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15-05-2013
Mots clés
Economie
Europe
Interview

Creusement des inégalités : « On est passé trop vite de la relance à l’austérité »

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Creusement des inégalités : « On est passé trop vite de la relance à l'austérité »
(Crédit photo : Marco Mayer - flickr)
 
Le nouveau rapport de l'OCDE l'atteste, les inégalités ont continué de se creuser en début de crise. Mais le tableau suivant risque d'être encore plus sombre, explique Guillaume Allègre, économiste à l'OFCE.
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Des inégalités qui, toujours, se creusent. C’est la conclusion du rapport de l’OCDE, l’Organisation de coopération et de développement économiques, publié ce mercredi.

Dans toute la zone, le revenu des 10% d’individus les plus riches était, en 2010, 9,5 fois supérieur aux 10% les plus pauvres (le rapport était de 1 à 9 en 2007). Et ce n’est pas fini. Car jusqu’en 2010, les plans de relance et leur cortège de prestations sociales et de réformes fiscales ont amorti le choc dans de nombreux pays. A l’heure où toute l’Europe s’est mise au diapason de l’austérité, les chiffres à venir pourraient être plus alarmants, souligne Guillaume Allègre, économiste au département des études de l’Observatoire français des conjonctures économiques.

Terra eco : Pouvez-vous nous décrypter le tableau dressé par l’OCDE ?

Guillaume Allègre : Il y a eu une très forte augmentation des inégalités dans les années 1980 jusqu’à la crise. Entre 2008 et 2010, l’augmentation s’est poursuivie mais de façon moins forte et elle n’a pas paradoxalement les mêmes causes. Avant la crise, le creusement des écarts était dû à une diminution de la progressivité et de la redistribution des systèmes fiscaux et sociaux dans la plupart des pays. Il était aussi lié à une constante augmentation des revenus parmi les salariés. Depuis 2008 en revanche, c’est la croissance du chômage qui entraîne une hausse des inégalités. Les systèmes sociaux-fiscaux sont à l’inverse un poil plus progressifs, ce qui a permis de freiner l’augmentation des inégalités. Mais attention c’est un effet de court terme, lié au début de la crise. Dans la plupart des pays, on a lancé des plans de relance, les dépenses sociales ont augmenté en même temps que le chômage, on a versé des prestations extraordinaires. Mais ça ne s’est pas poursuivi. Or les données de l’OCDE s’arrêtent à 2010.

Cela veut-il dire que le creusement des écarts enregistré va à nouveau s’accélérer ?

Oui, on peut anticiper cela pour la période 2011-2012. Prenez l’effet du chômage, il va s’accroître parce qu’après deux ans de crise, beaucoup de gens commencent à ne plus être indemnisés. On sait bien que le chômage longue durée a fortement progressé. Par ailleurs, les Etats ont entamé un assainissement de leur budget. Résultat : l’effet des plans de relance sur les chiffres des inégalités va s’atténuer. Dans certains pays qui s’attaquent à leur protection sociale, on va même voir l’effet inverse.

Ce n’est pas le cas de la France…

Non, pour le moment en France, les mesures d’austérité touchent davantage les plus riches proportionnellement. En France, les inégalités sont principalement dues au fait qu’il y a d’un côté des gens encore en emploi avec des revenus d’activité qui n’ont globalement pas bougé et de l’autre des chômeurs qui ne sont plus indemnisés. C’est le cas de la moitié des 10% de chômeurs. Ceux-là dépendent désormais de leur famille et des aides sociales. Parmi eux, il y a beaucoup de jeunes, de familles qui doivent continuer d’accueillir ces jeunes et basculent dans la pauvreté.

Certains pays sont quand même moins touchés par les inégalités. C’est le cas de l’Allemagne…

L’Allemagne, dès le début de la crise, a créé beaucoup de chômage partiel, elle a su mieux partager le travail qu’en France. Mais surtout en Allemagne, les inégalités ne datent pas de la crise. Avant elle, les réformes Hartz et la création de mini-jobs (petits boulots, qui dispensaient l’Etat du versement de prestations sociales, ndlr) avaient déjà fortement creusé les écarts. Ceux-là ont donc proportionnellement moins augmenté pendant la crise.

Dans un communiqué, le secrétaire de l’OCDE, Angel Gurria a rappelé « la nécessité impérieuse de protéger les citoyens les plus vulnérables »… Qu’en pensez-vous ?

Oui, il faut laisser le système de protection jouer son rôle. Si on suivait à la lettre les leçons d’économie, on aurait toutes les raisons, pendant les crises, d’augmenter la générosité de l’Etat notamment en termes d’allocation chômage. C’est ainsi que l’on peut freiner la spirale récessive : le chômage augmente, l’épargne de précaution baisse, les gens consomment moins donc la demande aux entreprises baisse et le chômage augmente. Il faut partager le travail via le chômage partiel ou quand ce n’est pas possible en maintenant le système d’allocations chômage. Sauf qu’évidemment le chômage a fait augmenter le déficit et la dette. Alors ce dont on a besoin, c’est d’une Banque centrale qui garantisse que l’Etat ne soit pas attaqué sur ce front.

Elle n’a donc pas joué son rôle selon vous ?

Elle a cru que si elle ne disait pas aux Etats de réduire leurs dépenses tout de suite, ils ne le feraient pas. On est passé trop vite de la relance à l’austérité. On a loupé la deuxième étape, celle pendant laquelle on fait fonctionner à plein les stabilisateurs automatiques (allocations chômage, impôt sur le revenu progressif) jusqu’à ce que la croissance reparte et que le chômage diminue. Aujourd’hui, il faut revenir à cette étape. Or, la Commission a accordé récemment un délai pour revenir en dessous des 3% de PIB de déficit public, c’est une bonne chose. Il faut maintenant que la prochaine loi des finances valide ce chemin là.

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