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9-12-2004
Mots clés
Société
France

Les prix sur le divan

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L'Insee a beau jurer que les prix sont sages, les Français ont la vague impression que les étiquettes dansent la lambada sous leur nez. Serions-nous victimes du syndrome de "l'inflation pyschologique" ?
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Inutile d’insister. Selon un sondage IFOP, réalisé en septembre 2004, 98 % des Français sont convaincus que les prix ont augmenté ces dernières années dans les grandes surfaces. 54 % d’entre eux jugent même cette hausse importante. Cette perception du "tout est plus cher" n’a rien d’anecdotique. Nicolas Sarkozy l’avait d’ailleurs bien compris. En obligeant les distributeurs à baisser leurs prix de 2%, l’ancien ministre de l’Economie savait qu’il toucherait la corde sensible des consommateurs.

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L’écart entre l’inflation perçue (courbe du haut) et l’inflation "réelle" se creuse (source : INSEE).

Le fumeur automobiliste en première ligne

A quoi ce sentiment est-il dû ? Les Français font-ils réellement face à une baisse de leur pouvoir d’achat ou s’agit-il uniquement d’une "inflation psychologique", c’est-à-dire perçue mais pas réelle. Droit dans ses bottes, l’Insee l’affirme : l’inflation est stable. Les prix à la consommation ont augmenté de 2,1 %, d’octobre 2003 à octobre 2004. Pourtant, lorsque l’on compare l’inflation réelle et l’inflation perçue par les ménages, on constate que l’écart se creuse depuis le passage à l’euro (voir graphique ci-contre). "Les chiffres de l’Insee prennent en compte un panier global, alors que les consommateurs perçoivent les hausses ou les baisses en fonction uniquement de ce qu’ils consomment, c’est un sous-panier", reconnaît Dominique Guédès, chef de la division prix à la consommation à l’Insee.

2 de tension pour les salaires

Cet effet "sous-panier" génère aussi des différences de perception d’un consommateur à l’autre : "Un fumeur utilisant une voiture sera plus sensible à la hausse des prix car, depuis deux ans, le carburant et le tabac ont fait un bond", ajoute Dominique Guédès. Première conclusion : le ressenti des consommateurs, même s’il n’est pas révélateur d’une situation globale, s’appuie sur des augmentations de prix bien réelles.

Mais il y a plus. Ces hausses de prix intempestives ne sont pas les seules en cause. Car, pour Michel Amar, chef de la division salaire et revenu d’activité à l’Insee, il y a bel et bien une érosion du pouvoir d’achat. Là encore, les chiffres parlent d’eux-mêmes : le revenu disponible brut (salaire moins les impôts et les cotisations sociales) a augmenté de seulement 0,3 % en 2003, après 2,3 % en 2002 et 3,2 % en 2001. "Il y a eu certes des modérations, en raison du passage aux 35 heures, mais elles sont bien antérieures à 2003. En fait, cette baisse brutale est liée uniquement à la mauvaise conjoncture économique", poursuit Michel Amar.

Effet placebo

Pour Jean-Luc Gaffard, professeur d’économie à l’université de Nice Sophia Antipolis, deux autres critères entrent en jeu. Tout d’abord, la montée du chômage. "L’accroissement de la précarité influe sur le moral des ménages qui consomment moins", observe-t-il. Autre effet, la hausse des prix de l’immobilier : "Elle affecte le pouvoir d’achat des nouveaux propriétaires et exclut une partie de la population, qui ne peut plus accéder à la propriété." A quoi s’ajoute encore la hausse des prélèvements obligatoires. "Entre août 2002 et décembre 2005, ils auront augmenté d’un milliard et demi d’euros, ce qui représente le double du budget annuel du ministère de l’Ecologie et du développement durable", souligne Valérie Rabault, économiste et membre du CEPAP (le collectif économiste pour l’action politique), créé en 2002 et qui vise à réintroduire l’économie dans le débat politique.

La conjugaison de ces facteurs et d’une inflation plus prononcée sur certains produits a pour effet de diminuer le pouvoir d’achat des consommateurs. Cette "inflation ressentie" n’a donc rien de psychologique, même si le prix de tous les biens et services n’a pas forcément augmenté significativement. Face à cette situation, la baisse de 2% "généreusement" octroyée par les distributeurs fait figure de traitement placebo.

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