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23-09-2010
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Pauvreté : « La dette est le verrou qu’il faut faire sauter »

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Pauvreté : « La dette est le verrou qu'il faut faire sauter »
(Crédit photo : Irri)
 
Les objectifs du millénaire ? Sept sur huit ne seront sans doute pas atteints. Mais plus que la crise, c'est notre système capitaliste qui est en cause. Il est temps de revoir la copie et d'annuler une fois pour toute la dette des pays du Sud.
Le Baromètre de cet article
ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Du 20 au 22 septembre 2010 s’est déroulé à New-York, au siège des Nations-unies, le Sommet mondial sur les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) dont le but annoncé était de « permettre une accélération des progrès en vue de la réalisation des OMD ». Car à seulement 5 ans de l’échéance, le tableau dressé par le dernier rapport de l’ONU de juin 2010 est pour le moins sombre. A ce stade, seul un objectif sur huit pourrait être atteint.

Certains affirment que la crise économique mondiale est passée par là. En réalité, ce sont les choix économiques imposés par les promoteurs de la mondialisation financière qui sont responsables à la fois du déclenchement de cette crise et de la dégradation des conditions de vie sur la planète depuis trente ans.

Les OMD étaient dès le départ voués à l’échec car ils ne sont pas contraignants pour les États, contrairement aux politiques désastreuses dictées par le FMI et la Banque mondiale. Plus fondamentalement, l’échec des OMD est intrinsèquement lié à la nature du système actuel : le capitalisme, incapable de satisfaire les besoins des peuples. Comment expliquer autrement qu’en dépit de l’augmentation exponentielle des richesses mondiales, l’extrême pauvreté a doublé en Afrique subsaharienne entre 1981 et 2005 et les inégalités n’ont cessé de s’accroître partout où les recommandations du FMI étaient appliquées ?

Un changement radical est donc nécessaire pour, d’une part, permettre aux États de respecter leurs engagements de protection des droits humains tels que le Pacte international sur les droits économiques, sociaux et culturels de 1966 et, d’autre part, garantir le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes consacré par plusieurs textes internationaux dont la Déclaration de l’ONU sur le droit au développement de 1986.

Le président français Nicolas Sarkozy a proposé une taxe internationale sur les transactions financières, dont le contour est encore très flou. Il est très probable que les pays du G20 ne parviendront pas à se mettre d’accord sur ce point. On sent bien là qu’il cherche à sauver un système complètement délégitimé, au lieu de chercher à construire un modèle radicalement différent.

Un tel changement passe inévitablement par l’annulation totale et sans conditions de la dette extérieure publique des pays en développement. La situation est d’autant plus urgente qu’une nouvelle crise de la dette du Sud est en préparation, conséquence de la crise économique mondiale.

Il est donc cohérent d’exiger des pays du Nord trois mesures immédiates :

- La suspension immédiate du remboursement de la dette des pays du Sud (avec gel des intérêts)
- Un audit de cette dette pour annuler la part illégitime (celle qui n’a pas profité aux populations) sans inscrire, comme l’a fait le Norvège en 2006, les montants annulés dans l’aide publique au développement (APD) pour la gonfler artificiellement.
- Le versement de réparations pour la dette historique, écologique et culturelle qu’ils ont à l’égard du Sud.

Ces mesures, indispensables mais non suffisantes, sont fondées sur la justice et non sur une quelconque charité des créanciers. La dette est le verrou qu’il faut faire sauter au plus vite. Sans cela, aucune solution juste et durable ne pourra voir le jour.


Damien Millet a co-écrit « La crise, quelles crises ? » avec Eric Toussaint du CADTM Belgique

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Professeur de mathématiques et porte-parole du Comité pour l’annulation de la dette du tiers monde (CADTM-France).

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  • Je ne peux que reprendre votre première phrase : "Le drame de l’aide au développement n’est pas dû à un problème de ressource financière, mais à la façon dont cette ressource est employée !"

    Tant que l’argent du développement continuera à être employé à tort et à travers, il sera inutile d’en augmenter le montant. Je travaille dans ce domaine et puis témoigner en connaissance de cause.

    29.09 à 13h51 - Répondre - Alerter
  • LE DRAME DE L’AIDE PUBLIQUE AU DÉVELOPPEMENT

    Ils ne comprendront donc jamais que le drame de l’aide au développement n’est pas dû à un problème de ressource financière, mais à la façon dont cette ressource est employée !

    Ils ne retiendront donc jamais les leçons de la crise financière dans laquelle nous sommes plongés due au fait que nous entendons faire de l’argent avec de l’argent !

    Voilà que notre Président de la République veut prélever une taxe sur chaque échange financier !

    Mais Monsieur le Président pour qu’il y ait des échanges financiers il faut qu’il y ait de la création monétaire, la première étape de cette création étant la production de céréales, de lait, de pommes de terre de nourriture quoi ! à la sueur de notre front.
    Or non seulement vous refusez d’assurer le développement des pays pauvres en ne respectant pas cette première étape indispensable de l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire, mais vous vous employez à ce que notre agriculture soit démantelée comme elle l’est dans tous les pays du monde ! Qui va donc produire des pommes de terre entre autres, pour générer des échanges financiers ?
    Voilà que Philippe Douste-Blazy, le conseiller spécial du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, la question de l’aide au développement, déclare sans rire : « Sans les financements innovants, si nous conservons le statu quo, nous ne pourrons atteindre les objectifs du millénaire pour le développement en 2015 »
    Quels seraient ces « financements innovants » ? Ils peuvent inclure des taxes sur les billets d’avion, le tourisme, l’Internet, la téléphonie mobile et les transactions financières, et sans doute un loto proposé il y a peu par d’autres rigolos !

    On croit rêver et pendant ce temps :
    « En Afrique les projets de Lutte contre la pauvreté appauvrissent les populations ! ».

    C’est une femme admirable qui le dit. Une Sénégalaise qui depuis Saint-Louis œuvre inlassablement pour aider les femmes de la vallée du fleuve Sénégal à faire renaître l’agriculture de la région. Les hommes eux sont, contre l’avis des femmes et au péril de leur vie, partis en Europe pour essayer de gagner quelque argent…

    « L’AIDE FATALE : Les ravages d’une aide inutile et de nouvelles solutions pour l’Afrique ».

    C’est Dambisa MOYO, une autre Africaine qui a écrit ce livre, elle sait de quoi elle parle pour avoir travaillé à la Banque Mondiale…

    « Ne pas avoir peur de dire aux Africains qu’on veut les aider, mais qu’on veut aussi que cela nous rapporte…/… ».

    C’est un homme qui le dit, un Français, le Secrétaire d’État à la coopération, le même qui ajoutera un peu plus tard qu’il faut créer un loto pour financer l’aide publique au développement ! ».

    « Ce sont les entreprises –et non les ONG- qui doivent prendre toute leur place dans l’aide au développement ! ».

    C’est un autre homme qui le dit le 29 juin 2010, Dov ZERAH nouveau directeur de l’AFD qui confirme ainsi que l’on veut bien aider mais qu’il faut que ça nous rapporte !

    Tout a donc été dit et sur le constat d’échec de l’aide et sur le peu de chances qu’il y a dans sortir si l’on continue à refuser les leçons qui auraient dues être tirées de ce constat.

    Jacques DIOUF le Directeur Général de la FAO n’arrête de le clamer haut et fort : « Nous ne sortirons de la famine qu’en aidant ces pays à assurer en priorité leur autosuffisance alimentaire ». Or au lieu de le faire en commençant par le développement de leur secteur primaire, ce qui permettrait aux populations de vivre dignement dans leurs meubles, nous recherchons des marchés permettant d’assurer notre précieuse et sacro–sainte croissance.
    Nous recherchons au travers de l’immigration prétendument choisie une main d’œuvre pour des taches que nous ne voulons plus accomplir.

    Au lieu d’aider ces pays à assurer leur développement en commençant par atteindre leur autosuffisance alimentaire, non seulement nous les incitons, en dissimulant au besoin le tout derrière le commerce dit équitable, à faire de l’agriculture industrielle en prétendant, imbécillité suprême, qu’ils dégageront les devises nécessaires à l’achat chez nous de leur nourriture ; mais nous leur faisons comprendre en prime que notre aide à leur développement doit avant toute chose nous rapporter.

    Au lieu d’aller écouter et soutenir Jacques DIOUF et la FAO au sommet de ROME sur la faim, nos chefs d’État irresponsables et inconséquents, ont préféré se livrer aux pitreries de COPENHAGUE, dont il ne pouvait rien sortir s’agissant de la recherche de solutions à un faux problème.

    Nous avons pendant deux décennies tenté de mettre en place des outils de développement, de financement notamment, qui ont fait la preuve de leur inefficacité et accentué pauvreté et famine dans les pays que nous entendions aider.

    Ce furent les funestes « ajustements structurels » imposés par la Banque Mondiale qui, pour simplifier, consistaient à pousser les pays à une indépendance et autonomie financière.
    Il fallait pour cela se procurer des devises, ce qui était fait par des cultures industrielles exportées alors que le niveau prioritaire d’autosuffisance alimentaire n’avait pas été atteint.
    Le résultat fut qu’il était impossible d’importer les ressources alimentaires de base en raison de la faiblesse des devises obtenues dans le cadre d’une organisation mondiale du commerce qui assassine les plus faibles.

    La Banque Mondiale dans cette phase avait rejeté violemment le modèle d’organisation coopérative du secteur agricole, et notamment la toute première étape de ce modèle remise à l’honneur par Muhammad YUNUS : la microfinance.

    La Banque Mondiale et les organismes de distribution de l’aide publique au développement affligés du syndrome du thermostat, qui fait qu’en matière de pensée nous agissions comme avec cet appareil dont nous ne connaissons que les positions extrêmes, revenait brutalement dans une deuxième phase à Muhammad YUNUS à sa Grameen Bank et à la microfinance sans imaginer que cette toute première étape d’un modèle millénaire devrait bien vite être dépassée.

    Les Pionniers de Rochdale en 1843, les producteurs de fourches de micocoulier dans le Gard en 1661, les créateurs de fruitières et autres tontines se référaient à des traditions ancestrales que l’on trouvait déjà chez les agriculteurs de Babylone, pourquoi l’outil mis en place dans nos agricultures il y a plus de cent ans ne serait il pas le modèle incontournable à développer chez ceux qui attendent que nous les fassions bénéficier de notre expérience ?
    Ce n’est pas parce que le merveilleux outil de la coopération est dépassé ou n’a plus lieu d’être chez nous que nous devons en rejeter l’utilisation dans les agricultures émergentes, ou en rester à ses toutes premières étapes comme nous nous obstinons à le faire avec la microfinance.
    C’est cet outil qui dépassant très vite la toute première étape de la microfinance a permis, il y a plus d’un siècle, à nos agricultures de connaître le développement que l’on sait alors qu’elles étaient dans la situation de celles que nous prétendons aider.

    « Quand un homme a faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher que de lui donner un poisson. »
    CONFUCIUS
    Philosophe, historien et homme d’Etat chinois
    « Yah ça m’a mordu, Back to the trees ! », retour aux arbres ! rugit oncle Vania notre lointain ancêtre face à l’apport trop brutal du feu qu’Édouard était allé chercher bien loin (Roy Lewis : « Pourquoi j’ai mangé mon père »).
    Apprends–nous plutôt à pêcher ! Sans nous renvoyer dans les arbres.

    À BERGERAC le 25 juillet 2010
    Jean-Pierre Canot
    Auteur de « Apprends-nous plutôt à pêcher »
    apprends-nous.plutot.a.pecher@canot.info

    24.09 à 08h54 - Répondre - Alerter
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