable
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Chronique

Développement durable : il n’y a que le premier pas qui coûte

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Développement durable : il n'y a que le premier pas qui coûte
(Crédit photo : OliBac)
 
Suite à son portrait paru dans le dernier numéro de « Terra eco », Tristan Lecomte, pédégé d'Alter Eco, nous a adressé cette chronique. Selon lui, il faut se garder de toute suspicion vis-à-vis des personnes et des entreprises qui se mettent au « durable ».
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Imaginez un psychiatre qui dirait à son patient que sa pathologie est trop grave pour qu’il l’aide à changer. Imaginez Roméo qui se lasse du combat pour conquérir Juliette. Le dalaï-lama qui ne se préoccupe plus de la cause tibétaine, croyant le combat perdu d’avance. Impossible, direz-vous ? C’est pourtant ce qui se passe chaque fois que nous mettons en doute l’engagement de quelqu’un ou d’une entreprise pour le développement durable.

Il est contre-productif d’empêcher un homme ou une organisation de changer, d’être suspicieux et immédiatement critique, au lieu d’accueillir l’initiative et l’encourager. C’est ne pas avoir soi-même suffisamment confiance dans ce que représente le développement durable, comme vague inéluctable et profonde de changement de tous les acteurs et de tous les comportements. C’est ne pas croire en sa propre capacité de changement, ne pas savoir changer son regard sur les autres et garder une forme de rancune, de jalousie. Comme si ce changement nous était réservé. Alors qu’au fond, tout le monde est invité à changer, si ce n’est pas conviction, au moins par nécessité, c’est ce que dit le développement durable et rien d’autre.

Qu’importe la manière et l’étendue du premier pas, l’important c’est que l’homme et les organisations soient engagés dans la dynamique du changement. Nicolas Hulot le dit lui-même : « Le développement durable, on peut y venir par opportunisme, on y reste toujours par conviction ». A s’engager, les nouveaux arrivants prennent progressivement conscience des multiples valeurs ajoutées de la démarche pour eux-mêmes et l’entreprise. Ils sont plus satisfaits, plus riches de cette vision qui anoblit leur métier et leur vie. Elle crée de la richesse et du lien humain. Rassurés de ce premier pas réussi, ils s’engagent à nouveau, pour un second pas, et ainsi de suite… Le mouvement s’accélère, jusqu’à ce que le développement durable soit devenu partie intégrante de leur vie et des activités d’une organisation. Ils sont le développement durable, tout simplement. Il n’en est jamais autrement.

Certains engagements sont mal accueillis par le public car ils contrastent trop avec l’image de la personne ou de l’organisation en question. On peut comprendre le phénomène de rejet à première vue. Mais il ne doit pas perdurer, au risque de bloquer l’organisation dans son changement, voire de freiner tout un secteur d’activité ou la société dans sa mutation.

Ainsi, aujourd’hui, les principaux freins au développement durable sont dans l’accueil que l’on réserve à ceux qui annoncent s’engager. Trop souvent, on est suspicieux, incrédule ou résigné suivant les cas. Ces conservatismes du « Non, cela n’est pas possible », tant dans les entreprises d’un côté, que dans le mouvement altermondialiste de l’autre, sont les principaux obstacles au changement de fond de notre société. Il faut encourager l’union, parfois, de certains antagonismes, pour mieux les dépasser. Bloquer, c’est freiner le changement de société, d’où que l’on croit se situer.

Si l’accueil est franc, chaleureux et si toute personne encourage clairement toutes les nouvelles initiatives prises pour le développement durable, le changement va continuer de s’accélérer. Il ne s’agit pas de naïveté mais de courage et de confiance dans le sens du mouvement. Les désordres du monde ne sont que l’expression de nos propres désordres intérieurs, de nos propres frustrations, peurs et contradictions.

Sachons accueillir tous les hommes et toutes les organisations qui s’engagent pour le développement durable. Donnons de notre secteur un visage joyeux et épanoui. Donnons envie : c’est la clé du changement que nous voulons tous pour le monde, et comme disait Gandhi, que nous devons être pour le monde. Sortons de « l’âge du non », le développement durable fera le reste.

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Né en 1973 à Reims (Marne), Tristan est diplômé de HEC. Il a fondé Alter Eco en 1998. En 2008 il lance Pur Projet. Tristan vit en Thaïlande près de Chiang Mai depuis 2010 et chronique pour Terra eco depuis 2009.

3 commentaires
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  • Nous devrions passer d’une logique d’exploitation à une logique de protection, car dans le système actuel, dès qu’il y a des enjeux économiques ou financiers, la biodiversité est reléguée au 2nd plan. Changer le modèle économique actuel, suppose avant tout d’exiger des industriels et des politiques de faire attention à la pérennité et de reconnaître que la biodiversité joue un vrai rôle économique, social et écologique, qui doit être considérée, car on est incapable de s’y substituer. Il en va de notre sécurité et de notre avenir.
    Si cette nouvelle logique s’applique, alors on peut espérer que le capital et la nature fassent bon ménage...
    La biodiversité doit être reconnue et gérée comme un bien public mondial, et il faut définir des politiques qui donne à l’écologie la priorité dans les décisions publiques et permet de récompenser les actions bénéfiques et pénaliser les comportements nuisibles.
    Mais, la prise de conscience est lente, alors que les changements climatiques et la perte de la biodiversité sont des sujets très graves. L’Homme a besoin de la nature pour être heureux, mais rien ne garanti aujourd’hui que le bien-être humain se poursuivra dans l’avenir.

    16.10 à 19h36 - Répondre - Alerter
  • De quoi parlons-nous ? L’expression est ultra-galvaudée, mais il s’agit bien d’un "développement qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs".

    Mon interprétation personnelle est que ce type de développement interdit le recours aux énergies fossiles, qui par définition ne sont plus disponibles pour les générations futures une fois consommées. Il faut bien se rendre compte que, sans d’hypothétiques progrès technologiques majeurs dans l’efficacité énergétique et dans de nouvelles énergies, le développement durable se concrétisera entre autres par la décroissance. Je ne connais pas une seule entreprise qui intègre ces données dans ses prévisions, quelques soient ses "premiers pas" vers le DD. Ainsi le DD n’existe pas encore, ce n’est qu’un objectif. A partir de là, quand je vois Total parler de développement durable, oui, je suis très sceptique, car c’est le coeur de business de Total de faire du développement non-durable.

    S’il est rentable de faire du DD, tout le monde en fera. Mais quand on en arrive aux mesures substantielles, celles qui ont le plus d’impact, il y a de fortes chances qu’elles soient contraires à l’intérêt financier. Or toute entreprise, quelques-soient ses louables intentions, évolue dans un environnement concurrentiel et face à un marché qui l’obligent à considérer les aspects économiques avant le reste. Dans ces conditions, je ne pense pas que l’initiative privée puisse changer le monde d’elle-même. Je ne vois pas comment le véritable DD pourrait résulter d’une démarche volontaire et créer une « vague inéluctable et profonde de changement de tous les acteurs et de tous les comportements ».

    Le danger de l’optimisme est de ne pas prendre la mesure des enjeux et de se contenter du "premier pas" (ce qui reste toutefois une bien meilleure posture que la résignation, facile mais guère productive). Il faut saluer le premier pas, mais il ne faut pas se tromper sur les motivations réelles des entreprises. Par exemple, quel est le but final d’Alter Eco ? S’il est d’améliorer le niveau de vie des producteurs et de contribuer au développement des PMA, on pourrait s’attendre à ce que vous ne vous contentiez pas d’acheter des matières premières, ca ça conserve l’essentiel de la valeur ajoutée au Nord. Mais l’alternative ne serait certainement pas rationnelle d’un point de vue économique (coût de la transformation sur place ? qualité ?) et à coup sûr elle servirait sur un plateau des parts de marché à Ethiquable. Vous pouvez prendre plein de belles initiatives… tant qu’elles permettent croissance et profit. C’est pourquoi, même avec un visage joyeux et épanoui, votre secteur ne porte pas l’espoir du changement de fond que vous souhaitez pour la société.

    Monsieur Lecomte, croyez-vous à la main invisible ? Je ne suis pas communiste, mais avouez qu’il faut quand même intervenir un minimum pour ne pas se laisser abuser pas la com. Pubs, rapports aux investisseurs, sites internet, c’est partout pareil : tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Etant donné le grand écart avec la réalité, ça ne me paraît guère raisonnable de confier à l’entreprise la responsabilité de changer de modèle de développement.

    7.10 à 23h09 - Répondre - Alerter
  • Denis Guichot : En avant, toutes !

    Toutes les organisations et tous les individus sont bien entendu les bienvenus à bord du navire "développement durable".
    Je crois très fort aux initiatives qui se mettent en place et qui vont être génératrices de synergies.
    Cependant, compte tenu de l’urgence écologique, il faut mettre toutes voiles dehors !
    Donner envie de changer représente un moteur essentiel pour faire bouger notre société. Sur ce sujet, je vous recommande l’excellent dossier réalisé par Futerra, dynamique agence de communication britannique spécialisée dans le développement durable.

    En avant, toutes !

    6.10 à 15h25 - Répondre - Alerter
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