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Une ville belge veut forcer les supermarchés à ne plus gaspiller. Et en France ?

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Une ville belge veut forcer les supermarchés à ne plus gaspiller. Et en France ?
(Crédit photo : CJ Sorg - flickr )
 
La commune de Namur essaie d'obliger les grandes surfaces à redistribuer les invendus. Une solution casse-tête, impossible à appliquer en France.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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« Qui jette un œuf, jette un bœuf. » C’est le slogan de la campagne de sensibilisation lancée en France par le ministère de l’Agriculture, le 22 janvier. Deux jours plus tard, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) se lançait dans la bataille, sous l’étendard « think, eat, save » (pensez, mangez, préservez).

La lutte contre le gaspillage se mène à coups de pancartes, de slogans, de débats, de bons conseils distribués dans les cantines. Alors à part les slogans, y a-t-il plus concret ?

Donnez-nous ce concombre biscornu !

Nos voisins belges, eux, ont trouvé la solution. Remonter à la source de la chaîne alimentaire et tuer le poussin dans l’œuf. Fin janvier, le conseiller municipal socialiste Fabian Martin de la ville de Namur (Wallonie) a proposé un décret, au niveau municipal, pour obliger les grandes surfaces à donner leur surplus alimentaire aux associations d’aide aux démunis, comme les Restos du cœur.

« Un concombre biscornu ne sera jamais vendu. Une boîte de conserve, si elle est toujours en rayon au bout de trois mois, elle est retirée, car ça ne fait bonne image, constate Fabian Martin. Et en contre-partie, les Restos du cœur de Namur n’ont pas reçu un seul légume depuis trois semaines. » L’objectif, avec cette législation, serait de redistribuer les produits approchant la date de péremption ou dont l’emballage est abîmé.

La proposition de l’élu socialiste a fait l’unanimité, même chez les opposants. A droite, Alain Detry, (du Mouvement réformateur), responsable de l’environnement au niveau local, voit le projet d’un bon œil, même s’il « attend qu’un groupe de travail soit constitué afin d’examiner les différentes facettes de cette proposition ».

Le casse-tête du fondement juridique

Parce qu’aussi séduisant qu’il paraît, le projet ne repose sur que sur des bases juridiques fragiles. En France, comme en Belgique ou ailleurs, « s’il existe des partenariats avec des enseignes, pour collecter les invendus, rien n’oblige les grandes surfaces à les donner », explique une porte-parole des Restos du cœur. Nos voisins de Namur se reposent sur une spécialité belge : le permis d’environnement.

En somme, il s’agit d’un document qui a pour objectif de simplifier et d’harmoniser l’administration en matière d’environnement et qui pose les conditions d’exploitation à une entreprise. Telle ou telle compagnie devra se soumettre aux règles du jeu imposées. Olivier Cappellin est conseiller en environnement à l’Union wallonne des entreprises. Il explique qu’en Belgique, « c’est l’administration communale - la municipalité - qui octroie ou refuse ces permis d’environnement ».

Mais on parle environnement. Pas social. L’astuce a déjà été dégotée par la ville de Herstal, près de Liège. Philippe Dosogne, conseiller en environnement de la commune, explique qu’en effet, « le décret wallon du 11 mars 1999 relatif au permis d’environnement a notamment pour objectif de contribuer à la gestion rationnelle des déchets. En l’occurrence, il s’agit pour l’exploitant de respecter une hiérarchie dans le traitement de ses déchets ». En gros, donner les surplus alimentaires avant de les jeter. Le conseiller avoue que derrière la législation environnementale, « les conséquences sociales de cette décision sont évidentes ».

Fabian Martin le reconnaît lui-même, « c’est du plâtre sur une jambe de bois, mais mais nous n’avons pas d’autres solutions que d’agir localement ». N’empêche que depuis, six communes ont déposé un texte à leur tour. En France, difficile de calculer combien de tonnes de nourriture sont jetées chaque année par la grande distribution. Les dons des supermarchés à la Croix Rouge représentent déjà un tiers des stocks distribués par l’association. Un seuil qui pourrait grimper à 50% ou 60%, selon ses dirigeants. Mais la France ne dispose pas de permis d’environnement, il est donc impossible qu’une commune française imite cette initiative venue d’outre-Quiévrain.

Risque sanitaire, zéro excuse

N’allons pas penser par ailleurs que chaque grande surface du Plat pays donnera ses invendus, on en est loin. Il y a un an, un groupe parlementaire s’est formé en Wallonie pour constituer un décret régional qui imposerait la donation. Pour Peter Vandenberghe, porte-parole du Comeos, Fédération du commerce et des services, qui regroupe 18 secteurs, « on ne voit vraiment pas pour le moment sur quelle base juridique il est possible de rendre cette action obligatoire ».

Sans compter les doutes sur la mise en pratique. Surtout au niveau des risques d’hygiène dans la gestion des stocks en fonction de la péremption. « Nous ne savons pas comment faire au niveau de la sécurité sanitaire. Nous refusons qu’un bénéficiaire de la banque alimentaire soit moins protégé qu’un client de supermarché. Qu’appeler un surplus ? À partir de combien de jours avant la date de péremption peut-on le donner ? Jusqu’à quel point de dégradation peut-on consommer un produit ? »

De fausses questions, répond Fabian Martin. Si les règles d’hygiène sont extrêmement strictes dans la grande distribution, « les Restos du cœur, par exemple, font régulièrement des collectes dans certains magasins. Ils respectent les normes sanitaires, la chaîne du froid, etc. Pourquoi, quand le don est obligatoire, ne saurions-nous soudainement plus respecter les règles d’hygiène ? », s’étonne l’élu.

« Nous distribuons déjà l’équivalent de deux millions de repas par an », se défend Peter Vandenberghe à qui penserait que les enseignes ne veulent pas mettre la main à la pâte. De là à être soumis à une quelconque obligation, les entrepreneurs sont réticents. Et la loi, pour l’instant, est de leur côté.

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Née au bout de la Loire, un pied dans l’Atlantique, l’autre embourbé dans la terre, elle s’intéresse aux piafs et aux hortensias, observe ses voisins paysans et leurs élevages bovins. Elle enrage devant les marées noires. Licenciée en lettres, elle sort diplômée de l’Institut pratique du journalisme de Paris en avril 2012. Elle scrute les passerelles qui lient les hommes à leurs terres. Parce que raconter la planète, c’est écrire au-delà des pommes bio et du recyclage de papier.

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