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20-05-2010
Mots clés
Consommation
Monde
Chronique

Rien n’empêche de faire plus et mieux que Max Havelaar

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Rien n'empêche de faire plus et mieux que Max Havelaar
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Terra Eco m’a proposé de répondre à l’article de Christian Jacquiau, suite aux débats enflammés qu’il a suscités. Personnellement, je ne souhaite pas mettre d’huile sur le feu, juste donner ma vision et proposer d’utiliser sa critique pour dépasser les limites actuelles réelles du commerce équitable et l’aider à progresser.

Un commerce citoyen qui accepte le débat

Tout d’abord, on doit se féliciter que le commerce équitable fasse autant débat, cela prouve qu’il mobilise toujours, et c’est fondamental car il existe un vrai risque qu’il retombe dans l’oubli et l’indifférence, comme c’était le cas pour plus de 95% de la population française avant que ce type de commerce ne fasse son entrée en grande distribution. Celle-ci a ainsi le mérite d’avoir réellement lancé le débat au niveau national et amorcé le décollage des ventes.

A la différence de la consommation classique, le commerce équitable est un mouvement citoyen. Il doit donc accepter la critique en son sein, et y répondre de manière transparente et constructive. S’il n’y a plus prise en compte des avis critiques, alors ce sera vraiment la fin du commerce équitable.

Un débat pour faire avancer la cause

On doit donc féliciter On doit donc féliciter Monsieur Jacquiau pour sa pugnacité, je pense que sa colère est sincère, l’effet par contre n’est pas très constructif à mon sens. C’est vrai par exemple qu’il n’a jamais visité une coopérative de commerce équitable, (ou alors une ou deux), quand le commerce équitable est par définition une multitude d’initiatives très variées et très complémentaires à travers le monde. Donc il ne sait pas véritablement de quoi il parle, le sujet est très complexe et on ne peut donner une réponse, seul, depuis Paris. Il est à mon sens au commerce équitable ce que Claude Allègre est au réchauffement climatique. A chacun de se faire une opinion.

Le mouvement du commerce équitable a besoin d’être ouvert à la critique mais pour évoluer, s’améliorer tout en restant uni face au marché, ne nous trompons pas de combat. Nous travaillons tous pour une même cause et aller jusqu’à remettre en cause la motivation profonde et sincère des équipes de Max Havelaar, de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes ou du Ministère qui s’est chargé de la mise en place de la Commission nationale du commerce équitable (CNCE) c’est aller beaucoup, beaucoup trop loin. Nous travaillons bien tous pour un même objectif d’amélioration des termes de l’échange pour les petits producteurs marginalisés dans le monde mais les sensibilités sont différentes d’un acteur à l’autre. Sachons nous respecter, c’est la base du commerce équitable !

Ne pas tomber dans la critique de tout

Oui, les standards de Max Havelaar sont souvent insuffisants en terme de prix minimum, de contrôle, de cohérence dans la chaîne de valeur. L’impact de Max Havelaar est encore trop limité à une démarche commerciale et pas assez à une volonté de changer le système, mais cela n’a jamais été la vocation première de l’association, initialement créée pour les acteurs non-spécialisés du commerce et à un moment ou les acteurs spécialisés n’arrivaient pas à émerger. Le Père Francisco Van der Hoff, cofondateur de Max Havelaar, n’a rien d’un anticapitaliste : c’est lui qui a encouragé la coopérative Uciri qu’il a fondée au Mexique, à signer un gros partenariat avec l’enseigne Carrefour…

Si on se place dans une perspective idéologique anticapitaliste, alors en effet allons tout casser : les multinationales, le marché… et Viva la revolución ! Mais c’est un combat politique d’une autre nature ! Dans « commerce équitable », il y a bien le mot commerce, mais pas le mot marxisme. Ne tombons pas dans la critique de tout, c’est trop facile, souvent très loin de la réalité et totalement stérile, alors qu’il faut tenter de construire pour avancer et trouver les complémentarités. Le monde en a trop besoin.

Une critique trop virulente encourage le statu quo

Le commerce équitable ne représente rien : moins de 0,01% des échanges mondiaux. Il faudrait plutôt proposer des solutions pour qu’il se développe et agir, plutôt que s’acharner sur les quelques acteurs qui tentent de le faire exister. Pendant ce temps, les multinationales se gaussent de ces querelles intestines qui ne font que jouer en faveur de leurs intérêts.

N’en déplaise à Monsieur Jacquiau, c’est lui qui participe le mieux au statu quo, via l’opposition du tout contre tout, et par là même à la défense des intérêts des multinationales ou à la frilosité de l’engagement de celles-ci au changement.

Il faut croire que le commerce équitable a réellement le pouvoir de changer le monde et de supplanter le commerce traditionnel à terme, éventuellement progressivement sur plusieurs générations, mais y croire. Et dans ce cas, il faut bien s’attaquer à tous les opérateurs économiques, y compris la grande distribution et les multinationales. Sinon, comment changer le monde ?

Ce n’est pas parce que les standards de Max Havelaar ou la définition de la CNCE sont insuffisants qu’il faut s’y limiter. Rien n’empêche un acteur économique de faire plus et mieux, ce sont juste des standards minimum qui ont le mérite d’exister. Mais on peut aller beaucoup plus loin, en apportant des garanties supplémentaires aux produits, en intégrant différentes composantes interdépendantes au commerce équitable (l’agriculture biologique, la lutte contre le réchauffement climatique, la préservation de la biodiversité…), en apportant plus que Max Havelaar. Max Havelaar n’est qu’une première étape, un bon début, mais il est clair que ce n’est qu’un début. Nous pouvons aller plus loin et c’est à mon sens ce message d’espoir et de confiance dans l’avenir du commerce équitable qu’il faut délivrer.

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Né en 1973 à Reims (Marne), Tristan est diplômé de HEC. Il a fondé Alter Eco en 1998. En 2008 il lance Pur Projet. Tristan vit en Thaïlande près de Chiang Mai depuis 2010 et chronique pour Terra eco depuis 2009.

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