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12-05-2010
Mots clés
Climat
Monde
Interview

James Hansen : « Nous devons fixer un prix au carbone »

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James Hansen : « Nous devons fixer un prix au carbone »
(World Development Movement)
 
De passage à Paris, le climatologue de la Nasa – l'un des premiers à avoir affirmé le lien entre actions humaines et changement climatique – ne mâche pas ses mots. Reçu ce mercredi à l'Assemblée, il a confié à « Terra eco » son ras-le-bol de l'inaction politique.
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Terra eco : Quelle est pour vous la meilleure façon de lutter efficacement contre le réchauffement climatique ?

James Hansen : « Tant que les énergies fossiles resteront les énergies les moins chères, nous continuerons à les brûler. Si elles sont si peu chères aujourd’hui, c’est parce qu’on ne prend pas en compte leur impact sur la société. La pollution de l’air et de l’eau tue près d’un million de personnes par an. Et qui paye la facture ? Le public évidemment. On n’oblige pas les compagnies pétrolières ou charbonnières à vous rembourser si vous êtes affecté par la pollution atmosphérique. Il faut fixer un prix au carbone. Ça n’est que justice. Et cela nous permettrait d’éliminer progressivement le recours aux énergies fossiles dans les prochaines décennies. C’est seulement ainsi que nous pourrons contenir la concentration de carbone dans l’atmosphère à 350 particules par million et que nous éviterons peut-être de franchir certains seuils critiques. Des seuils qui entraîneraient la disparition de la calotte glaciaire et l’extinction des espèces. »

Mais pour que cette taxe soit efficace, il faudrait qu’elle soit mondiale. Pensez-vous vraiment que les gouvernements de tous les pays sont prêts à l’imposer ?

« Aujourd’hui, les hommes politiques essayent de fixer des objectifs de réduction d’émission. Mais ça ne peut pas fonctionner. La Chine, l’Inde n’accepteront pas ces limites alors qu’elles sont en plein développement. En revanche, la Chine pourrait accepter un prix sur le carbone parce qu’elle ne veut pas développer une dépendance vis-à-vis des énergies fossiles, comme c’est le cas aux États-Unis. En fait, ce n’est pas si difficile. Il suffirait que la Chine, l’Europe et les États-Unis se mettent d’accord sur un prix. Ils pourraient ensuite fixer des taxes à l’importation sur les produits fabriqués à partir d’énergies fossiles pour entraîner le reste du monde. Et pour que le public accepte que les prix augmentent, il faut redistribuer un chèque vert. Ceux qui auront une petite empreinte carbone gagneront de l’argent, les autres paieront plus cher. Il n’est pas nécessaire que ça représente un sacrifice. »

Vous pensez donc qu’en tentant d’imposer des limites aux émissions, les gouvernements ne font pas ce qu’il faut ?

« Non. D’ailleurs, la plupart du temps, les mesures qu’ils prennent ne sont rien d’autre que du greenwashing. Prenez l’accord de Kyoto. Avant sa signature, la concentration de CO2 augmentait de 1,5% par an. Depuis la signature, elle augmente de 3%. Tandis que la seule réussite de Copenhague c’est de n’être pas parvenu à un accord sur les marchés d’échange de CO2 qui ne servirait à rien. »

Mais les États peuvent déjà peut-être avancer en interne. Aux États-Unis, Obama essaye de passer sa loi sur le climat par exemple…

« Je ne crois pas qu’Obama comprenne vraiment le problème. On ne peut pas lui en vouloir. Il croit ce que ses conseillers lui disent. Le problème c’est qu’aux États-Unis, la plupart des politiciens qui défendent l’environnement militent pour l’instauration de marchés d’émissions, pour un système de compensation carbone. C’est d’ailleurs ce qu’il y a dans la loi Waxman-Markey. Mais elle ne permettra de réduire les émissions que de quelques pour-cents. Aujourd’hui, les gouvernements sont principalement influencés par les lobbys. La démocratie n’a pas fonctionné comme elle le devrait. Le principe « un homme, un vote » n’est plus valable quand l’argent a tant d’influence. C’est peut-être aux gens maintenant de se mobiliser et de mettre la pression sur les gouvernements. Mais pour ça, il faut qu’ils comprennent quelles sont les bonnes mesures à prendre. Et c’est pour ça que nous, les scientifiques, devons communiquer davantage. »
Sources de cet article

- La vidéo de l’audition d’Hansen à l’Assemblée nationale

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8 commentaires
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  • oui ! on veut encore pénaliser financièrement uniquement les utilisateurs finaux des produits de l’industrie ! braves contribuables !
    une taxe carbone significative doit s’appliquer aux entreprises utilisatrices de gaz, pétrole et autres et ne pas pouvoir être déduite des bénéfices imposables ! donc controle obligtoire par une organisation indépendante des politiques et des entreprises !
    les particuliers n’ont que très peu de pouvoir sinon consommer différemment si cela est possible d’avoir ce choix ! ce qui est un leurre car leurs choix sont imposés par toutes les entreprises qui fabriquent et vendent avec l’aide des publicitaires et des médias !
    voyez ce qu’il en est par exemple des emballages qui sont maintenant de plus en plus volumineux et à 90 % issus du pétrole... Que l’on retrouvent dans la nature et dans les mers...
    quand à la taxe carbone sur les carburants et comburants pour les particuliers les utilisateurs devront donc participer aussi !
    mais cette taxe ne doit pas servir à financer les trous d’un budget en quasi faillite mais exclusivement les efforts pour laisser à nos enfants une planète plus propre et vivable...

    17.05 à 12h32 - Répondre - Alerter
    • Il faut bien voir que les utilisateurs finaux, comme le nom l’indique, représentent la finalité de l’activité économique. Un producteur d’électricité ne le fait pas pour s’amuser, il le fait parceque des particuliers vont acheter cette électricité pour faire marcher pour leur électroménager et leur éclairage, il le fait parce que des industriels en ont besoin pour fabriquer leurs produits qu’ils vont vendre à des utilisateurs FINAUX.
      C’est bien la logique et la signification de la taxe carbone universelle proposée par Hansen, et modestement et en français, par notre association citoyenne taca (taca.asso-web.com) pour que ce prix sur le carbone, mis en amont du processus économique (comme la TIPP sur les carburants) soit répercuté dans les couts de fabrication et se retrouve dans le prix de vente supporté par le consommateur FINAL.
      Il faut un signal prix pour favoriser les produits et services à faible teneur en carbone ; la façon simple de le faire c’est de mettre ce prix sur le carbone.
      Mais, comme le dit tres bien Hansen, il faut que tout cet argent récolté soit redistribué également entre chaque etre humain, comme ça, ceux qui sont les plus modestes financierement, ce sont aussi ceux qui dépensent le moins de carbone, vont recevoir plus chaque année que ce qu’ils vont devoir payer pour cette taxe. Au contraire ceux qui consomment beaucoup vont enfin payer pour la pollution qu’ils émettent, et ce signal prix va les inciter à reduire leur consommation de carbone et ainsi on se donnera une chance de faire ce que les scientifiques nous demandent : reduire nos émissions de CO2 si on veut vraiment éviter le pire du réchauffement climatique.
      Je crains d’avoir été trop long...

      19.05 à 12h21 - Répondre - Alerter
  • MON810 : Plaisir

    Il est rassurant de constater que les mesures préconisées par Monsieur Hansen sont refusés par tous les gouvernements responsables (démocratiques ou non) du monde. Monsieur Hansen sera-t-il capable d’en tirer d’autres conclusions qu’antidémocratiques ?

    14.05 à 23h24 - Répondre - Alerter
  • Justine : Justice

    Hansen : "Il faut fixer un prix au carbone. Ça n’est que justice."

    Si on augmente le prix du pétrole, du gaz ou du charbon, alors ce sont les plus pauvres qui sont touchés. Les plus riches continuent à consommer, car ils ont les moyens de s’offrir une énergie plus chère. Et ça, ce n’est pas justice.
    Une approche basée sur la justice sociale consiste plutôt à aider les pauvres à sortir de la misère, afin qu’ils aient les moyens de s’adapter au changement climatique. Avec de l’argent, on s’adapte.

    13.05 à 23h16 - Répondre - Alerter
  • Les intentions sont bonnes avec James Hansen mais la solution est mauvaise.
    Fixer un prix au carbone, c’est se focaliser sur un seul des multiples problèmes que nous rencontrons (la pollution, la raréfaction des ressources, la crise économique)
    Fixer un prix au carbone n’empêchera pas les multiples populations captives de l’économie carboné d’y échapper (les automobilistes, les habitants de maison mal isolé et mal chauffé) qui subiront la taxe sans pouvoir échapper à leur problème (et ce n’est pas un chéque vert de compensation qui réglera le problème).
    Fixer un prix au carbone dans un seul pays ne règle pas le problème et un prix universel est une illusion

    Non, si on veut s’attaquer à nos problèmes, il faut multiplier les contributions selon le situations de chaque secteur et de chaque groupe, utiliser l’argent récolté pour permettre aux usagers d’investir dans un mode de vie vert, bref, nous rendre acteur et responsable du changement et non subir une taxe de plus.
    je défend ces idées sur mon blog : fiscalité environnementale bonne lecture !

    13.05 à 07h27 - Répondre - Alerter
  • getchoo : Que mon avis...

    Personnellement je ne crois pas à la thèse du CO2 comme responsable du changement climatique. D’un point de vue scientifique, les arguments sont pléthores, mais je fais aussi un simple constat : nous expirons du CO2 ; le CO2 est l’aliment principal des plantes ; ses deux composés sont une source de vie dans l’univers ; le CO2 est en quantité très infime dans l’atmosphère, donc lorsqu’on dit qu’il augmente il faut se rendre compte que cela reste une quantité absolue infinitésimale.

    Je crois beaucoup plus à un dégagement de CO2 du à l’évaporation des océans, en conséquence du changement climatique et non en cause. Quant aux changements climatiques... Et bien oui, le climat change, au gré du chaos atmosphérique, des variations du pôle magnétique, des tempêtes solaires, et de l’activité humaine, sans doute aussi... mais combien ?... et peut-être même à cause de phénomènes dont on n’a pas encore idée etc etc... Alors bien sûr, je rejoins vos propos sur le thème de la réduction (voire l’arrêt) de la consommation de carburants fossiles, la réduction maximale des pollutions en tout genre, bien sûr... Mais à culpabiliser le citoyen lambda en lui faisant croire que le CO2 qu’il expire ou la fumée du bois qu’il brûle dans sa cheminée plombe le climat... Non.

    La faculté du CO2 à se faire quantifier économiquement, et à s’intégrer dans la formule d’un nouvel impôt qui évidemment, telle une nouvelle TVA, touchera de plein fouet les plus démunis, tout en permettant aux plus argentés de continuer à polluer à loisir en allongeant les biftons me fait dégonder. Cela ne mène à rien. Oui bien sûr on peut mettre des choses en place de manière contrainte, répressive, mais il y a toujours la contrebande... On ne devient efficace pour mettre en oeuvre les solutions que lorsqu’on les explique, lorsque le peuple les soutient, qu’il les a comprises et qu’elles sont justes. Qui ignore par exemple que les fonds récoltés lors du fameux lundi de pentecôte travaillé en solidarité avec les personnes âgées va partout SAUF aux personnes âgées. Au final un tel impôt ne fera que tenter d’étancher le trou béant du déficit public, et sans rien faire avancer au niveau écologique. C’est bien la véritable utopie que de croire encore à de telles sornettes : que les pouvoirs en place aurait un quelconque intérêt pour la sauvegarde de l’environnement, ou du moins l’intention (ou même la capacité) de mettre des politiques en place dans ce sens.

    Bref ! Pour changer tout ça, il ne faut surtout pas calculer la solution par rapport au système capitaliste qui par nature est anti-écologiste (productiviste rime assez mal avec écologie vous ne trouvez pas ?).

    Alors... Que ferait-on si le système actuel ne nous empêchait pas de voir la solution ? Vous allez voir, tout devient plus simple.

    Enfin bon, tout ça, ça n’est que mon avis. Salutations.

    12.05 à 23h11 - Répondre - Alerter
    • Le danger n’est plus théorique, il ne sert à rien de discuter de "thèse" sur les effets du co2 ou de savoir qui est coupable. Notre équilibre est clairement menacé et cela est reconnu scientifiquement. Le débat n’est plus là, réveillez vous, notre terre est moins vigoureuse qu’il y a 2 milliards d’années et s’efforce de rester assez fraîche pour permettre la vie malgré les hausses de température de la chaleur du soleil. Il est certain que l’espèce humaine a déjà dépassée les limites et le point de rupture vers un changement global désastreux. Les experts sont unanimement d’accord, le problème est urgent et menace directement nos enfants et petits enfants.
      Il s’agit de réfléchir rapidement comment stopper ce pillage en énergie fossile accumulée depuis des millénaires ; Mr hansen semble cohérent lorsqu’il incite les gouvernements à donner un prix plus élevé pour la production du type d’énergie que nous utilisons le plus ; les combustibles fossiles, pétrole charbon(pour faire de l’électricité..). Ceci afin de réduire l’émission de Co2 et de proposer en remplacement d’autres sources de production énergétique (renouvelable ? nucléaire ?(moins risquée malgré sa mauvaise réputation). Le GIEC participe à la surveillance du climat et alerte la vigilance des états pour agir et arrêter de pomper les réserves et de permettre l’autorégulation de la planète qui a si bien fonctionné jusqu’ici.

      18.05 à 19h50 - Répondre - Alerter
      • pecqror : Il faut consulter.

        "le point de rupture vers un changement global désastreux" quelle est la température du point de rupture ?
        "moins vigoureuse qu’il y a 2 milliards d’années"
        Il y a deux milliards d’année, il n’y avait même pas de vie sur terre.
        De nos jours la paranoïa se guérie très bien. Et il faut arrêter de regarder TF1 et de lire l’abération ou l’immonde.

        27.05 à 19h17 - Répondre - Alerter
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