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30-08-2011
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Chronique

Une réponse écologique à la crise financière

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Une réponse écologique à la crise financière
 
La seule réponse durable à la tourmente financière que nous vivons et la remise en cause des fondamentaux du capitalisme néolibéral est de nature écologiste.
Le Baromètre de cet article
ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Une nouvelle écologie politique fondée sur la reconquête de la souveraineté offre une voie de propositions. Elle nécessite de dépasser le stade actuel de l’écologie politique représentée par le parti Vert, et un réel espoir de changement ici et maintenant. Il faut construire la troisième étape de l’écologie politique.

La crise financière et la crise écologique sont en réalité les manifestations, en l’absence d’une gouvernance mondiale démocratique, de l’abandon, aux marchés financiers, de la souveraineté des Etats, définis comme les représentants et les garants de l’intérêt général.

La dilapidation du patrimoine collectif et des biens publics, la pollution généralisée accompagnée d’une destruction des ressources nécessaires à notre propre vie, la remise en cause des progrès de la santé humaine par notre mode de vie et de consommation viennent de la mainmise de très grands intérêts économiques sur les choix collectifs.

De la même manière, la dette publique – dont les modalités de calcul imposées par système financier est absurde s’agissant d’Etats – s’est creusée en raison de la liberté sans limite donnée au même système financier. Qu’il s’agisse de finances ou de ressources naturelles, la régulation par un système en capacité de défendre l’intérêt général est un impératif.

Force est de constater que l’incapacité des Etats à reprendre la main traduit en réalité leur incapacité à trouver les moyens de défendre ce qu’ils ont en commun. Les principes de base de l’écologie politique consistent précisément à se donner les moyens de préserver les ressources communes et à les gérer au mieux pour les générations présentes et futures. Or, par ressources communes, il faut entendre non seulement les ressources naturelles mêlées également des biens publics au sens large du terme dans lesquels figurent la monnaie et plus généralement tout ce qui permet le bon fonctionnement de l’économie.

Les deux sujets ne doivent donc pas être séparés puisqu’en réalité il s’agit du même problème dont l’origine et la solution sont communes. Elle se trouve dans la souveraineté écologique menant à une gouvernance démocratique ; elle conduit à la capacité redonnée aux citoyens d’être les maîtres de leur destin et non d’être victimes des erreurs et des malversations commises par d’autres. Elle se trouve dans le rejet des a priori idéologiques habituel (néolibéralisme ou altermondialisme) dont la conséquence est de rendre impossible le choix d’une solution viable.

- Le néolibéralisme avec la brutalité et la cupidité qui l’ont accompagné nous a amené à l’abîme. La souveraineté écologiste appelle la reprise en main par les gouvernants du cours des choses à partir d’un objectif et d’un chemin : la bonne gestion de l’ensemble des ressources de la planète en s’assurant que les conduites de court terme soient en cohérence avec le souhaitable commun. Retarder l’échéance, c’est s’enfoncer dans cette abîme.

- Les solutions altermondialistes, qui se situent dans une rupture complète, ne peuvent davantage y répondre, car elles ne tiennent pas ensemble les fins et les moyens.

Nous avons l’ardente obligation de rassembler tous ceux qui ne se reconnaissent, ni dans la pose de rustines au néolibéralisme, ni dans la dénonciation incantatoire. La gravité de la situation et sa profonde nouveauté, par rapport aux crises que nous avons connues jusqu’ici, impose des solutions originales qui par définition n’ont pas de précédent.

Pour innover, il convient de faire abstraction de classifications pré établies pour se définir par rapport à des objectifs, des moyens et des règles de morale communes. Ni l’impasse sur les réalités économiques et financières ni un « yaka-focon », d’autant plus immature que la situation s’aggrave, ne sont des options possibles.

Les analyses de l’écologie politique sont justes ; les solutions existent. Pour autant, si la force d’évidence des analyses et solutions n’est pas au rendez-vous, les écologistes en portent leur part de responsabilité.

Dans notre histoire, il y eut le temps des fondateurs, des visionnaires et des précurseurs coexistant avec celui de l’utopie généreuse, préemptée par un gauchisme propagandiste et peu soucieux d’avancées concrètes comme des analyses écologiques du départ.

Le deuxième temps fut celui des participations gouvernementales auxquelles j’ai personnellement apporté ma contribution. Les écologistes étaient confinés à une tâche purement technique, celle de gérer l’environnement, laissant ainsi la part belle à une contestation croissante à la mesure de l’impuissance relative des ministres de l’environnement. Ajoutons au passage que les titulaires des mêmes postes, inféodés à la logique du marché, se sont souvent pour leur part contentés de gesticulations et de communication.

Des avancées loin du compte car, à la marge du système, ont été obtenues et des ouvertures électorales comme celles de Daniel Cohn-Bendit aux européennes ont porté leurs fruits.

Quoi qu’il en soit, le troisième temps est venu. Le propagandisme, comme du reste l’indignation, ne répondent pas à l’urgence des problèmes et surtout à la capacité de cette nouvelle manière de voir le monde à offrir des solutions adaptées.

Cette nouvelle écologie politique, parce qu’elle dépasse une vision punitive, anachronique ou irréaliste est aujourd’hui la seule construction politique qui apporte des solutions, se projette dans le futur et parie sur le long terme comme sur ce que nous avons tous en commun. La souveraineté écologiste fixe un cap commun porteur d’espoir : elle a l’obligation de réussir le pari consistant à convaincre que les voies de la transition existent. Le moment présidentiel par définition est celui du projet phare pour notre pays et de ses propositions dans le monde.

Des initiatives seront prises pour réunir, bien au-delà de la sphère politique, toutes celles et ceux qui ont décidé de faire et non pas de subir, de retrouver l’équilibre de notre devise républicaine entre l’égalité, la liberté et la fraternité et de refuser de transiger sur ce qui est notre bien commun.

[Tribune publiée sur Le Monde]

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Avocate, ancien Ministre de l’Environnement, Présidente de Cap21.

5 commentaires
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  • Je comprends l’analyse faite de l’existant.
    Je vois la liste des problématiques à affronter.
    Je perçois le volontarisme : il faut aller de l’avant... faire des choses...

    Mais quoi, concrètement ?

    Je ne vois pas la vision à long terme (régionale et mondiale) pour ce qui concerne les niveaux de populations, la structure des villes, la gestion des mégapoles, la vision en termes de consommation par tête d’énergie et de matières premières, le type de relation avec le monde vivant sauvage et la place qu’on leur laisse ou non,...

    Je ne vois pas non plus comment mettre en oeuvre ladite vision, une fois qu’elle aurait été partagée par tous les pays du monde, des plus pauvres aux plus riches : par quel bout prendre les problèmes dont tout le monde est conscient mais qui sont évacués dans le déni. Ou combatus par la cupidité et l’inconscience.

    Ces analyses ont déjà été faites voici soixante ans par des auteurs Américains.
    Sans aucun effet.

    Honnêtement, il me semble que l’humanité devra aller dans le mur avant de vouloir le voir.
    Et dans cette affaire, la démocratie ne nous aidera pas à sortir de l’ornière... en effet, elle est source de tant de diversité !

    Néanmoins, je salue les efforts déployés, qui doivent être encouragés.

    12.09 à 00h48 - Répondre - Alerter
  • Comme toujours au lieu de regarder la lune on regarde le bout du doigt qui la désigne. Corine Lepage a parfaitement raison d’indiquer que le moment de l’Ecologie Politique est désormais arrivé et que les écologistes ont vocation à apporter leurs propres réponses à la crise financière et au delà à la crise du pacte social et républicain. Non pas en proposant des rustines sur tel ou tel modèle de société aujourd’hui dépassé par des contradictions auto-générées mais en posant les bases effectives d’une "souveraineté retrouvée des états" devant la marée de la mondialisation financière et bancaire qui submerge tout comme le font les algues vertes en Bretagne.
    La lucidité c’est bien aujourd’hui de ne plus accepter de se laisser embarquer dans les faux débats que nous imposent tant de "politiques installés" et de "médias complices". L’heure est au véritable rassemblement des écologistes non pour grappiller ici ou là quelques miettes de pouvoir mais pour effectivement faire entrer dans les faits la mise en oeuvre de solutions qui prennent en compte les réalités actuelles et surtout celles qui nous pendent au nez. La démographie et le vieillissement des populations : quelles actions sur le long terme ? L’eau ? Les services publics ? La reconquête de la ruralité ? Le programme de sortie progressive du nucléaire et des énergies fossiles ? Tout cela dit en vrac constitue tout de même autant de questions à poser d’un point de vue politique - gestion de la vie de la cité donc de l’intérêt général - dont les réponses ne peuvent être apportées que par des Etats à la souveraineté retrouvée. Corine Lepage n’a peut-être pas "LA SOLUTION", d’autres ont surement à dire. En tout cas elle indique une voie pour y mener, elle mérite d’être soutenue
    Bernard FRAU
    Délégué Général
    Humanisme-Ecologie-République

    1er.09 à 12h59 - Répondre - Alerter
  • Non pas du tout d’accord avec vous Coutouly. L’article de Mme. Lepage n’est pas lucide du tout. Et surtout pour une personne qui a défendu toute la Bretagne contre la marée noire. Mme.Lepage est bien la première personne informée en France de la puissance des compagnies pétrolières et tout ce qu’elle nous sort comme pensée personnelle c’est "qu’il y a une réponse écologique à la crise financière" ! Evidemment c’est juste. Evidemment nous partageons presque tous cette idée,... jusqu’au moment ou il va bien falloir les affronter ces compagnies pétrolières ! Même le report des subventions qui vont au pétrole aux Etats Unis n’a pas été possible ni après la conférence de Copenhague, ni après la marée noire du golf du Mexique. C’est dire à quel point le cartel des pétroles est fortement implanté dans toutes les courroies de décision aux USA. L’Alberta au Canada, les gaz de schistes partout ailleurs dans le monde sont des affaires de pétrole. La Lybie, l’embrasement du Moyen Orient, l’Afrique encore des affaires de pétrole. Toute la campagne electorale pue le petrole et on nous sert comme apéritif avec toute la fadeur qui l’accompagne que les pollueurs seront les payeurs. Vous savez bien que c’est faux, que les eaux qui servent au gaz de schistes ne sont pas nettoyées ; que Texaco condamné en Equateur a contesté les amendes qui lui sont imputées, que Total ne paye pas d’impôt dans son pays d’origine, que Shell est enlisé dans la pollution du golf du Niger.

    1er.09 à 09h59 - Répondre - Alerter
  • L’analyse de Mme LEPAGE a effectivement pas mal de sens. Je lui trouve un gros défaut, c’est celui de balayer en deux lignes les altermondialistes. C’est oublier trop vite le laboratoire d’idée et les essais lancés par des groupes se réclamant de cette alternative. Même si toutes leurs expériences n’ont pas réussi ou si leurs idées n’ont pas encore été toutes testées ; en tant qu’ancien chercheur je dirais même d’autant plus, car il y a plus d’enseignements à tirer d’une expérience qui rate que d’une qui réussi trop bien.
    Les mouvements des permalieux, les villes en transition, les colibris de Pierre RABHI, sont des laboratoires qui produisent des résultats maintenant et un peu partout sur le globe. Les "solutions locales" recensées par Coline SERREAU dans son film, sont bien concrètes et on leurs parts de réussites. Il serait stupide d’essayer de réinventer "l’eau chaude" sous prétexte d’innover à tout prix. Côté "décroissants", il y a beaucoup de réservoirs d’idées qui tentent d’apporter des réponses originales en suivant des valeurs bien plus respectueuses du bien commun qu’est notre Terre Mère. Il ne faut pas oublier non plus les notions de "bien vivre" qui commencent à devenir les lignes directrices de certains états d’Amérique Latine...

    Il reste que la démarche proposée dans l’article est intéressante. Parce qu’elle s’appuie d’une part sur un constat de ce qui ne marche pas (dommage que le "pourquoi" soit mal traité sur la voie Altermondialiste) et d’autre part sur un recensement des nouvelles valeurs que l’on veut mettre en avant pour le futur. Je pense, toutefois, qu’il faut intercaler dans cette démarche, avant l’étape d’innovation, un état de "ce qui a marché" en cherchant quelles étaient les conditions du succès pour être à même de l’appliquer à nouveau, tout de suite, là où les conditions requises sont réunies.

    J’attends à présent de Mme LEPAGE, du concret qui applique sa méthode. Souvent les actes sont, par la réalité du terrain, un peu différents de la théorie. Mais si les bases, les valeurs, sont bonnes, cela peut donner des résultats plus solides.
    Pour l’instant, de mon côté, je participe (modestement) au mouvement des colibris, j’essaie de faire "ma part".

    31.08 à 08h35 - Répondre - Alerter
  • Merci Mme Lepage pour cette analyse lucide à la fois de la situation et de l’évolution du mouvement écologique dans son ensemble. Il faut maintenant trouver et proposer des solutions concrètes, applicables et pertinente à l’entrecroisement des crises écologiques et économiques. Sur mon site,innovation politique, fiscalité environnementale, je cherche et réfléchis dans ce sens.

    30.08 à 19h37 - Répondre - Alerter
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