« C’est le bourreau qui se moque de sa victime »

Terra eco : Que pensez-vous de ces publicités qui tapent sur les écolos ?

Alexandre Pasche : Il faut faire attention au risque du trop politiquement correct. Aujourd’hui, on nous dit qu’il ne faut pas montrer des homos qui font trop homo, des noirs ou des écolos caricaturés. Mais la publicité fonctionne sur l’humour. Il faut aussi qu’on se moque des écolos. Ils sont ridicules parfois ! Cela dit, on peut se demander si ces publicités sont efficaces et pertinentes. Là, c’est le bourreau qui se moque de sa victime. La pollution atmosphérique urbaine tue plusieurs milliers de personnes par an. C’est mal venu pour Goodyear ou Volkswagen de se moquer de citoyens à sensibilité écologiste qui sont souvent ceux qui souffrent le plus, en ville, de ces nuisances.

Ces pubs sont-elles le signe d’un certain ras-le-bol ?

Après Copenhague, on nous disait que l’effet de serre, le bouleversement climatique, les gens en avaient assez. On appelait ça le syndrome « Stopenhague ». Mais c’est une mauvaise interprétation du mouvement. En fait, beaucoup de gens en ont effectivement marre qu’on leur dise de fermer les robinets, d’éteindre la lumière, de couper leur moteur au feu rouge. Mais plutôt que d’être culpabilisés, ils voudraient qu’on fasse pression sur les entreprises pour qu’elles arrêtent de vendre des pesticides ou des voitures polluantes.

Les agences de pub ont néanmoins appris à récupérer la tendance ?

Oui, mais ils ne doivent pas se tromper, les gens n’en n’ont pas ras-le-bol de l’écologie mais du « greenwashing ». Et se moquer des écolos, c’est possible en France mais ça ne l’est peut-être pas partout. Ici, contrairement aux pays anglo-saxons ou germaniques, le boycott ne prend pas. En Allemagne, les publicitaires ne se permettraient sans doute pas de caricaturer les écolos quand 30% de la population est proche de l’écologie.