Vivement critiquée par quelques ONG environnementales lors des derniers rounds de négociation sur le climat, la compensation carbone ne fait pas l’unanimité des acteurs engagés dans la lutte contre les changements climatiques. Elle mène effectivement trop souvent à des tentations de greenwashing. Cependant, elle représente une formidable opportunité de co-financement pour les porteurs de projet de développement.
DE L’ÉTHIQUE…
Pionnier dans la valorisation d’émissions de gaz à effet de serre (GES) évitées sur un projet de développement mis en œuvre au Cambodge, le Geres (Groupe énergies renouvelables, environnement et solidarités) milite pour davantage d’éthique en matière de finance carbone. Il incite, à travers son programme de compensation CO2Solidaire, à plus d’humilité et de responsabilité face aux enjeux des changements climatiques.
A cet effet, CO2Solidaire invite ses partenaires à ne pas revendiquer de « neutralité carbone », au profit d’une plus grande rigueur et transparence en matière de réduction à la source de leurs propres émissions de GES. Du Vatican au chocolat, en passant par le grand prix de F1 de Montréal, beaucoup se prévalent déjà d’une neutralité climatique de façade. Souvent intégrée à une politique globale de « performance environnementale » (sic), cette pratique relève d’avantage d’une communication abusive.
La neutralité carbone traduit une impunité climatique. Or, celle-ci ne saurait exister sur une planète où nous, au Nord, sommes les premiers responsables de la situation actuelle. Elle constitue un privilège pour les pays industrialisés en laissant entendre sans équivoque que tout impact sur le climat peut être annulé par la voie de la compensation.
La neutralité carbone se confine à une stratégie d’affichage qui supplante, lorsqu’elles existent, les actions de réduction des émissions à la source. Dans ce registre, il est donc possible de s’afficher neutre en carbone, sans avoir consenti d’efforts de réduction !
Les périmètres retenus dans le cadre du bilan des émissions de GES d’une entreprise constituent une question centrale lorsque celle-ci affiche sa neutralité carbone. Ainsi, récemment, un équipementier sportif a annoncé en grande pompe sa neutralité carbone. Or, les périmètres retenus ne comprenaient ni les émissions occasionnées par la production ni le transport de ses produits !
… À LA SOLIDARITÉ CLIMATIQUE
Au-delà des réduction des émissions propres aux pays du Nord, nous avons une autre responsabilité à endosser : l’accompagnement des populations les plus vulnérables face aux conséquences des changements climatiques et qui n’en sont toutefois pas autant responsables. CO2Solidaire prône donc une logique de solidarité climatique, qui traduit deux démarches indissociables : primo, la réduction à la source de ses propres émissions de GES, première façon d’être solidaire. Secundo, le soutien à un projet de développement au Sud qui vise avant tout les bénéfices sociaux pour les populations locales.
Car, aussi nécessaires que soient les projets purement environnementaux, les mécanismes de projet liés au changement climatique doivent impérativement avoir des impacts économiques et sociaux pour les populations. C’est d’autant plus vrai lorsqu’ils sont mis en œuvre dans les pays les plus pauvres de la planète.
A l’heure d’une stagnation prévisible de l’aide publique au développement en 2010 à 0,44% du Revenu national brut (loin de l’objectif de 0,51% annoncé par l’Etat français) et qui repose d’ailleurs en grande partie sur l’allègement des dettes et sur des prêts, les ONG de développement sont à la recherche de sources de financements alternatives. Pour le Geres, la compensation s’inscrit bien dans une logique de cofinancement des projets de développement que l’association met en œuvre.
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